Mes chères contrariées, mes chers contrariens
!
Pour tout vous dire j’étais parti pour vous faire un
spécial Espagne suite de la série « bienvenue à
l’asile ». J’avais affuté mon espagnol le plus
brillant, je m’étais entraîné intensivement, et
là, j’ai eu le malheur de faire une digression sur quelques
autres sites internet qui finalement m'a mené à faire un voyage
en Italie…
Voilà donc comment se retrouver avec un spécial Italie
à la place d’un spécial Espagne que je ne manquerai pas
de vous faire dans les prochains jours.
Alors vous le savez, l’Italie ne se porte pas fondamentalement
bien. Avec une dette de 2035 milliards d’euros représentant 127%
du PIB l’Italie se rapproche à grand pas d’une situation
budgétaire à la grecque.
D’ailleurs les choses sont assez simples à calculer. 2000
milliards d’euros (en gros) à 5% d’intérêt
par an (en gros) cela nous fait un 100 milliards d’euros par an rien
qu’à payer en intérêts pour l’Italie.
C’est d’ailleurs ce calcul simple qu’a fait ce
« comique populiste » Beppe Grillo
quasi vainqueur des élections italiennes, ce qui l’avait
amené à conclure auprès d’un journaliste allemand,
que l’Italie était morte et qu’elle ne rembourserait
jamais sa dette…
Un peu expéditif peut-être comme raisonnement, mais
parfaitement juste, quoi qu’en disent les bien-pensants pas populistes
et d’ailleurs certainement pas populaires vu les claques
électorales que toutes nos « zélites
» se prennent.
Il y a quelques semaines, à l’occasion de la première
immolation d’un chômeur français devant son agence
Paul-emploi (il y en a eu une autre hier, mais les conseillers Paul-emploi
très courageux au demeurant ont évité le pire en
secourant à temps le pauvre type désespéré), je
vous indiquais que je m’étonnais que la violence des gens soit
dirigée uniquement contre eux-mêmes et pas contre ceux
qu’ils pourraient penser responsables de leur misère.
Attention et entendons-nous bien, en disant cela je parle d’un
risque qui ne se matérialisait pas et auquel je pensais. Il ne
s’agit pas de justifier quelques violences que ce soit à
l’égard des gens.
Il y avait eu dans notre pays il y a quelques années ce paysan
qui avait tiré sur des fonctionnaires de je ne sais plus quelle
administration et les avait tués sur le coup.
C’est donc d’Italie que nous vient les premiers
dérapages dramatiques de la misère puisque là il ne
s’agit plus de suicides (ce qui reste un drame) mais d’assassinat
de tierces personnes.
Un
entrepreneur italien désespéré tue deux personnes et se
suicide. Bilan 3 morts.
Cette information qui n’a pas vraiment été
relayée mais on le comprend aisément puisque cela pourrait
avoir une fâcheuse tendance à donner de mauvaises idées
aux plus fragiles psychologiquement.
C’est l’Agence de Presse Romandie qui nous apprend donc
qu’un entrepreneur italien de 43 ans a tué mercredi
après-midi deux employées de l'administration publique à
Pérouse, dans le centre du pays, avant de se suicider. La
dépêche rajoute que je cite : « ce drame semble lié
à la crise économique qui frappe le pays ». On peut
effectivement le penser, mais Mario Monti ancien de Goldman Sachs et «
démocratiquement » désigné d’office a bien
sûr sauvé l’Italie et reste encensé par les
marchés. Or la dette a augmenté. Mais vu son niveau, elle est
désormais hors de contrôle et ne pourra plus jamais baisser.
Bref, Andrea Zampi (c’est le nom de
l’assassin qui s’est suicidé ensuite) reprochait à
la "bureaucratie" locale de l'avoir empêché d'obtenir
un crédit de 100 000 euros, entraînant ainsi la fermeture de son
entreprise, Progetto Moda,
qui avait une activité de formation professionnelle.
Selon les médias italiens, l'homme est monté au
quatrième étage où se trouvaient les deux femmes qu'il
tenait pour responsables de ses problèmes. Après leur avoir
tiré dessus, il s'est donné la mort dans un autre bureau avec
son arme.
Pour le Maire de Pérouse où s’est
déroulé le drame, « c'est une terrible tragédie,
fruit d'un climat horrible lié à l'actuelle crise
économique ». Voilà qui est dit, voilà qui est posé.
Il est certains métiers qu’il va être de plus en plus
difficiles d’exercer dans des conditions de sécurité
convenable.
Les banques sont devenues tellement réticentes pour donner des
crédits que les PME-PMI transalpines vivent un véritable
« credit crunch
» c’est-à-dire une réduction massive de
l’accès au crédit bancaire.
Scandale de
la banque Monte dei Paschi le Directeur de la
communication saute par la fenêtre sans parachute doré. Bilan un
mort.
Comme on vous l’a dit et répété, les
banques vont bien, les banques sont solides d’ailleurs elles ont
même passé avec brio et panache des « stress tests »
concoctés par la Commission Européenne. Bankia
avait passé les stress tests mais Bankia est
au tapis. La Monte Paschi la plus vieille banque du
monde aussi mais elle est au tapis et n’oubliez pas la blague sur
Dexia, « Dexia la banque qui a tout raté sauf… les stress
tests ». On en rigole encore des stress tests, jaune vous l’aurez
compris.
Donc c’est la presse allemande qui parle du suicide du chef de la
communication de cette banque italienne qui a mis fin à ses jours
comme le faisait ses prédécesseurs pendant la crise de
1929… en sautant pas la fenêtre.
Encore une fois, c’est très triste. Très triste
certes mais révélateur d’une époque, de
dérives financières, de l’appât du gain, de la
compromission, et disons-le aussi des magouilles de toutes sortes et des
petits ou grands arrangements entre amis. Pas vu pas pris. Pris pendu et avec
un peu de chance personne n’y verra rien, et l’on se gavera de
bonus et de stock option. Mais tout cela a un prix. Celui de «
l’âme ».
Il faut dire que les enquêteurs fouillaient son bureau depuis
plusieurs semaines à la recherche d’éléments
concernant la « disparition » de plusieurs centaines de millions
d’euros… une paille dans un pays qui s’effondre.
Bon, cela dit comme on est en Italie (ne hurlez pas tout de suite
à la discrimination, en France aussi les anciens premiers ministres
peuvent se suicider de plusieurs balles dans la tête), rien
n’indique que ce soit vraiment un suicide et l’enquête est
toujours en cours. Cela dit je doute fort qu’un témoin vienne
expliquer devant micros et caméras que feu le directeur de la
communication a été poussé par
la fenêtre. Omerta quand tu nous tiens.
Enfin pour conclure ce petit tour déprimant d’Italie,
pourtant un si beau pays et avec une gastronomie et un art de vivre
extraordinaire, la consommation s’effondre et vient de retrouver son
niveau de 2004.
Selon
l’indicateur « Confcommercio »,
la consommation est en baisse de -2,4%
En Janvier, la consommation a baissé de 2,4% par rapport
à l'année précédente et de 0,9% par rapport
à fin décembre 2012.
Le niveau de la consommation vient de retrouver ceux de la fin
d’année 2004. Neuf années de croissance viennent donc
d’être effacées.
L’indicateur Confcommercio de janvier
reflète une diminution de 3,7% de la demande dans les services et 2%
des dépenses en biens.
Des réductions particulièrement importantes de la
consommation ont également touché les produits alimentaires,
boissons et tabac (-3,9%), les vêtements et les chaussures (-3,9%).
Selon les projections, la consommation des italiens devrait continuer
à baisser dans les prochains mois ce qui promet une situation
économique très difficile pour 2013.
D’ailleurs le rapport conclu sur des perspectives très
encourageantes et brillantes « 2013 sera une année
particulièrement difficile pour l'économie italienne ».
Enfin comme dit Beppe Grillo notre «
comique populiste », l’Italie est morte et ne tiendra pas plus de
six mois.
Et tout le monde sait bien, que bien que l’euro soit
sauvé, si l’Italie tombe…
Tout cela c’est complètement fou …, bienvenue
à l’asile italien.
Charles SANNAT
Editorialiste et rédacteur du Contrarien
Matin
Directeur des Études Économiques Aucoffre.com
http://www.lecontrarien.com/
http://www.romandie.com/news/n/Un_entrepreneu...3-19-329716.asp
http://www.ilmessaggero.it/economia/confco...ie/256267.shtml
http://www.n-tv.de/wirtschaft/Fuehrungs...le10251676.html
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