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Bataille de l’eau contaminée à Fukushima

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Published : April 26th, 2012
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Pour les décennies à venir, la centrale de Fukushima va-t-elle rester une machine à produire de l’eau contaminée fuyant de partout ? Actuellement, seulement une partie de celle-ci est récupérée, pour être partiellement décontaminée avant d’être utilisée pour le refroidissement des réacteurs selon un circuit qui n’est pas fermé, en raison de fuites à des endroits encore à localiser ou bien connues et ne pouvant pas être arrêtées.


Des stocks d’eau contaminée estimés entre 100.000 et 120.000 tonnes se sont également accumulés au fil des mois dans les sous-sols de la centrale. Tepco, la compagnie exploitante, ne parvient pas à empêcher cet accroissement continu, car 150 à 200 tonnes d’eau sont injectées par jour et par réacteur afin de refroidir les installations. Pourtant 180.000 tonnes d’eau contaminées seront par ailleurs stockées dans des réservoirs alignés à perte de vue sur le site, d’ici à la fin juillet prochain.


Tepco cherche en premier lieu à localiser les fuites afin de les obstruer.. Elle y est parvenu lorsqu’elle a trouvé, le 5 avril dernier, une canalisation souple rompue, dont se sont échappées vers la mer douze tonnes d’eau contaminée au strontium. Elle a pu la constater dans le réacteur n°3 sans rien pouvoir y faire, en envoyant la semaine dernière un robot dans celui-ci, pour découvrir que le bouchon d’un sas permettant d’accéder à l’intérieur de l’enceinte de confinement était déplacé et que de l’eau contaminée s’en était échappée. Elle ne l’a par contre pas trouvé lorsqu’elle a envoyé un autre robot inspecter le tore du réacteur n°2, après une inspection de sa partie supérieure, seule accessible. La recherche des fuites au sein des bâtiments des réacteurs va se poursuivre, avec comme objectif de si possible les colmater afin qu’elles ne fassent pas obstacle aux futurs travaux de démantèlement.


Mais l’envahissement des sous-sols de la centrale par des masses d’eau contaminée est encore une autre affaire, ayant déjà conduit la compagnie à demander aux autorités l’autorisation de procéder à des déversements d’eau contaminée dans la mer, qui lui a été refusée. L’eau contaminée présente dans les sous-sols pénètre en permanence dans les sols et atteint la nappe phréatique, ainsi que la mer, sans que rien ne puisse l’empêcher.


Tepco vient d’annoncer le creusement autour des réacteurs de quatorze puits destinés à forer l’eau de la nappe phréatique située sous le site de la centrale afin de rejeter, dès cet automne quand ils seront terminés, 1.000 tonnes d’eau par jour dans la mer. L’objectif serait d’éviter que la remontée quotidienne de 200 à 400 tonnes d’eau de la nappe qui a été constatée dans les sous-sols de la centrale n’aboutisse sous cet effet au débordement sur le site ou dans la mer de l’eau contaminée qui s’y trouve. En prévision d’une telle éventualité, Tepco va d’ailleurs débuter les travaux de construction d’une digue composée d’éléments métalliques, parallèle au rivage et courant sur tout le long de la centrale, destinée à contenir l’eau contaminée qui pourrait se déverser dans la mer. Sans préciser ce qui serait fait ensuite.


De l’eau se trouve d’après les études géologiques en abondance sous la centrale, se déversant finalement dans la mer en raison de la couche de grès en pente sur laquelle elle circule. Rendant vraisemblable le fait que de l’eau contaminée provenant de la centrale suive désormais le même cheminement. Mais Tepco ne communique plus depuis plus d’un an sur la pollution de la nappe phréatique, après avoir reconnu à l’époque qu’elle était polluée à 15 mètres de profondeur par de l’iode radioactif. Le 5 avril, Tepco a annoncé avoir découvert du tritium (un radioélément) au fonds d’un puits situé à 500 mètres des réacteurs, qui n’y était pas en novembre dernier. Cela laisse peu de doute sur la pollution de l’eau qui sera pompée dans la nappe phréatique avant d’être rejetée dans la mer. Comme si, dans le cas où une contamination est avérée, Tepco n’avait comme choix que de déverser dans la mer de l’eau plus ou moins fortement contaminée, suivant qu’elle provient des sous-sols ou qu’elle est pompée dans la nappe phréatique à distance de ceux-ci…


Les rares informations disponibles à propos de la pollution de la mer mettent l’accent sur la rapide dilution de celle-ci qui serait intervenue grâce à la présence d’un très fort courant marin à l’aplomb de la centrale, des moyens de rétention ayant été installés dans la mer devant les réacteurs par Tepco. Consécutives aux plus importants rejets radioactifs provenant de la centrale, les analyses effectuées en juin 2011 par un navire océanographique américain en ont fait état. La surveillance du littoral et des produits de la mer (crustacés, poissons et algues) va en tout état de cause être nécessaire pendant de longues années, en raison du dépôt sur les sols marins de partie des radionucléides. Un vaste secteur maritime, comme d’ailleurs de nombreux cours d’eau et de larges étendues terrestres autour de Fukushima, témoignent désormais et pour longtemps d’une activité radioactive accrue, souvenirs du 11 mars 2011 et de ce qui s’en suivit et dont les Japonais se seraient passés.


La forte contamination constatée au sein des réacteurs – qui interdit dans de larges sections toute présence humaine et la limite très fortement dans d’autres – ainsi que les fuites et la menace de débordement des eaux contaminées du sous-sol sur le site de la centrale représentent deux obstacles de taille aux opérations de démantèlement à venir. L’opérateur va devoir trouver les moyens de faire avec la première et de solutionner les secondes.


La longue histoire du démantèlement sans précédent de quatre réacteurs, annoncée pour durer 40 ans et sans savoir où l’on va, ne fait que commencer. Avec trois coriums en vadrouille totalisant environ 250 tonnes de matière très hautement radioactive et une piscine bourrée de plus de 1.500 barres de combustible nucléaire susceptibles d’être dégainées (faisant redouter des incidents de criticité, avec le risque du feu au contact de l’air si la piscine s’écroulait).


Dans l’immédiat, Tepco court après les problèmes au fur et à mesure qu’elle affecte de les découvrir, ne parvenant pas à maîtriser la situation.



 

 

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Paul Jorion, sociologue et anthropologue, a travaillé durant les dix dernières années dans le milieu bancaire américain en tant que spécialiste de la formation des prix. Il a publié récemment L’implosion. La finance contre l’économie (Fayard : 2008 )et Vers la crise du capitalisme américain ? (La Découverte : 2007).
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