Dans une série d’articles
publiés sur www.paulcraigroberts.org,
j’ai expliqué pourquoi je pense que les prix de l’or et de l’argent sont
manipulés par les banques commerciales, qui agissent à titre de représentantes
pour la Réserve fédérale.
Les prix des métaux physiques
sont manipulés à la baisse afin de protéger la valeur du dollar de la croissance
phénoménale de la masse monétaire née des programmes d’assouplissement
quantitatif de la Réserve fédérale et de ses politiques de taux d’intérêt
proches de zéro.
La Réserve fédérale est parvenue
à protéger la valeur du dollar face aux autres devises de réserve – yen, euro
et livre sterling – en poussant leurs banques centrales à créer elles-aussi
de la nouvelle monnaie à foison au travers de leurs propres programmes d’assouplissement
quantitatif.
L’impact de la création de
monnaie fiduciaire sur le métal physique doit en revanche être contrôlé par
la suppression des prix. Il est possible de supprimer les prix de l’or et de
l’argent, parce que ces prix sont déterminés non pas sur les marchés
physiques, mais sur les marchés à terme sur lesquels les ventes à découvert n’ont
pas à être couvertes, et où les contrats peuvent être satisfaits en espèces
plutôt qu’en métal physique.
Parce que les positions à
découvert sur l’or et l’argent peuvent être à nu, des contrats à terme sur l’or
et l’argent peuvent être imprimés dans des quantités illimitées, de la même
manière que le papier monétaire de la réserve fédérale, et injectés sur les
marchés à terme. En d’autres termes, parce que le marché des contrats à terme
est un marché papier, il est possible de créer de très importantes quantités d’or
papier qui peuvent soudainement être déversées sur le marché afin de faire
baisser les prix. A chaque fois que l’or enregistre une fluctuation à la
hausse, de très importantes quantités de contrats à terme sont injectées sur
le marché, et le prix de l’or est forcé à la baisse. C’est la même chose sur
le marché de l’argent.
La manipulation des prix de l’or
et de l’argent empêche les deux métaux de signaler aux marchés la dévaluation
du dollar causée par la création monétaire de la Fed. C’est cette capacité à
manipuler les prix des métaux précieux qui protège la valeur du dollar d’une
destruction totale.
Le prix de Bitcoin a récemment
flambé pour passer de 1.000 à 2.200 dollars en seulement quelques semaines.
Deux explications peuvent y être apportées. La première est que la Réserve
fédérale a décidé de se débarrasser d’une devise concurrente et en a acheté
pour en faire grimper le prix, avant de revendre sa position sur le marché
afin de le faire s’effondrer et faire fuir les utilisateurs potentiels de
Bitcoin. Souvenez-vous que la Fed peut créer autant de monnaie qu’elle le
souhaite et n’a pas à se soucier de ses pertes potentielles.
Une autre explication pourrait
être que ceux qui s’inquiètent des devises fiduciaires mais sont frustrés par
leurs tentatives de trouver refuge sur le physique ont réalisé que les
quantités de Bitcoins en existence sont limitées et que les contrats à terme
sur Bitcoin doivent être couverts. Il est strictement impossible pour une
banque centrale de créer des Bitcoins. Ainsi, Bitcoin peut jouer le rôle de l’or
et de l’argent supprimés.
Le problème des devises
cryptographiques est que, bien que l’offre de Bitcoins ne puisse augmenter, d’autres
crypto-devises peuvent être créées. Afin de pouvoir être fiables, chacune de
ces devises doit être disponible en des quantités limitées. En revanche, un
nombre illimité de crypto-devises peut être créé, pour en faire grimper l’offre.
Et si les entrepreneurs n’en créent pas davantage, la Fed pourrait décider de
le faire.
Ainsi, les devises
cryptographiques ne peuvent représenter qu’un refuge temporaire face à la
création de monnaie fiduciaire. Ce qui nous laisse l’or et l’argent, dont l’offre
ne peut augmenter que graduellement au travers de la production minière,
comme seuls refuges face à la destruction des devises fiduciaires par la
création monétaire.
Tant que la Réserve fédérale
pourra protéger le dollar en supprimant le prix des métaux précieux et en
poussant les autres banques centrales à créer de la monnaie, et tant qu’elle
pourra contenir l’afflux de nouveaux dollars vers l’économie au sens large, ses
politiques ajouteront au capital de ceux qui sont déjà riches. La raison en
est que, plutôt que de faire grimper les prix à la consommation et de menacer
la valeur du dollar au travers d’une hausse du taux d’inflation, les
largesses de la Fed ont profité aux prix des actifs financiers tels que les
actions et les obligations. Les prix des obligations sont élevés parce que la
Fed en a forcé le prix à la hausse en achetant sur le marché obligataire. Et
les prix des actions sont élevés parce que l’abondance de monnaie a fait
grimper les valeurs plus que les profits ne peuvent le justifier. Parce que
le gouvernement mesure l’inflation de manière à toujours la sous-estimer, l’indice
des prix à la consommation n’envoie pas de signal d’alarme aux marchés.
Les politiques de la Fed n’ont
donc pas bénéficié à la population américaine, et ont fait flamber la valeur
des portefeuilles des riches. C’est là la raison pour laquelle les riches
deviennent de plus en plus riches alors que le reste des Américains est toujours
plus pauvre.
La Fed a manipulé le système en
le nom des riches, et leurs serviteurs des médias financiers et de la
communauté des économistes néolibéraux ont simplement dissimulé l’affaire.