Athènes : Recevoir les Dieux (avec de l’argent emprunté)

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From the Archives : Originally published March 02nd, 2010
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Category : History of Gold





L’Athènes antique, bien que dépendante d’une large classe d’esclaves est devenue une et possédait quelques unes des caractéristiques d’un état démocratique moderne. Elle a été le berceau de la philosophie moderne, de la culture et des systèmes de gouvernement. Elle a également été un puissant moteur créatif dans tout le monde méditerranéen antique, qui embrassait ses changements et ses idées.


Elle était en contraste frappant avec la civilisation contemporaine, un peu plus ancienne cela dit, de Sparte. D’une certaine manière, les deux étaient en quelque sorte les précurseurs de la confrontation entre le capitalisme moderne et le communisme –une culture dynamique et créative et, en parallèle, un voisin austère ayant tendance à favoriser les approches collectives, les institutions figées et le traitement sévère des individus contestataires.


Athènes développait les technologies maritimes et construisait sa richesse sur le négoce. Son empire, fondé sur un mélange de coercition et de commerce, s’étendait sur toutes les régions côtières de l’est de la Méditerranée et sur le plan militaire, elle était à la pointe de la technique de ce temps-là, c'est-à-dire de la puissance navale. Sparte possédait la plus puissante armée.


Athènes avait de plus la chance de posséder des mines d’argent très productives et un gouvernement suffisamment progressiste, capable de ramener vers le noyau central athénien une partie de ses revenus annuels extraits sur l’empire – et ceci surtout pour la défense. Grâce au commerce, aux mines d’argent et aux impôts, sa richesse devint phénoménale.


Elle dépensait son argent de deux manières principales. La première était de se chamailler, ce qui avait tendance à se terminer par une guerre, notablement avec la Perse et, plus tard, avec Sparte. Et comme dans la plupart des disputes, il était habituel pour les deux opposants d’en sortir plus affaibli. Or, comme il existait de nombreux proto-empires dans la région, le résultat typique de n’importe quelle querelle de taille était la relégation des deux combattants à un statut d’empire de seconde classe. Il est certain que les coûts de guerre et de défense étaient les postes majeurs et réguliers des dépenses de l’Etat.


La seconde manière: nous sommes suffisamment chanceux de pouvoir encore les admirer. Les énormes richesses athéniennes du 5ème siècle avant notre ère été dépensées dans la construction des plus grands bâtiments de l’époque. Il n’existait pas de pression politique en faveur des systèmes d’aides sociales à cette époque ou de l’Etat providence et les excédents budgétaires étaient dépensés dans les projets  d’architecture publique. L’objectif n’était rien de moins que de loger les Dieux dont les temples et lieux de culte anciens avaient été détruits par les Perses en 480 avant JC. C’est grâce à cela que nous pouvons aujourd’hui admirer le Parthénon et les autres grandes constructions de l’Acropolis.


Elles n’ont pas été bon marché et, même à cette époque, leur degré d’extravagance a déclenché une critique politique considérable.


La personne qui présidait la reconstruction fut Périclès. C’était un politicien de seconde génération, le fils de Xanthippe, lui-même moyennement important. Périclès était le maître dans l’art de manipuler les sentiments populaires – ce que l’on appellerait aujourd’hui une « grande figure de la communication » et il a vécu au moment où ces qualités ont pu être utilisées sérieusement pour la première fois, afin de conduire la jeune démocratie d’Athènes dans des directions particulières.


Bien qu’étant lui-même  incapable d’inclure son alliée d’alors, Sparte, dans ses plans, il a réussi à engendrer un soutien populaire suffisamment fort parmi ses alliances athéniennes immédiates pour financer son programme ambitieux de constructions, mais il a du recourir à la démagogie et même à des exhortations religieuses pour y parvenir. En effet, il se peut même qu’il ait opéré avec ce que l’on pourrait considérer comme un programme de stimulation économique pour Athènes et il a été accusé par la suite de précisément ceci par l’une des deux principales sources d’informations biographiques le concernant. [Plutarque]


De toute manière, il dépensait l’argent et continuait à être impliqué dans des disputes militaires occasionnelles. Il mena une campagne longue et coûteuse pour récupérer Samos qui avait été une cité alliée mais s’était révoltée en 440 avant JC.  La campagne fut finalement victorieuse mais elle fit un tort considérable aux alliances stratégiques athéniennes, Sparte allant jusqu’à pousser l’amitié avec Athènes en se gardant d’intervenir.


La politique générale de Périclès était une politique de fermeté couplée à une manipulation adroite de la position diplomatique pour maintenir Athènes techniquement parlant dans le droit. Il détecta une guerre latente qui n’aurait jamais pu avoir lieu si ce n’est en raison de la pression diplomatique  croissante sur des questions clefs commerciales, en particulier concernant la région de Mégara, stratégiquement importante pour l’approvisionnement en nourriture et dont le commerce faisait l’objet d’un embargo stratégique substantiel de la part d’Athènes. Après une coercition militaire, la plus grande partie de Mégara fut placée sous « assistance défensive » d’Athènes. Cet expansionnisme transparent ne fut pas vu d’un bon œil par Sparte.


Bien qu’il considère la guerre comme étant inévitable bien avant qu’elle n’éclate et bien qu’il ait pris des dispositions pour la financer, Périclès avait sous-estimé sa durée et son coût. La guerre du Péloponnèse a finalement éclaté en 429 avant JC et a duré 27 ans. Il n’en vit pas grand’chose, mourant la seconde année d’une épidémie qui décima une grande partie de la population.


Les conséquences monétaires de cette guerre se matérialisèrent lentement car à son début, Athènes était riche de l’or et l’argent qui circulaient alors comme monnaie. Ces importantes ressources métalliques étaient utilisées pour payer les garnisons de soldats en territoire étranger et leurs achats auprès des populations étrangères exigeant des monnaies-marchandises plutôt que la monnaie fiduciaire athénienne qui ne possédait aucune valeur évidente malgré sa garantie gouvernementale.


En 407 avant JC, la réserve de métal était plus ou moins vide et la monnaie domestique athénienne dût être dévaluée –en incorporant des montants significatifs de cuivre. On lui assigna une valeur nominale bien au-dessus de la valeur du métal, qui comprenait un modeste montant d’or. Elle fut dévaluée une autre fois en 405 avant JC et remplacée par des disques de cuivre surévalués qui circulaient parallèlement aux pièces plus anciennes d’or et d’argent, parce qu’à ce stade là, l’Etat avait toujours la confiance monétaire de la population.


Mais un an après la dévaluation, la guerre qui avait duré 27 ans fut finalement perdue. L’incapacité des Athéniens à régler leurs achats de fournitures aux populations occupées avec une monnaie acceptée de leur part ou bien d’offrir un avantage financier à leurs alliés a contribué à cette issue. Le résultat fut la disparition totale de la valeur de la monnaie, qui les trois dernières années était constituée de ronds de cuivre sans aucune valeur et dont la quantité augmentait de façon croissante, alors que la véritable monnaie s’épuisait.


Les Athéniens s’étaient peut-être alors habitués à utiliser une monnaie fiduciaire. Durant les 50 années qui suivirent la fin de la guerre du Péloponnèse un Etat assez stable permit la réapparition des disques de cuivre comme monnaie et ceux-ci étaient même officiellement convertibles en argent. Ce fut peut-être la période d’apogée de la culture grecque antique, la période de Démosthène, Socrate, Platon et Aristote.


L’effet probable de ces guerres prolongées fut l’appauvrissement de l’Etat et après ces 50 années qui suivirent de prospérité –une période de monnaie fiduciaire mais néanmoins jouissant d’une certaine confiance- la domination politique et militaire d’Athènes sur la région prit fin. Il existait un peuple grossier et « prêt à l’action » immédiatement au nord, les Macédoniens, d’ailleurs considéré comme plutôt arriéré par Athènes à son apogée, et dont le roi Philippe était politiquement et militairement astucieux et ayant accès aux mines d’or. Cela lui donnait la possibilité de payer une armée macédonienne en campagne et il conquit successivement des enclaves au sud, sur le territoire athénien, puis les vainquit dans une bataille en 338 avant JC et leur imposa une paix en des termes assez modérés.


Les grecs se relevèrent temporairement mais furent finalement assujettis par le fils de Philippe, Alexandre le Grand, qui poursuivit et conquit avant sa mort à l’âge de 32 ans la moitié du monde connu à cette époque-là.


L’héritage laissé par les énormes succès militaires de Philippe et Alexandre fut une dette colossale. Leurs réussites impériales furent de courte durée pour cette raison précise.


La monnaie athénienne avait entre temps défini un modèle qui devait se répéter dans d’autres empires futurs :


1.       Domination du commerce, influx d’or pour contrebalancer les exportations, richesse publique, liberté et confiance débordante ;


2.      Découverte de la manipulation de la monnaie comme expédient pour stimuler une économie arrivant en stagflation,  succès continu né d’une apogée culturelle et d’une expansion monétaire persistant pendant des décennies,


3.      Effondrement des promesses monétaires vides, naufrage de l’économie menant à un effondrement national rapide.





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