La semaine dernière, l’or et
l’argent traversaient la plus importante chute de prix qu’ils
aient connue depuis des mois. Compte tenu de la brutalité de la
baisse, il aurait été logique que d’importantes
informations concernant l’économie aient été
dévoilées, par exemple des perspectives de fortes reprises
économiques en Europe ou aux Etats Unis. Dans ce cas, il aurait
été normal que les investisseurs vendent leur or et
investissent dans les actions. Il se trouve cependant que les
informations mentionnées aient été bien loin
d’être rassurantes. Une liquidation aurait pu se produire sur
le marché des métaux précieux si les banquiers
centraux avaient fait part de leur volonté de renforcer leurs
politiques monétaires. Cela ne s’est pas produit non plus.
Ces ventes se sont manifestées non pas par la
propagation d’une information, mais par une non-information. Dans
son message au congrès, Ben Bernanke,
directeur de la Fed, n’offrait en effet aucune indication quant
à la date de lancement de sa prochaine opération de
quantitative easing. Les marchés ont
alors cru comprendre que la folie monétaire touchait à sa
fin, ce qui n’aurait pas été de bon augure pour les
métaux précieux. Les métaux sont de plus en plus
observés comme étant des substituts aux devises
fiduciaires, et leurs prix tendent à augmenter lorsque de
nouvelles injections monétaires sont annoncées.
L’absence d’informations fournie par Bernanke ne signifie absolument rien. Les
investisseurs ont besoin d’un retour à la normalité,
et donc de politiques monétaires plus prudentes. En
conséquence, beaucoup tentent de s’accrocher à ce
qu’ils pensent susceptible d’être une
amélioration. Je pense cependant que leurs espoirs sont
prématurés, et que l’or demeurera soutenu par
l’argent facile pour encore quelques temps.
En plus de cela, l’or sera sans doute
favorisé par le bouleversement financier d’envergure
à venir : la Chine planifie de prendre la place des
Etats-Unis en tant que première puissance mondiale. Comme le
président Reagan en avait fait la remarque, un pays puissant a
besoin d’une devise stable. Il est clair que la Chine partage son
opinion. En observant son histoire, sa discipline fiscale ainsi que son
aversion pour les excès des économies Occidentales, je ne
peux que penser que la Chine planifie de lier le yuan à
l’or. Si cela faisait effectivement partie de ses ambitions, la
pression de l’achat sur l’or ne disparaîtra pas, et ce
peu importe les décisions prises par monsieur Bernanke.
L’an passé, la Chine devenait le plus
important producteur d’or de la planète, et demandait
à ce que la totalité de la production d’or domestique
ne puisse plus sortir du pays. Elle a également acheté des
parts de compagnies minières aux quatre coins du monde et
deviendra cette année le plus important acheteur d’or de la
planète. Récemment, la Chine autorisait ses citoyens à
posséder de l’or, et les encourageait également à
s’en procurer. L’an dernier, la Chine prenait
déjà la place de l’Inde en tant que plus important
acheteur de bijoux en or.
L’Occident comprend que ses politiques
d’expansion monétaire doivent prendre fin. Le FMI favorise
l’émergence d’une nouvelle devise de réserve,
éventuellement convertible partiellement en or, et étant
uniquement destinée aux banques centrales ainsi que
gérée par le FMI.
La Chine semble vouloir mettre en place un yuan
entièrement convertible en or. Afin d’accumuler des
quantités d’or égales aux 8400 tonnes
possédées par les Etats-Unis, elle devra continuer
d’acheter de l’or pour encore quelques années. Si elle
continue dans cette voie, elle ne cessera de placer un pallier au-dessous
du prix de l’or pour les années à venir.
Peu importe qui finira par gagner la course à
la dévaluation de devise, la clé du problème sera
toujours le taux de conversion des devises par rapport à
l’or. Afin d’accommoder au mieux l’économie, le
prix de l’or devrait être bien supérieur à ce
qu’il est aujourd’hui. Dans tous les cas, si la Chine
décidait de poursuivre son objectif de créer une devise
convertible en or, alors il serait sage pour les investisseurs
d’investir sur l’or. Ceci bien sûr exclut la
possibilité que ces investissements puissent un jour être
confisqués par les gouvernements débiteurs aux devises
fiduciaires en chute libre.
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