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Quand
la réduction du déficit public n’est pas une
préoccupation de tous les instants dans les pays entrés dans la
zone des tempêtes, elle s’annonce comme telle dans le reste de
l’Europe. Donnant lieu chaque fois que possible à la recherche
d’échappatoires, afin de prévenir les réactions.
C’est
le cas en Irlande, où le gouvernement tente de renégocier les
billets à ordre qu’il a signés pour une valeur de 30
milliards d’euros, afin de les échanger contre des obligations
à maturité longue. Il s’agissait d’un montage
financier bâti dans la précipitation, quand il a
été décidé de sauver l’Anglo-Irish
Bank (AIB) en pleine déconfiture. Une structure ad hoc
intitulée Irish Bank Resolution Corp (IBAC) avait été construite, afin de
bénéficier d’un « prêt d’assistance en
urgence » de la Banque d’Irlande, avec l’assentiment de la
BCE. L’heure de son remboursement a sonné, 3,1 milliards
d’euros de ces billets à ordre de l’IBAC viennent à
échéance. Par ailleurs, le pays est à nouveau
entré en récession démentant ses propres
prévisions ainsi que celles du FMI.
En
Grèce, le déficit a plongé bien en dessous des objectifs
du gouvernement durant les deux premiers mois de l’année. Un
résultat qui doit beaucoup à l’arrêt de tous les
programmes d’investissement et à l’augmentation des taxes
sur le tabac et l’énergie. A l’opposé, les
dépenses sociales ont déjà dépassé 27 % du
budget.
Comment,
lui aussi sous pression des marchés, le gouvernement belge
va-t-il pour sa part procéder ? Le FMI pointe le doigt sur
l’insupportable indexation automatique des salaires, sur laquelle il
faudrait selon lui revenir afin de donner un coup de fouet à
l’économie. Ainsi que sur le montant des pensions, des
dépenses de santé et le niveau de l’emploi public, préconisant
si nécessaire une hausse des taxes à la consommation. La
vulnérabilité du secteur financier est relevée, ainsi
que le danger provenant de la détention massive par les banques de la
dette belge.
Au
Portugal, entré aujourd’hui dans la grève
générale, le déficit a au contraire triplé dans les
deux premiers mois de l’année. En grande partie en raison du
renflouement de la RTP – la radio-télévision publique
– très déficitaire comme toutes les entreprises de
l’État. Ce qui n’a pas empêché Vitor Gaspar, le ministre des finances, d’assurer
lors d’un passage à Washington et de rencontres avec le FMI
qu’il n’était pas question de demander à
bénéficier d’une restructuration de dette comme la
Grèce. D’autres formules d’attente auront probablement
été discutées.
On
sait que le gouvernement espagnol a préféré rechercher
sur le budget central les importantes coupes encore à trouver afin de
préserver les régions, les renflouant au contraire afin
qu’elles puissent payer leurs fournisseurs au bord de la faillite. En
jeu, le maintien d’un côté des services de base
auprès de la population, dont le financement dépend des budgets
régionaux, et de l’autre la capacité des banques à
se renforcer par elles-mêmes sans faire appel à des fonds
publics.
Le
troisième budget d’austérité britannique a
été rendu public par George Osborne, le ministre des finances
libéral-démocrate. Le taux d’imposition des plus hauts
revenus (plus de 180.000 euros annuels) a été baissé de
50 % à 45 %. L’objectif est de revenir sur une mesure
décidée par les travaillistes qui « fait du tort à
l’économie britannique et handicape sa
compétitivité » (il faut oser le dire !). Les taxes sur
les bénéfices des entreprises vont quant à elles passer
de 26 % à 24 %, pour descendre à 22 % en 2014, dans le but
d’éviter de sombrer dans la récession en attirant des
capitaux étrangers. Les ventes au détail reculent fortement et
la croissance, déjà en berne, continue de diminuer…
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