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Des chicken nuggets produits en laboratoire… et peut-être déjà servis
dans votre Happy Meal ! (Image : Cnet)
La perspective d’ingurgiter des chairs créées artificiellement
dans une éprouvette vous révulse ? Pourtant, grâce au fameux traité
CETA, il se pourrait bien que vous y ayez déjà goûté une fois ou l’autre. À
l’occasion d’un passage dans un McDonald’s, par exemple…
On nous aura prévenus…
En janvier 2019, une présentatrice anglaise avait en effet dégusté un chicken nugget à base de « viande cultivée en
laboratoire ». Un aliment synthétique produit par la
société californienne Just Inc., qui avait pu l’importer sans encombre sur le
sol britannique. Il était donc déjà possible de faire entrer ce type de
produits dans l’UE…
Des « chicken nuggets » synthétiques déjà sur le
marché !
« D’ici 20 ans, vous mangerez des viandes de substitution » (la photo
montre de la viande « cultivée » en laboratoire). En réalité, la
viande synthétique est déjà arrivée sur le marché depuis plusieurs mois…
En décembre 2018, la société californienne Just Inc. avait affirmé qu’elle
espérait lancer ses chicken nuggets synthétiques sur le marché avant la fin
du mois. Le seul obstacle à leur commercialisation ? L’absence d’un cadre réglementaire.
Une question qui allait être réglée en mars 2019, grâce à une convention entre les deux agences alimentaires
concernées (FDA et USDA).
« Mmh, c’est bon ! ». En décembre 2018, le Wall Street Journal
était allé rendre visite à la société Just Inc. en Californie. L’occasion
pour le CEO de l’entreprise d’annoncer que son produit était déjà prêt à être
commercialisé…
Les chicken nuggets synthétiques de Just Inc. sont donc arrivés
sur le marché américain il y a plusieurs mois de cela. Alors pourquoi n’en
entend-on subitement plus parler dans les médias ?
D’autant plus que le CEO de la société est parfaitement certain que « des millions
de personnes » consommeront bientôt ses produits !
La plus grande chaîne de supermarchés suisses a investi dans la
société israélienne Aleph Farms, pionnière du steak de bœuf synthétique.
Quant à sa grande concurrente Coop, l’une de ses filiales (Bell Food) a pris
des participations dans la société néerlandaise Mosa
Meat, qui avait confectionné le
premier hamburger synthétique en 2013 déjà…
Le fait de vendre de la viande synthétique en supermarché est un objectif
affiché du fondateur de Mosa Meat (ici au Forum de Davos, en octobre 2015).
Le Prof. Mark Post est d’ailleurs convaincu qu’à terme, sa viande de
laboratoire se vendra « quatre fois moins cher » que la viande
d’élevage…
Attendez, mais alors… Se pourrait-il que l’on donne déjà à manger des chicken
nuggets synthétiques à des foules d’amateurs de fast-food… sans
même qu’ils le sachent ?
« On a une catégorie de produits [alimentaires synthétiques] qui
est tout simplement incroyable – ils ne peuvent pas être
distingués du produit animal original, même par des gourmets
extrêmement avisés. » (dixit le Prof. Patrick Brown de l’Université de
Stanford… en février 2012 !)
Des nuggets et hamburgers synthétiques déjà en vente chez
McDonald’s ?
Au début de
l’année 2017, la ‘start-up’ californienne Memphis Meat produisait déjà des chicken nuggets synthétiques à la chaîne…
Il y a en effet bien des raisons de penser que McDonald’s a déjà commencé
à servir de la viande synthétique à sa clientèle. Au cours des dernières
années, ses deux principaux fournisseurs de viande – Tyson Foods et Cargill –
ont en effet investi dans des sociétés qui maîtrisent aussi bien la
production des chicken nuggets que celle des hamburgers synthétiques* !
La multinationale agroalimentaire Cargill,
grand fournisseur de McDonald’s (et qui investit justement dans la viande de
laboratoire*), souhaite « réduire les émissions de méthane » liées
à sa viande de bœuf. Un objectif parfaitement compatible avec la production
de viande synthétique !
Pour l’agence environnementale de l’ONU, la viande
d’élevage est l’ennemi numéro 1 de l’humanité – rien de moins. Parmi les
solutions envisagées : manger moins de viande… ou passer à la viande
synthétique ! En 2015, McDonald’s s’était justement fixé des objectifs
de développement durable ONU-compatibles « ciblés sur le bœuf et la volaille » !
Tout ceci pourrait d’ailleurs expliquer une annonce tonitruante de
McDonald’s, qui s’était engagée en fin d’année 2018 à réduire l’utilisation des antibiotiques dans sa viande de
bœuf. Car c’est un fait communément admis : les
antibiotiques ne sont pas nécessaires à la production de viande de
laboratoire ! (Celle-ci étant produite in vitro, dans
un environnement stérile).
En 2016 déjà, la chaîne d’information nationale canadienne CBC avait
annoncé l’arrivée sur le marché non seulement de viandes – mais également
d’œufs et de laitages synthétiques !
Une information confirmée récemment par le célèbre magazine
économique Forbes, pour lequel « le boeuf sans animal n’est qu’un
début » !
Autre indice : en avril 2019, McDonalds avait subitement annoncé que 33% de ses œufs ne provenaient plus de poules « élevées
en cage ». Or, cette déclaration inattendue intervenait un
mois tout juste après le feu vert des autorités américaines à la
commercialisation « d’aliments humains produits à l’aide de technologies
cellulaires »…
Une catégorie à laquelle appartiennent non seulement la viande et le
poisson, mais également le lait et les œufs synthétiques (comprenez : le blanc
et le jaune d’œuf produits sous forme liquide). Or, si les œufs de
laboratoire sont relativement peu médiatisés (tout comme le lait synthétique, d’ailleurs), ils n’en
existent pas moins depuis plusieurs années déjà.
En mai 2019, Bloomberg avait
expliqué qu’une « course » était lancée pour remplacer les œufs
naturels par des « protéines d’œuf appétissantes ». L’on y
apprenait aussi que le fabricant de viande synthétique Just Inc. avait déjà
signé des contrats avec « de gros fournisseurs d’œufs »…
… et cela tombe bien, puisque la
demande de blanc d’œuf explose dans le secteur du fast-food industriel (sur
la photo, le CEO de Clara Foods, une autre société californienne qui produit
du blanc d’œuf artificiel « plus performant que le naturel » – avec le
soutien de la banque Barclays)
Enfin, on pourra relever ces deux citations peu banales des dirigeants de
Mosa Meat, la société qui avait produit le premier hamburger synthétique en août 2013 :
« On peut modifier les cellules [de viande synthétique] pour les
rendre plus riches en omégas-3. […] De sorte que votre médecin pourrait un
jour vous prescrire deux visites hebdomadaires chez
McDonald’s. » (Prof. Mark Post,
co-fondateur de Mosa Meat)
Ou encore :
« Un extrait de bœuf permet de produire 800 millions de faisceaux
musculaires [synthétiques], soit « la quantité nécessaire pour la production de
80’000 Big Macs » » (communiqué conjoint de
Mosa Meat et du producteur de viande suisse Bell)
On l’aura compris. Le leader européen de la viande synthétique semble
particulièrement intéressé à une coopération étroite avec McDonald’s…
Pour le célèbre magazine high-tech
californien Wired, « la viande de laboratoire arrive que cela vous
plaise ou non ». Et de remettre une couche de cynisme :
« McDonalds vend 75 hamburgers chaque seconde. […]
La viande synthétique sera-t-elle parfaite dès le début ? Certainement
pas. Mais bon, les condiments sont là pour ça. »
Comment faire accepter la viande synthétique ? La leçon de com’
du Prof. Mark Post
Au cours d’un exposé au Forum de Davos, le Prof. Mark Post, qui se trouve
être le co-fondateur de la société Mosa Meat, s’était interrogé sur la
meilleure manière de convaincre le public d’ingurgiter ses aliments produits
en laboratoire.
Or, voilà la conclusion à laquelle était parvenue le scientifique : on
peut faire avaler n’importe quoi aux gens, si 1) ils trouvent cela bon et 2)
ils ont l’impression que le produit ne présente pas de danger.
Il s’agissait en somme de tirer les enseignements du succès du hot
dog : « La plupart des gens ne savent pas ce qu’il y a
dedans et la plupart des gens ne veulent pas savoir comment c’est produit –
et pourtant ils le mangent. Le point essentiel – à part le fait que ce n’est
pas cher – c’est que c’est sûr. Vous avez vu des gens manger des hotdogs – et
ils restent en vie. »
Ainsi, pour « surmonter les réticences », il suffira que nous
voyions de la viande synthétique « être mangée par beaucoup d’autres
personnes » durant « un certain temps ».
Tout indique que ce processus a déjà commencé…
« On peut lui donner un goût qui
plaît aux enfants et ajouter des couleurs… »
*GROS PLAN : Les deux principaux fournisseurs de McDonalds
misent sur la viande synthétique !
- En 2018, le géant agroalimentaire Tyson Foods a racheté
la société Keystone, qui fournit à McDonald’s l’intégralité de ses chicken
nuggets. La même année, Tyson Foods a également investi
dans Memphis Meat, la grande pionnière des chicken nuggets
synthétiques ! (cf. illustration ci-dessus)
- Tyson Foods fournit 150 millions de livres de bœuf à McDonald’s
chaque année. Or, l’année dernière, Tyson Foods a investi dans une
‘start-up’ israélienne qui promettait de produire du hamburger
synthétique à 5$ le kilo « en 2019 »…
- La multinationale agroalimentaire Cargill, qui
fournit également McDonald’s en viande à hamburger, a pour
sa part investi dans Aleph Farms – la première société au monde à avoir
réussi à créer du bifteck de laboratoire ! Une prouesse
bien plus exigeante que la production de simples hamburgers…
Et n’oublions pas le poisson ! Car si la viande synthétique a en général
pour vocation de « préserver le climat », la viande de poisson
synthétique, a, plus précisément, celle de « sauver les océans ».
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