Deux mille
deux cents euros par mois. C’est pour ce salaire de jeune cadre en
début de carrière que la star du football David Beckham jouera au PSG (Paris-Saint-Germain) pendant les cinq
prochains mois. Il touchait pourtant en 2012 un salaire de 2,2 million
d’euros - 31,5 millions d’euros si l’on inclut les primes
et contrats publicitaires. Pourquoi ce joueur accueilli avec un pont
d’or par le club américain du Los Angeles Galaxy accepte-t-il une telle baisse ? Son âge (37
ans) n’en fait-il qu’un vieux cheval de course ? Loin de
là.
En fait, un
bon joueur de football sait anticiper. Il prévoit les mouvements
à venir et règle sa frappe en fonction du déplacement
futur de ses coéquipiers. C’est donc peut-être par
déformation professionnelle que Beckham et
son nouvel employeur ont anticipé la future taxe à 75% revue et
corrigée par le gouvernement de François Hollande.
Car cette taxe
est toujours dans les tuyaux du gouvernement. Pierre Moscovici, ministre de
l’économie et des finances, l’a confirmé en
déclarant le 3 février : « Il faut à la fois garder cette mesure,
son esprit, parce qu'il est logique que dans un pays qui fait
des efforts, et beaucoup de Français font des efforts,… ceux qui
gagnent beaucoup d'argent fassent un effort exceptionnel pendant une
durée exceptionnelle ».
En
conséquence dans deux ou trois semaines, le gouvernement
présentera une nouvelle mouture de cette taxe en accord avec les remarques du
Conseil constitutionnel. Moscovici tient à éviter un nouvel échec : «Je
veux rester près des principes qui ont été
définis par le Conseil constitutionnel, par exemple, la conjugalisation de la taxe en question»,
c’est-à-dire qu’elle toucherait le foyer et non plus
l’individu seul. L’une des pistes serait donc une surtaxe
payée par les ménages, mais Bercy reste très
évasif. Le taux lui-même pourrait aussi changer comme l’a
déclaré Bruno Le Roux : « Si on me dit qu'à
70% il y a une plus grande sécurité juridique qu'à 75%,
je ne monterai pas sur ma chaise de président de groupe à
l'Assemblée pour condamner ce recul du gouvernement et cela me
semblera une grande avancée. » Le brain
storming fonctionne à plein dans la
majorité.
Mais pendant
que nos hommes politiques réfléchissent à la
manière de taxer les très riches, nos très riches
joueurs de football anticipent. Secondé par un bon cabinet
d’avocats fiscalistes et des Qataris absolument décidés
à accrocher l’anglais au tableau de chasse de leur club
parisien, le millionnaire Beckham ne paiera pas
d’impôt en France : il habitera Londres, passera moins de
six mois et un jour en France puisque son contrat est de cinq mois, et son
salaire, ridicule par rapport à sa valeur réelle sur le
marché du football, lui permettra de ne pas être imposable.
Pas question
donc pour les Qataris de se faire avoir une deuxième fois par le fisc
français. Alors qu’il faudra probablement débourser 92
millions d’euros pour offrir à Zlatan Ibrahimovic ses 14 millions d’euros net par an Beckam s’est vu offrir un autre deal. En bon businessman, il a conclu avec
eux un accord sur son nom : il touchera à Londres 20% de
royalties sur la vente de chaque maillot frappé à son
patronyme, soit 22 euros par maillot.
Les avocats
fiscalistes n’ont donc pas chômé à propos
d’une taxe sur laquelle ministres et députés
débattent toujours et qui n’a encore que des contours flous. Ce
que l’on sait maintenant avec certitude, c’est que la taxe
à 75% peut se contourner. Mieux : elle se drible.
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