Avachis à coté de leur arbre de
Noel, la plupart des américains ont manqué le plus important de
2011. Le Père Noel avait déjà vidé sa hotte de
cadeaux avant la nuit des
miracles et s’en était retourné au Pôle Nord
pour vérifier son bilan afin de voir si il pourrait tirer un peu de
cash de la vente de quelques actifs restants au Blackstone Groupe ou peut être
monter un LBO avec Kohlberg Kravis Roberts. Quelques elfes avaient bien rejoint
les files d’attente de l’ANPE locale, et ils pensaient pouvaient
s’en tirer grâce à des demi rations et des tickets de nourriture.
Ou peut-être que
Henry Kravis les nourrirait avec des steaks de rennes, tant qu’il en
resterait.
Il est absolument remarquable de voir comment
l’énorme conge-fête de fin d’année suspend le
temps et toute autre chose d’importance. Il n’était pas possible
de voir il y a quinze jours comment les banques Européennes pouvaient
s’en sortir avant le 25 Décembre, mais tout à coup,
simultanément à la ruée de shopping de fin
d’année, des lignes de swap se sont ouvertes entre la FED et la
BCE, et 600 milliards de prêts à 0% ont afflué vers 200
banques Européennes. Il
est possible que ce montant couvre les deux prochaines semaines de
refinancement de leurs dettes, et puis quoi ?
Comment ne pas être impressionné
par la capacité de ces banques centrales, et de leurs propriétaires exploitants, à continuer
à faire circuler d’immenses quantités d’argent notionnel ?
Malheureusement, chaque cycle de lavage-rinçage laisse les certificats
de papier un peu plus pales et un peu plus fins, et viendra bientôt le
temps où ils apparaitront juste comme des bouts de papier blanc. Mais des rackets de cette taille et de
cette insolence ne seraient pas possible, sauf dans une culture si
éloignée de la vérité que tout peut passer sans
la moindre remarque.
J’imagine comment seront les prochains sapins de Noel, et les
espaces vides entre le plancher et les premières branches, là
où l’on trouvait, avant, les cadeaux du Père Noel.
J’imagine bien qu’il faudra
quelques semaines, peut être tout l’hiver, pour que le sentiment
de s’être fait escroqué commence à se faire sentir du
côté des victimes. Vous pouvez déjà ressentir un
subtil grondement venant de loin, et l’hiver est la bonne époque
pour entendre ces bruits de fond, comme de profonds grondements de frictions
de la glace dans le noir le plus profond de la nuit près d’un
lac gelé. Viennent bien un
jour les torrents et les tumultes du printemps. Je suppose que ce qui bluffe la
plupart d’entre nous est l’échec apparent de cette fine
tranche démographique habituée à réfléchir
à manifester la moindre objection aux escroqueries et brigandages organisés
de cette époque. En
d’autres temps, ces personnes avec des lobes frontaux actifs auraient
identifié depuis longtemps ces activités criminelles pour ce
qu’elles sont. Apparemment,
les diatribes de Paul Krugman sont des narcotiques aussi puissants que les
courses automobiles.
J’ai peur toutefois que nous ne soyons
allés trop loin. Il y eut un temps en Amérique ou vivait
l’espoir que M. Obama allait restaurer l’état de droit,
mais il est allé bien plus loin dans la direction opposée en
détraquant les leviers de la vérité, et dans un style
tellement génial que personne ne s’en est aperçu, non
plus. Cette fine tranche
démographique à laquelle je faisais allusion
précédemment doit avoir hypothéqué son âme
depuis trois ans pour pouvoir simplement continuer à
réfléchir. Et donc, lorsque ceux qui se sont fait avoir se réveilleront de
leur sommeil de zombies, leur sainte colère se manifestera avec une
violence infernale.
Il est des époques où nul
gouverneur intellectuel n’émerge dans ce type de situation,
comme ce fut le cas lors de la révolution française. Lorsque les avocats, les
théoriciens politiques et les philosophes s’y sont
collés, le sang a vraiment commencé à couler.
Est-ce ce scenario qui va se jouer dans les
mois et les années à venir ? C’est ma conviction.
Nous avons laissé nos sociétés créer une
aristocratie toxique de privilèges et de méga-riches aussi
arrogants (ou pire) que les parasites de Versailles. Je confesse que j’aimerais bien
que nous ayons un peu de Grand Guignol.
Il y a quelques financiers que je verrais bien traités à
la manière de Vlad III, prince de Wallachian, le célèbre
« Empaleur ». Et quel meilleur endroit pour cela que
Zuccotti Parc, un endroit bien plus intime que la Place de la Concorde qui
génère tant d’agoraphobie. Vous verrez ce qui arrive
lorsqu’en l’absence de la règle de droit même les
hommes prudents font appel
à leur cerveau reptilien.
Le plus intéressant dans
l’histoire d’amour de l’Amérique avec
l’Ouest Sauvage est
qu’il y avait toujours un Est civilisé vers lequel se retourner,
- au cas où vous arriviez à revenir en un seul morceau. Eh bien voilà. D’abord la
frontière de l’ouest a été fermée il y a
plus de cent ans, et maintenant nous nous réveillons le matin de
Noël et nous apercevons que tout le pays, d’un océan
à l’autre, s’est décomposé et est en
état de décomposition avancée.
Tirez le meilleur de cette semaine brumeuse et
en animation artificielle pendant que vous le pouvez encore.
Je reviendrai lundi prochain avec mes
prévisions pour 2012.
|