Mes chères contrariennes, mes chers contrariens !
Il y a un débat qui ne me lasse pas de me laisser coi. L’éternel débat entre les kéneysiens ou les néo-kéneysiens et les libéraux ou les néo-libéraux. Entre ceux qui pensent qu’il faut augmenter les salaires pour augmenter la consommation et donc augmenter l’investissement des entrerpises, ce qui finira par créer de l’emploi, et ceux qui pensent qu’il faut commencer par permettre aux entreprises d’investir pour qu’elles augmentent leurs capacités, ce qui va créer de l’emploi et de la consommation.
Ce débat est totalement dépassé, à tel point d’ailleurs qu’on peut le comparer à la ligne Maginot à la veille de l’attaque allemande.
Plus rien ne fonctionne parce que nous avons de mauvais outils
Disons-le, il faut dépasser ce clivage économique historique car il ne répond tout simplement pas à la nouvelle économie et à nos nouvelles contraintes. Dans ces deux cadres intellectuels qui ont tous les deux deux siècles, tout est basé quoi qu’ils en disent tous sur une idée totalement partagée de la distribution de la richesse créée par le travail.
Dans ces deux systèmes de pensée, c’est par le travail que la création de valeur est redistribuée. Dans aucun de ces deux systèmes on ne sait où on est en mesure de répartir la richesse autrement qu’à travers l’idée de travail, or le travail est en voie de disparition.
Stop avec le mensonge de l’histoire des Canuts…
Oui, je sais, il y a 1 000 ans (bon c’était il y a un peu moins de temps mais c’est pour grossir le trait) les Canuts ne voulaient pas disparaître, ils refusaient de « s’adapter », ils refusaient le saint « changement » et pourtant il ne fallait pas avoir peur… Certes parce qu’à l’époque il y avait encore un travail de masse nécessitant des masses de bras, mais je ne peux rien ou plus grand-chose pour celui qui n’arrive pas à voir la différence entre l’époque des Canuts et puis celle d’aujourd’hui par exemple.
Nous vivons donc la disparition de l’ère du travail de masse et cette disparition est en tout cas en termes philosophiques parfaitement logique, parfaitement normale et je dirais même que c’est un aboutissement du progrès et du génie humain.
De l’invention de la roue à celle du palan, l’homme depuis la nuit des temps a cherché à se faciliter le travail. Tout notre génie a été en grande partie orienté vers ces problématiques. Rendre le travail plus facile avec comme objectif à très long terme de ne plus jamais avoir à « travailler ». Nous y sommes. Nous sommes à la fin des temps du travail, en tous cas nous y entrons.
Depuis 40 ans, le chômage de masse augmente. Depuis 40 ans, nous sommes passés du plein-emploi au sous-emploi généralisé en France comme aux États-Unis ou en Angleterre, dans les pays anglo-saxons comme dans les nations plus socialisantes comme la France. Rien ne marche et rien ne peut marcher car nous vivons la fin du travail et ce n’est que le début du mouvement.
Des progrès techniques qui vont supprimer des millions de postes dans les 10 ans
Avec les « Google car » qui se conduisent seules il n’y aura plus besoin de chauffeurs de taxi.
Avec les camions qui roulent tout seuls nous n’aurons plus besoin de routiers.
Avec les drones et les avions automatiques plus besoin de pilotes qualifiés, d’ailleurs les imbéciles du personnel navigant d’Air France sont de futurs canuts en puissance…
Avec les robots humanoïdes, comme Ucroa, plus besoin de nounous, de garde-malade ou de femme de ménages.
Avec des robots comme Titan plus besoin de CRS ou de soldat…
Avec les banques en ligne plus besoin des 500 000 banquiers d’en bas qui peuplent les agences bancaires de France et de Navarre.
Avec la télé-médecine et les cabines à diagnostic plus besoin de médecins (ou presque).
Les nano-robots, sans oublier les « imprimantes » 3D géantes qui permettent déjà de fabriquer une maison sans un seul ouvrier du BTP ou presque, et la litanie est suffisamment longue pour que je m’arrête ici, je suppose que vous aurez compris l’idée de fond, à savoir que si l’âge de pierre n’a pas pris fin par manque de pierre, l’âge du travail est en train sous nos yeux de s’achever et évidemment il y aura toujours du travail mais plus massivement comme c’était le cas jusqu’à présent.
Des défis phénoménaux à relever
À cette disparition du travail se rajoutent des phénomènes accélérateurs comme les délocalisations qui ont accéléré un processus de destruction d’emploi par ailleurs inéluctable et les pays émergents, malgré le faible coût de leur main-d’œuvre, seront soumis exactement aux même pressions sur leur marché du travail.
Cela veut dire que tous les débats sur l’amélioration de la compétitivité, sur les 35 heures ou pas, sur le travail le dimanche ou pas, sur le coût même du travail sont en réalité totalement dépassés.
Dépassé aussi le clivage entre la politique de l’offre ou celle de la demande, dépassées les théories économiques sur lesquelles reposent toutes les décisions des pouvoirs publics pour la simple et bonne raison que dans toutes les théories économiques en vigueur seul le travail permet la solvabilisation d’une masse de consommateur, seul le travail permet la répartition des richesses (avec en plus des politiques de redistribution plus ou moins généreuses).
Comment partager les richesses ?
Le voilà le véritable débat pour affronter et dépasser cette crise beaucoup plus profonde que ce que croit l’immense majorité des gens.
Pour partager les richesses dans un monde sans travail, cela va s’avérer assez compliqué. Certains envisagent par exemple le revenu universel ou le revenu de vie… un salaire que tout le monde aurait. D’autres sont même en train de proposer aux banques centrales comme la FED ou la BCE de distribuer directement une somme de 10 000 euros à chaque citoyen !! Pire qu’au Monopoly et c’est dire l’étendue du problème.
Ce qui est sûr c’est qu’il va falloir non pas réformer ou changer un peu la fiscalité mais revoir totalement ce que l’on impose puisque pour le moment les impôts reposent… sur le travail, or dans un monde sans travail il ne peut y avoir que moins d’impôts… logique imparable.
Bref, je vous ai mis en annexe un article du « brillant » institut Montaigne où quelques crânes d’œufs plus ou moins bien faits ont l’excellente idée de proposer de travailler plus sans gagner plus… Mais le problème n’est pas que ceux qui travaillent encore travaillent encore plus. L’idée n’est plus non plus de partager le peu qu’il reste de travail en réduisant la durée légale… Non, tout cela est totalement dépassé et nous n’avons pas 10 ans devant nous avant le tsunami des destructions massives de 50 à 80 % des postes actuels et ils ne seront pas remplacés en nombre suffisant par des boulots à « forte valeur ajoutée » et encore moins dans un contexte où le QI moyen baisse et où l’éducation nationale n’arrive même plus à apprendre à lire et à écrire correctement aux masses d’enfants qui lui sont confiées.
Nous vivons la fin d’un monde
Avant de retrouver une situation stabilisée, nous allons connaître une période assez longue d’immense paupérisation et de grande misère, une période de chocs monétaires et de grande ruine. Il faudra que le monde ancien s’écroule pour bâtir le nouveau même si les solutions existent en réalité déjà. Notre manque de sagesse nous empêchera de les mettre en œuvre avant la grande catastrophe.
C’est pour toutes ces raisons-là que vous devez vous préparer, réfléchir, ne comptez que sur vous-même, vos proches et votre famille, il va falloir nous débrouiller mais nous avons dans tous ces malheurs une chance immense, nous sommes Français et nous avons tous les « gènes » du système D en nous, alors ce sera très dur, encore plus pour tous les doux rêveurs qui nous entourent la tête cachée dans le sable et qui voudront profiter jusqu’au bout de la fête « à la consommation » mais nous nous en sortirons si nous nous unissons. Voilà pourquoi nous devons désormais dépasser tous les clivages économiques, sociologiques et politiques.
Préparez-vous et restez à l’écoute.
À demain… si vous le voulez bien !!
Charles SANNAT
« À vouloir étouffer les révolutions pacifiques, on rend inévitables les révolutions violentes » (JFK)