Le
sujet de l’annonce d’un QE3 revient de plus en plus dans les
débats, surtout après la baisse des marchés ces
dernières semaines et les craintes de récession de
l’économie américaine. À cet égard, si le
rendez-vous annuel des banquiers centraux à Jackson Hole (États-Unis) – en date du 26 août
2011 – a maintenu les investisseurs en haleine (n’est-ce pas lors
de son édition de l’année dernière que Ben Bernanke a annoncé le QE2 ?), une nouvelle
mesure annoncée environ deux semaines auparavant par la Fed est
passée en revanche relativement inaperçue.
Il
s’agit pourtant d’une mesure qui marque une nouvelle étape
dans la politique inflationniste actuelle de la banque centrale
américaine. De quoi s’agit-il ?
Suite à sa réunion du 9
août dernier, la banque centrale des États-Unis (la Fed) a promis
de maintenir les taux directeurs extrêmement bas (autour de zéro).
La nouveauté vient de ce qu’elle
a tenu cette fois à spécifier la période pendant
laquelle elle les maintiendra à ce niveau : mi-2013 ou près de 2 ans au minimum.
Dans un article précédent, « Rester
vigilant aux formes que prendra le QE3 » nous avions bien
imaginé qu’une telle mesure puisse être la première
d’un nouveau programme d’assouplissement quantitatif (ou Quantitative
Easing, QE). Alors que tout le monde attend encore l’annonce
officielle du QE3, le président de la Fed l’a en
réalité déjà lancé en catimini !
« Deux mesures ressortent.
D’abord, la Fed peut
spécifier la période au cours de laquelle elle promet de garder
son taux à zéro, confortant ainsi les investisseurs dans
l’idée qu’elle ne le remontera pas avant la date
annoncée. La relation entre taux courts et taux longs est complexe,
mais selon Ben Bernanke, si une telle annonce
s’avère crédible, elle ne manquerait pas
d’influencer les anticipations sur les marchés et in fine aura un impact sur les taux
longs qui, dixit le Fed chairman, « représentent des
moyennes de taux courts courants et de taux courts futurs, plus une prime de
terme ou de maturité », liée à la
durée de l’obligation (term premium). »
Reste maintenant à voir dans les jours
et les mois à venir, si la mesure actuelle suffira pour maintenir les
taux longs américains à des niveaux bas, comme semble le croire
Ben Bernanke.
Car dans le cas contraire, il procédera
sans doute à la deuxième mesure qui nous évoquions à
propos d’un éventuel QE3 – plus visible celle-là
– qui consistera à fixer un taux d'intérêt maximum
sur certaines obligations américaines.
Une telle mesure – ainsi que celles qui
pourraient voir le jour dans le futur, fruit de l’imagination des
banquiers de la Fed – impliqueront la création, à partir
de rien, de nouvelles quantités de monnaie par la Fed qui,
après avoir fait tourné la « planche à
billet », les utilisera pour acheter autant de dette américaine
qu'il sera nécessaire pour le maintien des taux longs en dessous du
seuil préalablement fixé.
En émettant des obligations, le
Trésor américain de son côté récupèrera
en contrepartie le « cash » fraîchement
créé par la banque centrale américaine afin de financer
les dépenses du gouvernement fédéral. Il s’agira à
l’évidence alors d’un QE3 beaucoup plus agressif, au grand
dam des détenteurs de dollars dans le monde entier !
Valentin Petkantchin
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