La politique expansionniste de la BNS se poursuit au profit du casino
américain bien évidemment. Communication digne des spin doctors et opacité
entourent ce qui fut autrefois une noble institution. Mais ça c’était avant
la restructuration de 2003 et les crises successives menées de main de maître
par le casino américain.
Chiffres du premier trimestre 2016
Sous le couvert d’une surévaluation face à l’euro, le bilan de la BNS
continue de croître mais surtout sous la rubrique du dollar américain. Voici
les chiffres à fin mars 2016.
Le bilan de la BNS est passé de 640 à 646 milliards de francs en un
trimestre (rouge).
Passif de la BNS au premier trimestre 2016
- Les investissements en devises:
La politique de la BNS est résolument pro américaine. Elle continue
d’investir massivement en dollar américain alors même qu’elle prétend réduire
la surévaluation du franc suisse face à l’euro.
En un trimestre, les investissements en dollar US sont passés de 193 à 198
milliards de francs (rouge), soit une progression de 12 milliards de dollar
US (orange).
En parallèle, les investissements en euros ont chuté de près de 3 à 4
milliards (Mauve et jaune).
Nous pouvons alors confirmer sans prendre le moindre risque que la
communication de la BNS passe sous silence d’autres intentions que celles qui
sont affichées!
- La source de financement de ce bilan
Ce financement massif et inquiétant se fait principalement par le comptes
de virement des banques en Suisse qui affiche 421 milliards de francs!(en
vert sur le tableau ci-dessus du passif)
A cela s’ajoute d’autres engagements vis-à-vis de l’étranger.
Cette politique expansionniste apporte de l’argent frais massif au marché
financier qu’il ne manque pas d’enrichir.
Mais la question sous-jacente et brûlante est double:
- La source de financement est-elle une simple
écriture sortie de nulle part et posée dans les ordinateurs devant un
compte?
- Ou sont-ce les liquidités du trafic de paiement,
des dépôts des citoyens auprès des banques, des grandes entreprises et
des caisses de pension?
Nous optons depuis bientôt 5 ans pour la variante 2 sans conteste.
Regardez bien le tableau des passifs. Il affiche 3 colonnes qui sont de
vraies dettes qui n’ont plus jamais été utilisées:
- Engagements en francs suisses résultant de pensions de
titres
- Propres titres de créances ou SNB bills (obligations au
nom de la BNS)
- Autres engagements à terme
Ces colonnes ont énormément servi dans le sauvetage de UBS. L’été 2011 a
vu le début de leur décroissance au profit du fameux compte de virement des
banques en Suisse qui correspond au trafic de paiement interbancaire en
Suisse (cf le casino américain est le grand gagnant de la crise de 2011).
Par ailleurs, si le législateur avait autorisé la BNS à faire usage d’une
simple monnaie scripturale, pourquoi aurait-il prévu des colonnes
d’endettement dont celle des émissions d’obligations de la BNS?
Pourquoi jusqu’en 2011, la BNS avait-elle émis des obligations pour les
supprimer ensuite?
On peut constater facilement que le compte de virement des banques en
Suisse était plus « light » tant que les autres obligations/dettes
apparaissaient en clair dans les colonnes prévues par le législateur
Il faut rappeler ici que les Obligations de la BNS sont une émission de
titres en échange desquels la BNS reçoit du CASH! Elle devrait être une
source de financement-clé!
Il en va de même pour les pensions de titres! Cette colonne avait
largement été sollicitée pour le sauvetage de UBS.
La comptabilisation des dettes a changé à partir de la crise des banques
européennes.
Bref, la réalité est que nous avons grâce au mécanisme du
sauvetage de UBS, la preuve que la BNS ne crée pas de liquidités ex nihilo
mais doit s’endetter comme n’importe quelle entreprise privée.
Elle ne détient pas de droit régalien de création monétaire
scripturale ex nihilo. Celle-ci est réservée aux banques
commerciales privées. Sa consistance vient des actifs de leurs clients
endettés.
Achats et endettement de la BNS passent principalement par ce compte de
virement des banques en Suisse. L’argent local est aspiré à cette hauteur
pour être déversé par la suite dans le casino.
Ce faisant, cet argent utilisé à financer sa politique d’investissement
n’est plus disponible pour l’économie locale et réelle. Toute sorte de
restrictions de retraits (LPP, compte courant, compte épargne,…) frappent le
citoyen.
La politique monétaire de la BNS participe clairement à la destruction de
l’économie du pays. Déflation et récession sont là pour sanctionner cette
politique inique. La prospérité suisse tant vantée repose en fait sur
une demande intérieure galvanisée par l’arrivée de 1 millions de
personnes en 10 ans, par la progression dans le recrutement de personnel
soignant (+900 par mois) et des fonctionnaires (+200 par mois)! Rien de très
prometteur pour l’avenir…
Quant à la place financière suisse qui a connu une hémorragie d’envergure,
elle n’est plus que l’ombre d’elle-même.
Une communication anesthésiante
Alors quid de cette communication sur le franc fort? Elle rappelle en tout
point le livre de Judith
Barben sur les Spin doctors de la Berne fédérale. Pourtant, il reste un
point clé que les marchés financiers visent à travers la BNS: Continuer à
siphonner les avoirs des caisses de pension et de l’épargne. Pour ce faire,
il faut alléger toujours plus les contraintes imposées à ces caisses. Ca a
déjà été fait, mais manifestement pas encore assez… Un président du comité de
placements des Fondations de prévoyance d’un établissement suisse
déplorait récemment que l’OPP2 n’autorise de placer que 15% en
alternatifs. «Les possibilités de placements en alternatifs sont nombreuses
et souvent attrayantes».
Décidément, les marchés n’en ont pas fini avec la Suisse. Il reste encore
de beaux morceaux à consommer et la BNS semble une excellente alliée…
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