Au cas où vous n’auriez pas
saisi le message à retenir de la récente vidéo de l’EIIL qui montre
l’exécution sommaire de vingt-et-un Egyptiens coptes chrétiens, le
voici : « Nous sommes des bourreaux, pas des guerriers ». Le
sang déversé sur la plage libyenne marque le tapis rouge de bienvenue à
l’exécution de masse de l’Occident euro-américain. La dignité de funérailles
n’est même pas au programme.
Ce que nous avons aujourd’hui
est un djihad apocalyptique qui se propage dans toute la région, depuis la
Palestine jusqu’au Maroc, et une Europe qui se contente d’ignorer que ce qui
se passe de l’autre côté de la Méditerranée est un face à face historique qui
transformera le monde. Il apparaît au moment le plus opportun, alors
qu’entrent en déclin la richesse pétrolière du Proche-Orient et de l’Afrique
du Nord. C’est cette richesse pétrolière qui a généré une forte croissance
démographique dans une région désolée de la planète au cours du siècle
dernier. Aujourd’hui, nous avons là-bas une sur-disponibilité d’hommes qui
n’ont rien d’autre à faire que de vivre le psychodrame exaspéré qu’est
l’absence de futur. Et lorsque les perspectives d’un avenir décent disparaissent
complètement, est-il étonnant que certains puissent se préoccuper l’esprit de
visions de festins et de vierges les attendant dans l’au-delà ?
Ce à quoi nous assistons est, en partie,
une bataille interne pour le contrôle de ce qu’il reste du trésor. Cette
bataille a déjà eu l’étrange conséquence de la paralysie de la capacité de
production pétrolière de l’Irak et de la Libye, qui possèdent encore
d’importants gisements de pétrole, mais n’ont plus la stabilité politique
nécessaire à l’organisation de programmes d’exploitation et de transport.
Mieux encore, les infrastructures de ces pays ont été grandement endommagées,
en raison principalement de sabotages délibérés, mais aussi de bombardements,
de négligence et d’ajournement d’opérations de maintenance. Les raffineries
du pétrole et terminaux de transports sont des machines délicates qui
requièrent des soins constants.
Il est évident aujourd’hui que
l’EIIL cherche à contrôler autant de richesse pétrolière que possible – bien
que je doute que le groupe dispose des compétences nécessaires à son
exploitation, même s’il semble contrôler le terrain. L’Occident
euro-américain peut encore décider d’ajouter à la destruction à l’aide de
bombes et de missiles, mais il détruirait également ses réserves futures de
pétrole, et donc ses propres économies industrielles modernes.
Le gros lot est bien entendu
la forteresse d’Arabie saoudite. Le royaume est encerclé de maniaques
islamistes, le Yémen au sud, l’Iran chiite de l’autre côté du Golfe persique,
l’Irak et la Syrie au nord, et les compostes humains que sont l’Egypte et la
Libye de l’autre côté de la Mer Rouge. Et n’oublions pas Israël, avec tous
ses ennemis et tous ses problèmes. L’Arabie a un nouveau roi, âgé de 79 ans,
et supposé souffrir de retard mental. Les revenus pétroliers du pays sont à
la baisse, et sa population continue de gonfler. Trop de jeunes hommes n’ont
rien de mieux à faire que mariner dans les fantaisies wahhabites. Si l’Arabie
Saoudite se désintégrait, la partie serait terminée pour la vie moderne que
connaît l’Occident (et une grande partie de l’Asie).
Entretemps, les Etats-Unis
sont parvenus à s’embarquer dans un conflit imbécile et complètement inutile
en Ukraine, un pays qui pour les Etats-Unis n’a aucune importance
stratégique. C’est en agissant ainsi qu’ils sont parvenus à aliéner la seule
nation qui aurait pu avoir la volonté de s’opposer au djihad, la Russie, dont
la frontière sud la sépare de l’immensité islamique d’Asie centrale.
L’Europe se préoccupe quant à
elle de questions monétaires. La Grèce est en crise. La fameuse Troika – BCE, bureaucrates de l’Union européenne et FMI –
demande à la Grèce de continuer de prétendre rembourser sa dette. C’est
jusqu’à présent ce qu’on a voulu dire par « austérité ». Mais
l’Europe est un champ de mines de la dette au travers duquel il ne fait pas
bon s’aventurer. D’autres pays d’Europe n’attendent plus que d’exploser, il
n’est pas certain que l’Europe se soit même intéressée au tapis rouge de sang
déroulé en Libye le weekend dernier. La vraie signification d’austérité
deviendra claire une fois que l’Europe se retrouvera forcée de faire face à
une troisième guerre mondiale juste au moment où son système bancaire
implosera.