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Assurances et objets connectés (1) : un cercle vertueux ?

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Published : November 24th, 2014
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Certains s'en inquiètent, d'autres s'en réjouissent, et que nous en ayons conscience ou non, la chose est certaine : le big data fait désormais partie intégrante de notre quotidien. Si aujourd'hui l'importance stratégique de l'information (collectée, traitée puis exploitée) tient moins du scoop que du lieu commun, le marché encore jeune des objets connectés ouvre des perspectives qu'on aurait tort de sous-estimer.

 

 

Des moyens encore sous-exploités

 

Des montres intelligentes de Nike ou Apple aux installations domotiques de Nest en passant par la ceinture cardio de Wahoo Fitness, les passerelles ne manquent pas entre l'intérêt bien compris de l'utilisateur et celui des entreprises suffisamment visionnaires pour en tirer parti. De fait, jamais la technologie n'a aussi bien répondu aux attentes de l'individu et, du même coup, aux besoins des entreprises souhaitant se rapprocher de leurs clients ou de leurs salariés.

 

Un exemple souvent cité est celui des salariés de Yahoo! qui se sont vus distribuer des bracelets Jawbone, capteurs d'activité connectés permettant à l'utilisateur d'améliorer son quotidien, par exemple en dormant mieux et en bougeant plus. Mais c'est dans le secteur de l'assurance que les objets connectés sont le plus sollicités, tandis que se développent des offres basées sur le comportement réel de l'assuré – par opposition aux offres classiques reposant sur un système de segmentation pondéré par des bonus-malus.

 

Cette approche dite usage-based n'est pas encore tout à fait intégrée au modèle économique des compagnies d'assurance. L'offre Vitality, créée par le sud-africain Discovery, prévoit par exemple des avantages commerciaux pour les assurés utilisant les objets connectés de fitness, la prime restant quant à elle calculée de manière « traditionnelle ». Plus timidement, en France, AXA a lancé cet été un jeu concours permettant aux 1 000 premiers souscripteurs de sa complémentaire santé Modulango de gagner jusqu'à 100 euros de médecine douce et 20% de remise sur le site de la marque Withings (fabricant du podomètre Pulse utilisé par les participants) s'ils faisaient au moins 10 000 pas chaque jour sur un mois.

 

 

Les assurances en première ligne

 

Le quantified self représente pourtant un enjeu stratégique. En 2009 déjà, le transporteur britannique Sullivan Buses faisait baisser sa prime d'assurance grâce à la télématique Greenroad, qui avait réduit de 53% les manœuvres à haut risque. Scénario impossible en France, où la CNIL restreint le champ des données exploitables au kilométrage du véhicule (Amaguiz.com propose ainsi un tarif à partir de 0,01 €/km et 9,90 €/mois), mais bientôt banal aux États-Unis, où les offres « pay as you drive » tiennent compte du comportement effectif du conducteur (freinages brusques, accélérations, horaires...).

 

Une fois n'est pas coutume, ce sont les assureurs qui expliquent le mieux leur intérêt pour les objets connectés. Le secteur de l'assurance a en effet ceci de particulier que l'augmentation des marges (autrement dit la baisse du ratio sinistres/primes) intéresse aussi bien l'assuré que l'assureur, ce dernier ajustant les primes de ses clients pour influer sur leur comportement. Quand le PDG d'AXA Nicolas Moreau justifie l'offre « pay as you drive » par l'urgence de réduire l'écart entre les 5% de jeunes conducteurs et les 25% d'accidents dans lesquels ils sont impliqués, il omet certes de préciser la nature de leur implication (responsables ou victimes ?), et on peut s'étonner qu'il ne compare pas plutôt le total des primes versées par les jeunes conducteurs au total des indemnités versées aux jeunes conducteurs responsables d'un accident routier. Mais le raisonnement est clair : les objets connectés permettent aux assurés de changer leur habitudes et ainsi de réduire les risques, ce qui entraine une réduction des coûts pour l’assureur et un ajustement des primes à la baisse, créant ainsi un cercle vertueux liant les bénéfices des compagnies d’assurance aux économies de leurs clients.

 

Pour définir cette approche centrée sur la modification du comportement et non plus seulement sur l’incitation, Guillaume Sarkozy, délégué général de Malakoff Médéric, a cru bon d'employer le terme « co-actif ». Un choix malheureux, le mot composé évoquant moins l'action concertée que l'usage de la contrainte (coaction). De quoi conforter les moins enthousiastes dans leurs inquiétudes qui, nous le verrons dans le prochain article, ne sont pas dénuées de fondements.

 

 

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