Il
semblerait qu’une grande partie de la communauté des
investisseurs ait récemment cessé d’ignorer l’or pour
fortement le contester. Warren Buffet, l’un de leurs plus ardents commentateurs,
lui portait ouvertement atteinte dans sa dernière lettre
publiée à l’attention de ses actionnaires. Les chefs
d’inculpation dont il y fait mention sont pour le moins communs :
l’or est un objet inanimé ‘incapable de produire quoi que
ce soit’, et tout investisseur se tournant vers l’or physique
plutôt que des actions minières agit en réponse à
des peurs irrationnelles.
Comment
se fait-il que Buffet, investisseur prospère dont la renommée n’est
plus à faire, puisse estimer que l’or n’ait pas sa place
dans un portefeuille d’investissement correctement alloué ?
Ceci
a très certainement un rapport avec son mentor, Benjamin Graham.
Graham,
auteur de Security Analysis
(1934) et de The Intelligent Investor (1949), est aujourd’hui perçu
comme ayant été l’un des investisseurs les plus
compétents de l’histoire. Au cours d’une carrière
s’étant étendu de 1915 à 1956, il a affiné
ses théories d’investissement, et est devenu le père
fondateur des placements axés sur la valeur. La structure de
pensée de Graham représente la base même des
théories d’investissement dominantes d’aujourd’hui.
Selon
Graham, bien qu’il soit impossible de prévoir le futur, il est
des périodes au cours desquelles la valeur des actions et obligations
dévie de sa juste valeur en devenant sur ou
sous-évaluée. Afin d’améliorer les rentes et de
réduire les risques, les investisseurs doivent donc modifier leur
allocation de portefeuille en fonction de ces fluctuations de valeur. Le
graphique ci-dessous, supportant la théorie de Graham, prouve
qu’il est des périodes où une classe d’actifs est
susceptible d’offrir une meilleure opportunité qu’une
autre :
Mais
qu’en est-il lorsque les deux classes d’actifs que nous comparons
stagnent ou chutent simultanément ? Dans les années 1970,
et encore plus depuis 2001, tout portefeuille d’investissement qui s’était
uniquement concentré sur les actions et obligations n’aurait pu
au mieux que se maintenir à flots, et au pire sombrer dans la
stagflation. Afin d’obtenir de réels profits, un investisseur a
besoin de rechercher des alternatives réelles.
En
observant le graphique suivant, nous pouvons voir que l’or
représente cette alternative. Il est un investissement dont la
tendance aille parfaitement à l’encontre des
surévaluations des actions et obligations. Il n’en est pas moins
absent du modèle d’allocation présenté par Graham.
L’absence
de cette classe d’actif dans le schéma d’allocation de
Graham est parfaitement compréhensible : au cours de la plus
grande partie de sa vie, la possession de quelque quantité d’or
était hors-la-loi. Interdit à la propriété
privée en 1933 par Roosevelt, il ne fut pas légalisé
avant la fin de l’année 1974. Graham mourut en 1976,
n’ayant donc jamais vécu dans un monde où l’or
aurait pu être un meilleur investissement que toute autre action ou
obligation.
Cela
nous pousse à nous poser la question suivante : si Graham avait
pu assister aux deux marchés haussiers des métaux
précieux apparus au cours de ces 40 dernières années,
aurait-il mis à jour son modèle d’allocation d’actifs,
et y aurait-il inclut l’or ?
Il
nous est impossible de le déterminer avec certitude.
Nous
savons en revanche qu’étant donné l’influence de
Graham sur la théorie d’investissement, son manque
d’expérience de l’or, et donc l’absence de ce
dernier dans ses observations, a eu un effet profond sur la manière
dont les professionnels de l’investissement aperçoivent
aujourd’hui le métal jaune. De mon humble avis, cela explique le
manque d’estime dont est victime l’or dans le courant
d’investissement dominant, et, en conséquence, son échec
à être considéré en tant que classe d’actif
à part entière.
Vous
pouvez donc cesser de vous demander pourquoi votre courtier, les
médias financiers, et Warren Buffet, continuent d’ignorer
l’or. Plus important encore, il est nécessaire, afin
d’obtenir des retours sur investissement sur le long terme,
d’investir sur un minimum de trois classes d’actifs – les
actions, les obligations, et l’or. Les quantités de monnaies
allouées à chacune de ces catégories
d’investissement varient en fonction de leurs valeurs relatives.
Les
investisseurs qui comprennent ce principe ont un avantage qui pourrait
éventuellement être qualifié de déloyal par
rapport aux autres investisseurs, dans la mesure où cela leur permet
de se positionner sur l’or et de prendre plaisir au jeu dans le
même temps où les autres se mordent les doigts.
Désormais,
lorsque vous entendrez certaines personnes qualifier l’or de relique
barbare, et se plaindre qu’il ne produise rien et soit incomestible,
alors vous saurez que leur portefeuille souffre d’un sévère
handicap. Pendant ce temps, vous pourrez devenir prospère, armé
de votre connaissance des bénéfices que peut vous apporter
l’or, telle une monnaie réelle pouvant préserver sa
valeur en des temps où le gouvernement s’endette et
déprécie sa monnaie.
Etant
donné l’influence de Graham et de ses disciples, leur
blasphème contre l’or ne sera pas oublié en
l’espace d’une nuit. Mais il le devrait.
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