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Comme vous le
savez, la presse classique a été plus que réticente
à rapporter les nouvelles du Climategate (cf. ClimateGate 1, 2, 3, 4). Mais en matière de réchauffement
climatique, certains journalistes restent intarissables dès qu'il
s'agit de réveiller les peurs du grand public par des articles de
pseudo-science très alarmistes dont certains sont des chefs d'oeuvre
de désinformation.
Il est impossible d'être exhaustif, mais analysons, en termes aussi
pédagogiques que possible, quelques biais mis en oeuvre par
nombre d'articles de presse alarmistes, à travers l'exemple concret de
la fonte des glaces polaires et du niveau des mers, dont bien des gens croient
aujourd'hui de bonne foi qu'il pourrait augmenter de façon
catastrophique.
I - Le
raisonnement général du réchauffement et sa
simplification abusive
La théorie du GIEC n'est valide
que si chacun des axiomes de l'enchaînement logique ci
après, est vérifié:
"Raisonnement
Complet"
1. - La Terre se
réchauffe ET
2. - Ce
Réchauffement est inhabituel ET
3. - Ce
Réchauffement inhabituel est dû essentiellement à nos
rejets de CO2 ET
4. - Ce
Réchauffement inhabituel et anthropogénique a des
conséquences catastrophiques pour l'avenir ET
5. - La meilleure
politique pour lutter contre ces catastrophes futures est de lutter contre
les rejets de CO2 dès à présent
La totalité du processus mis en oeuvre à Copenhague n'a de
validité que si chacune de ces cinq propositions est validée.
Or, de nombreux scientifiques climato-réalistes de très haut
niveau ont très abondamment argumenté les points 2 à 5 (voir ici 450 papiers scientifiques
sur le sujet, non exhaustifs - Ah non, 500, la
page vient d'être mise à jour !).
Cet enchainement logique et la nécessité qu'il soit
intégralement validé pour que les thèses alarmistes le
soient, devraient être constamment rappelés, car trop
souvent de nombreux articles de presse nous servent des
pseudo-raisonnements de ce type :
"Dé-raisonnement" :
1. Exemple :
"les pôles fondent" (variante
: les glaciers reculent)
DONC
2. C'est bien la
preuve qu'il y a réchauffement
DONC
3. "Il faut
limiter les émissions de CO2"
Les raisonnements de ce type, courants de la part des organes de presse qui
accréditent les thèses "réchauffistes", sont
erronés: outre que leur prémisse (1) est souvent contestable
(voir plus loin : la Fusion des Glaces polaires n'est pas pour demain), ils
font l'impasse sur les questions 2, 3, 4 et 5 du "Raisonnement
complet", et notamment son point n°3 :
==> Une CONSEQUENCE, réelle ou
hypothétique, d'un réchauffement, ne peut pas être
considérée comme une PREUVE que ce réchauffement est
provoqué par nos rejets de CO2.
Cette faute logique, confondre
"conséquence et causalité", est omniprésente dans
le débat.
Ce préalable étant posé, ce simple rappel à la
raison et à la logique ne suffira pas à calmer les grandes
peurs instillées par les "climato-alarmistes". Il faut donc
souvent répondre aussi sur le fond des grandes peurs qui nous sont
servies en étape 1 du pseudo-raisonnement exposé ci dessus.
Cet article se propose de le faire en prenant pour exemple la fonte des
glaces polaires et leur relation avec le niveau des mers. Que faut il en
penser ? Quelles qu'en seraient les bien hypothétiques causes ?
Y-a-t-il danger ou pas ?
II - Le mythe de
la fonte des glaces polaires et du niveau des
mers
Ah, la fonte des glaces... Les catastrophistes nous abreuvent de
métaphores effrayantes à ce sujet: New York sous 6
mètres d'eau, les images choc du film d'Al Gore, la submersion des
iles Maldives, et tous les articles alarmistes des Huet et Foucart de notre
presse de révérence qui veulent nous faire croire que
"l'ouverture estivale régulière de la route maritime du
nord sera une réalité" et que, bien sûr, c'est une
catastrophe.
Il est temps de tordre le cou à ces superstitions
dénuées du moindre fondement scientifique.
La fonte des
glaces : ne pas confondre banquises et calottes polaires
Tout d'abord, rappelons que les glaces polaires se divisent en
"banquise", composée d'eau de mer gelée, qui flotte,
et en glaces terrestre, généralement appelées
"calotte". Des cassures de la banquise ou de ces glaciers
terrestres sous l'effet de leur poids, tendent à rejeter dans la mer
de grands blocs, les Icebergs.
Questions
subsidiaires - Nous négligerons
ici les volumes des glaciers terrestres montagnards non polaires, qui
représentent des volumes très inférieurs aux glaces
polaires, même s'ils font beaucoup parler les journalistes. Leur fonte,
si tant est que les problèmes qu'elle engendre soient
supérieurs aux bénéfices de leur recul constaté
en certains endroits (et pas en d'autres, mais ne compliquons pas), est une
question distincte de celle qui nous occupe par rapport au niveau des mers.
La
question de la très hypothétique fonte du permafrost
sibérien, et des hydrates de méthane, a également fait
couler beaucoup d'encre de presse ces dernières années: elle
sera étudiée ultérieurement, afin de conserver le
présent article dans des dimensions... Pas trop déraisonnables.
Comme vous le savez, la densité de la glace est moindre que celle de
l'eau et encore moins que celle de l'eau de mer: la densité de la
glace est de l'ordre de 917kg/m3, celle de l'eau douce est de 1000kg/m3,
quant à l'eau de mer, elle culmine a environ 1025kg/m3* (variable
selon la salinité).
Il résulte de cela que la partie immergée de l'Iceberg occupe
le même volume que la totalité de l'eau dudit Iceberg une fois
la glace intégralement fondue. Cela peut également se
déduire par l'application du théorème
d'Archimède, que tout élève de terminale scientifique
normalement constitué doit maîtriser. Par conséquent, et
ceux qui auraient de la peine à me croire pourront le lire
sur le site de l'Ifremer, "La fonte de la banquise n'a
aucune incidence sur le niveau de la mer."
Autrement dit, la fonte de la banquise n'est pas un problème en terme
de niveau côtier des mers, et si les "routes du nord", au
dessus des côtes russes ou canadiennes, venaient à être
circulables de façon récurrente en été, cela
n'aurait sans doute que des avantages et aucun inconvénient en
matière de niveau des eaux.
Seule serait potentiellement gênante une fonte significative des glaces
de la calotte glaciaire terrestre des pôles. Toujours selon l'Ifremer,
une fonte intégrale pourrait augmenter le niveau des eaux de l'ordre
de 70 mètres, plus précisément 67 selon les chiffres
fournis par cet institut. Il n'y a aucune raison de douter des ordres de
grandeur, la glace représentant 24 millions de km3, et l'océan
361 millions de km2. Une fonte de seulement 10% de cette calotte pourrait
donc augmenter le niveau des mers de 6,7 mètres, et de 1% de 67
centimètres (valeurs
surestimées ne tenant pas compte de ce que les côtes ne sont pas
verticales...).
Mais quelle est la probabilité pour qu'une fusion si importante se
produise dans un avenir discernable ?
Pour se faire une
idée, revenons à la banquise: la plupart des terres
émergées de l'antarctique et de l'arctique sont situées
à une altitude significativement supérieure à celle du
niveau de la mer. La température s'abaissant d'à peu près
6°C tous les 1000m, il apparait qu'une fonte significative des glaces
terrestres serait précédée d'une réduction
considérable de la banquise marine.
Donc, même
si la fonte de la banquise n'a pas d'incidence directe sur le niveau des
mers, ce peut être un bon "indicateur de danger".
Or, la presse
nous le dit, "à
ce train là, la banquise arctique aura bientôt disparu en
été !" - Qu'en penser ?
Est-ce une
hypothèse bien raisonnable ?
L'université
d'Illinois maintient un graphe des variations mesurées de la surface
arctique depuis 1978.
On s'aperçoit d'une part que la variation de la surface de glace
pendant l'année est très importante, l'amplitude entre le point
haut de l'hiver et le point bas de l'été, variant de 9 à
10 millions de km2, soit approximativement 16 à 18 fois la superficie de
la France, ou la superficie du Canada. La surface des banquises est à
peu près 3 fois plus importante en hiver qu'en été.
D'autre part, on aperçoit effectivement une baisse du point bas de
l'été, de 5.5M km2 en 1978, à 3M en 2007. On peut
également voir une reprise de ce point bas depuis 2008 et 2009, qui a
regagné 500 000 km2. Mais pour une fois, j'abonderai dans le sens des
alarmistes en observant qu'une reprise sur un intervalle de temps aussi
faible ne peut pas être interprétée comme une certitude de
retournement de tendance, ce peut aussi être une simple
"oscillation" météorologique d'un
phénomène climatique baissier. Ou peut-être pas. La
lecture de la littérature sur le sujet montre que personne n'a de
réelle certitude sur la question.
Toutefois, ce retournement, au minimum ponctuel, et en tout cas bien
réel, nous indique clairement que les messages catastrophistes de ces
derniers mois sur la fonte des glaces sont au minimum exagérés
: la tendance n'est pas à une accélération de la fonte
de la banquise.
La photo ci dessous, juxtaposant deux photos satellites de date à date
(source des photos),
montre que depuis 2 ans, à la même date (point bas du 15
septembre 2007 et 2009), la surface des glaces arctiques a commencé
à ré-augmenter, notamment en direction du détroit de
Bering, et ce même si, pour la première fois depuis longtemps,
un étroit corridor de mer semble avoir été ouvert pour
quelques jours à l'extrême Nord de la Sibérie.
L'ouverture de cette route ne doit donc en aucun cas être
considérée comme un signe "alarmant" de fonte
anormale des glaces, mais comme une fluctuation normale de la forme
générale prise par la banquise au cours de l'année, du
fait de phénomènes météorologiques* par nature
très peu prévisibles. En jouant avec les dates dans cette page, vous
verrez qu'à date identique, la forme de la banquise peut varier de
façon assez importante d'une année sur l'autre.
Mais au fait, la terre comporte deux
pôles, et le maximum de la banquise arctique correspond peu ou prou au
minimum de la banquise antarctique, et vice versa. Comment se comporte la
banquise antarctique depuis la même période ?
Là encore, on constate que la déviation de la surface de la
glace marine par rapport à sa moyenne observée entre 1979 et
2000 se situe dans un fuseau à peu près constant de +/- 1M km2,
avec une période "chaude" (moins de glace) au début
des années 80, et une période visiblement plus "froide"
(plus de glace) ces dernières années, sans que cela ne trahisse
autre chose, pour l'instant, que des aléas
météorologiques. Bref, la banquise antarctique est
remarquablement stable dans le temps depuis que l'on la mesure, c'est
à dire, en fait, depuis très peu de temps.
Et que donne la somme des deux ? (cliquez pour agrandir l'image)
On voit qu'il y a au niveau de la planète un cycle assez
régulier de la banquise, dont la surface varie chaque année
entre 15 et 23 M de km2 (soit environ 19 en moyenne), bref,équivalente
à la surface de la Russie (mini) et l'ex URSS (maxi), et ce, sans que
la moindre variation saisonnière significative du niveau des mers sous
les latitudes vivables ne soit observable, ni observée,
Archimède oblige.
Les années récentes montrent une légère baisse
d'environ -1M km2 de la valeur moyenne de la somme des banquises des
pôles nord et sud. Comparé à la taille totale de la
banquise N+S, représente une fluctuation de l'ordre de +/- 5% autour
de la valeur moyenne qui ne saurait nous alarmer outre mesure. Ajoutons que
les années récentes ont marqué une très nette
pause dans le réchauffement global de la terre (et même une
légère baisse si l'on tient compte de "l'accident" el
Nino en 1998). L'anomalie négative observée est donc
probablement liée à des phénomènes
météo, voire au volcanisme sous-marin et sous glaciaire sur la
petite péninsule de l'antarctique qui se réchauffe - et qui de se fait attire toutes
les caméras alarmistes du monde entier - alors que
tout le reste du continent blanc se refroidit.
Bref, la surface globale des glaces depuis que l'on sait la mesurer
(années 70) est d'une remarquable stabilité, et rien ne permet
d'affirmer que les variations de surface totale observées sortent
d'une épure normale. Selon plusieurs historiens, le nom de
"Groenland" vient de ce que la "terre verte" avait
été colonisée par des vikings lors de l'optimum des
températures médiéval: un tel phénomène
n'est plus observé aujourd'hui.
"Oui, mais
l'épaisseur de la glace ? "on dit" qu'elle serait plus
fine" ?
Il est extrêmement difficile d'avoir des mesures continues
d'épaisseur de la glace, car les satellites ne savent pas
l'évaluer, et il n'est pas possible de maintenir des moyens
d'observation terrestres en permanence sur l'Arctique avec un bon niveau de
couverture. Toutefois, un certain nombre d'observations, notamment conduites
par des sondes embarquées par un avion affrété par le
Wegener Institute d'Allemagne, semble montrer que les craintes sur l'épaisseur des glaces arctiques ne sont pas
fondées, et que par endroits, on mesurerait
plutôt une augmentation. Ceci dit, il ne semble pas possible de tirer
une tendance nette de mesures aussi difficiles à réaliser, et
donnant comme résultat des variations aussi faibles.
Oui, mais
plusieurs journaux viennent d'affirmer que la qualité de la glace se
délitait, que "la glace devenait pourrie" ?
Dans la même veine, quelques scientifiques alarmistes tirent la
sonnette d'alarme dans les journaux, et un certain D. Barber
est actuellement souvent cité, car il affirme que la glace serait plus
fine, employant le terme de "pourrie" (rotten). Selon lui, les
satellites, du fait de leur incapacité à mesurer
l'épaisseur de la glace (ce qui est vrai), ne seraient pas fiables.
Outre les recherches du Wegener Institute plus haut exposées, notons, comme le fait Anthony Watts,
qu'aucun des grands organismes de surveillance de la banquise et de la
calotte glaciaire ne reporte le même phénomène: ni
l'université d'Illinois, ni celle d'Alaska, ni les organismes japonais
d'observation des glaces, ni aucun autre organisme de référence
en matière de mesures glaciaires. Cela ne constitue pas une preuve
d'erreur de M. Barber, mais là encore, les journaux qui
répercutent ce genre d'affirmation sans la moindre pondération
ne rendent pas grâce à la méthode scientifique.
Et puis rappelons le une dernière fois: vis à vis du niveau des
mers, l'épaisseur de la banquise n'a aucune importance. Seule une
diminution significative du niveau des glaces des calottes terrestres aurait
une incidence sur le niveau des mers.
"Certes,
mais même si la fonte de la banquise est très minime, cela ne
peut-il pas se traduire par une fonte légère mais suffisante
des calottes pour submerger des côtes ?"
Mais la question principale demeure: de telles variations des volumes totaux
de banquise sont elles susceptibles de nous alerter sur une fonte
significative des glaces polaires terrestres, qui est la seule à
pouvoir faire monter le niveau des océans de façon
significative ? Après tout, une fonte de 1% du volume des glaces des
calottes terrestres polaires pourrait augmenter le niveau des eaux de 67 cm.
A 2%, nous atteindrions 1,30m (ces
valeurs sont surévaluées, toutefois, du fait de la non prise en
compte de l'effet "vase d'expansion" qui vient de ce que les
côtes ne sont pas constituées de falaise dans la plupart des
cas: la hausse du niveau de la mer s'accompagne d'une augmentation de sa
surface). Et 2%, est-ce la mer à boire, si l'on peut dire
?
Les images de "glaciers terrestres qui se détachent dans la
mer", pour spectaculaires qu'elles soient, et qui servent à
effrayer le bon public, ne sont que la manifestation d'un
phénomène tout à fait normal et récurrent :
entrainés par leur poids, des blocs de glace se détachent des
langues glaciaires du Groenland et de l'antarctique. Ce
phénomène fut observé par les premiers navigateurs de
l'ère post-renaissance qui réussirent à s'approcher des
pôles.
Ce volume de glace perdu est plus ou moins compensé par les apports de
précipitations sur les terres polaires.
L'Antarctique recèle 70% des glaces d'eau douce mondiales.
L'épaisseur moyenne des glaces du continent antarctique est de 1600
mètres (source Wikipedia), d'autres sources citent 1800.
L'essentiel de l'antarctique est donc situé à plus de 3000m
d'altitude. La station Vostok, à 3480m, a
enregistré des records de froid à -89°C et des records de
"chaleur" à -12°C. A ces températures, aucune
"fusion" de glace n'est possible. La température ne devient
positive lors de l'été indien que près des côtes
ou à faible altitude, ce qui constitue une part négligeable du
continent blanc.
Par contre, une langue de 1600 mètres d'épaisseur moyenne de
glace pèse très lourd. En présence de pente, il est
normal que des blocs de glace, entrainés par leur poids, subissent
d'énormes contraintes physiques, aux passages d'aspérités
ou de changements de pente: ces blocs vont donc se fissurer, se crevasser, et
ultimement, se casser.
Toutefois, tous ne se casseront pas dans la mer. Ni le Groenland ni
l'antarctique ne sont des cônes parfaits. Il existe des vallées
glaciaires pouvant accumuler la glace. Les zones de déversement glaciaires
dans l'océan sont donc limitées. L'une de ces zones, le glacier
de Wilkin, connaît un réchauffement localisé
spectaculaire que l'on pense lié à un phénomène
de volcanisme sub-glaciaire.
Le professeur Cliff Ollier, un des plus éminents connaisseur des
glaciers polaires et montagnards, avec plus de 500 articles et 10 livres
à son actif, explique que les 1600 mètres d'épaisseur de
l'antarctique ont été alimentés par des
précipitations faibles quelques mm/an). Le temps d'accumulation des
glaces a donc été énorme. (cf.ce PDF)
Cette glace est formée en strates dont l'épaisseur et la
compacité dépendent donc de précipitations dont
certaines ont été gouvernées par le climat d'il y a des
centaines de milliers d'années, qu'il est très difficile de
reconstituer avec précision, malgré les progrès
récents de la "glaciologie".
Or, C. Ollier explique que le glissement des glaces se produit d'une part par
la partie en contact avec la roche de substrat, car la chaleur d'origine
géothermique y réchauffe la glace, et d'autre part aux limites
de couches de glace de compacité variables dépendant du
régime de précipitations à une période
donnée. La vitesse de glissement est très variable mais semble
croitre avec la compacité de la glace. Par conséquent, la vitesse de chute de blocs
de glace dans l'eau n'est pas gouvernée par les micro-variations des
températures actuelles mais par les conditions climatiques qui
présidaient à la formation des glaciers il y a plusieurs centaines de
milliers d'années, à la surface du sol rocheux
ou dans les épaisseurs intermédiaires.
Recherches historiques citées à l'appui, Cliff Ollier nous
apprend que le détachement de blocs de glace a été observé
par tous les navigateurs depuis que l'homme a su se rapprocher des
pôles et décrire ce qu'il y voyait. Ces détachements de
blocs ne sont donc en rien un phénomène inhabituel et
lié au mini réchauffement observé** depuis 1850.
Ajoutons que ni le Groenland ni l'antarctique ne sont des cônes
parfaits, et que le relief des roches sous la calotte glaciaire ne soit
pas connu avec précision partout. Il y a donc dans les terres polaires
des zones d'accumulation de glaces qui n'atteindront pas la mer de sitôt
!
Ce document de vulgarisation du professeur Ollier (PDF) décrit tous les mouvements qui
affectent la calotte glaciaire en plus ou en moins, et constate l'état
de "quasi équilibre" des calottes glaciaires. Ce graphique
obtenu a partir de mesures satellitaires, montre que la vitesse de
progression des glaces est extrêmement faible sauf en de très
rares points côtiers, ou elle peut atteindre 250m/an.
Ajoutons
que des mesures satellitaires montrent que la glace antarctique, dans une
période récente, aurait plutôt été en
augmentation. Selon Davis & al., le volume de glaces antarctiques a augmenté entre 1992
et 2003 (partie Est, hors péninsule
sus-mentionnée), pour une masse ajoutée d'environ 45 milliards
de tonnes, du fait d'une hausse temporaire des précipitations
neigeuses, alors que la température moyenne terrestre était en
augmentation durant cette décennie.
45 milliards de tonnes (+/-
15%), cela peut paraitre énorme, mais rappelons que le
volume total des glaces polaires (nord et sud), selon l'Ifremer, est de 24
millions de km3, soit 24 millions de milliards de m3, soit 22 millions de
milliards de tonnes (masse volumique de 0.917T/m3). La variation
mesurée correspond donc à un pourcentage de 45/22 000 000, soit
un quatre-cent-quatre-vingt-huit millième, ou encore 0,0002%, ou, 2
pour un million.
Il est donc bel et bien exact de parler d'une très grande
stabilité de la calotte glaciaire dans le temps, au moins aux
échelles de temps historiquement concevables. On est donc très
loin de variations de l'ordre de grandeur du 1% évoqué en
début d'article, qui pourraient engendrer une hausse de 67cm des eaux
! L'inertie des calottes glaciaires, et l'absence de relation directe entre
chute des blocs glaciaires et température, font que ce ne sont pas 1
ou même 5 degrés en plus ou en moins dans l'atmosphère
qui peuvent en modifier considérablement le volume dans un laps de
temps "humainement concevable" de plusieurs
générations, toutes choses égales par ailleurs.
Un peu de physique :
Les affirmations d'Al Gore ne résistent pas à un examen
sérieux
Sans être climatologue, avoir quelques notions de physique et de chimie
peut aider à comprendre pourquoi l'inertie des glaces polaires est si
importante, et pourquoi, même si la terre venait à se
réchauffer de, disons, 5°C, ce qui paraît hautement
improbable au vu des plus récentes découvertes, (scientifiques ou relevant du fait
divers !), la fonte des calottes glaciaires serait sans doute
négligeable.
Vous n'êtes pas sans avoir remarqué que lorsque vous mettez un
gros glaçon à fondre à l'air libre dans une pièce
à température ambiante, il met, comme l'aurait dit Fernand
Raynaud, "un
certain temps" pour fondre. Ce certain temps correspond
à ce qu'on appelle la "chaleur latente de fusion": lorsqu'un
glaçon est amené de -12°C à 0°C (par exemple),
il faut lui amener une certaine quantité d'énergie. Mais pour
que ce glaçon passe de l'état solide à l'état
liquide, il reste strictement à 0°C, et pour le seul changement d'état
solide vers l'état liquide, il faut alors lui amener une
quantité d'énergie supplémentaire, appellée
"chaleur latente de fusion". Pour faire fondre 1g de glace, 334
joules sont nécessaires (ou encore 334kJ/kg).
Al Gore et James Hansen affirment qu'une hausse de 5°C des
températures terrestres conduirait à une augmentation du niveau
des mers par fonte des glaces de 20 pieds, soit approximativement 6
mètres. Un calcul très simple permet de se rendre compte que la
quantité d'énergie permettant de faire augmenter la
température de toute l'atmosphère de 5°C est 28 fois
inférieure à celle permettant de faire fondre le volume de
glace nécessaire pour forcer une telle augmentation du niveau de la
mer.
Energie
nécessaire pour augmenter la température de 5°C (les
valeurs obtenues sont arrondies pour plus de simplicité)
|
5,137 x 1018
kg
|
- Energie spécifique
de l'atmosphère
|
1.005 kJ/kg-°C
|
- Energie nécessaire
pour augmenter la température de toute l'atmosphère de
1°C:
|
~5,2 x 1018
kJ
|
- Energie nécessaire
pour augmenter la température de toute l'atmosphère
de 5° C:
|
~2.6 x 1019
kJ
|
Energie
nécessaire pour faire fondre suffisamment de glace pour faire monter
la mer de 6m:
- Surface des océans : 361 000
000 km2 soit 361.1012 m2
- Quantité d'eau
nécessaire pour augmenter le niveau moyen des mers de 6m :
#2,2.1015 m3 (soit presque 1/10ème du volume de la
calotte glaciaire, comme calculé plus haut)
Naturellement, ce calcul néglige totalement le fait que les
côtes n'étant pas verticales, une hausse des eaux de 6m
demanderait bien plus d'eau que la valeur calculée car cela
augmenterait la surface des océans. Le calcul est donc encore
"favorable" aux thèses du GIEC...
- Masse d'eau nécessaire :
#2,2*10E15*1000 soit 2,2.1018 kg
- Chaleur latente de fusion de l'eau:
334 kj/kg.
- Energie
nécessaire pour faire fondre la masse de glace calculée ci-avant:
7,4.1020
kJ.
·
Rapport
entre les deux valeurs: 7,4.10^20 / 2,6.10^19 # 28.
Et encore le
calcul est il une seconde fois exagérément "pro
GIEC-optimiste", puisqu'il ne prend en compte que la chaleur latente de
fusion, et pas l'énergie nécessaire pour amener une surface de
glace sous une atmosphère oscillant entre -89 et -12°C à
son point de fusion... En fait, seules les glaces du Groenland et de
l'Antarctique près des zones côtières peuvent fondre un
peu pendant l'été, et les mesures précédemment
évoquées montrent que les précipitations sur
l'antarctique, qui représente 70% du total, compensent à peu
près les pertes.
Voilà
pourquoi les variations de masse de la calotte glaciaire sont très
faibles par rapport à sa masse globale malgré un ensoleillement
continu de plusieurs mois en été des zones
côtières et des températures au dessus de zéro
près des côtes.
Dit autrement: si
on amenait à la terre suffisamment d'énergie pour lui permettre
de réchauffer son atmosphère de 5°C, cette énergie
ne représenterait que 1/30ème (en étant
"GIEC-optimiste", de surcroît) de celle nécessaire
à la fusion des glaces polaires aux niveaux annoncés par Al
Gore.
Les affirmations
d'Al Gore et de James Hansen selon lesquelles une hausse de
températures de 5°C permettrait une hausse du niveau des mers de
6m sont donc de pures absurdités.
Glaciations et
phases chaudes
Pourtant, dans le passé, de
très fortes variations de la calotte glaciaire ont eu lieu. Les
responsables de ces variations sont aujourd'hui connus avec un bon
degré de confiance. Il s'agit des variations d'excentricité de
l'orbite terrestre et de l'inclinaison de l'axe de la planète. Ces
variations sont connues sous le nom de Cycles de Milankovich, du nom du savant
serbe qui les a modélisés, de façon incomplète.
La terre voit l'inclinaison de son axe de rotation varier d'environ 1°3
selon une période de 41 000 ans (source: Normale Sup Lyon). Cette
variation d'inclinaison n'a que très peu d'incidence sur
l'ensoleillement des zones équatoriales mais est tout à fait
importante pour l'ensoleillement des pôles.
En outre, se produisent également des variations de
l'excentricité de l'orbite terrestre (complexes), d'une période
comprise entre 100 000 et 400 000 ans. Tous ces phénomènes sont
liés aux interactions entre les planètes entre elles, qui
introduisent de minuscules interférences avec l'interaction entre le
soleil et chaque planète.
Plusieurs études, dont celle ci (Naish & Al., 22
co-signataires) montrent que des phénomènes de très
forte évolution des volumes de glaces polaires, et donc des
glaciations, ont été induites par ces variations il y a
plusieurs millions d'années. Les cycles de Milankovich n'expliquent
pas tous les phénomènes climatiques mais semblent avoir
joué un rôle majeur dans toutes les grandes ruptures climatiques
(passages d'ères chaudes aux époques glaciaires) qu'a connues
le globe terrestre.
"Et à
court terme, pourquoi le niveau des mers évolue-t-il ?"
La triste vérité est qu'aucun modèle ne sait prendre
en compte l'ensemble des paramètres qui font varier le niveau des mers
à un endroit donné. Les mesures satellitaires récentes
font apparaître une légère hausse du niveau des mers,
mais le mouvement général observé est celui d'un
ralentissement de la hausse. Les trois quarts de la hausse récente,
qui serait de l'ordre de 2.5mm/an (25cm/ siècle, pas de quoi faire
lever les yeux au ciel !), proviendrait d'une fonte des glaces, le reste
proviendrait de la dilatation de l'océan. D'autre part, le rythme de cette
montée serait en train de se ralentir (source), et rien ne prouve qu'il
n'existe pas là de phénomène cyclique qui occasionnerait
une inversion de tendance. Mais rien ne prouve le contraire non plus.
En outre, le niveau de la mer ne suit en rien la courbure de la
planète, des différences allant jusqu'à 100m entre
l'ellipsoïde de référence et le niveau réel des
océans. De plus, les observations satellites montrent qu'à
certains endroits, le niveau monte, à d'autres, il baisse.
Les mesures satellitaires ont montré des différences de
variations de hausse moyenne des eaux ces dernières années
(moyennes 1982-2003, source C. Ollier) :
Chesapeake Bay, Virginia, at 6.05 ±1.14 mm/yr. Soit 60cm en 100 ans,
pas de quoi paniquer.
Reykjavik, Iceland 2.34 mm/yr;
Bermuda 2.04 mm/yr;
Murmansk, Russia 3.92 mm/yr.
Il y a aussi des zones où le niveau baisse:
Goteborg, Sweden -1.3 mm/yr;
Oslo, Norway -4.53 mm/yr.
Cette carte interactive
montre toutes les tendances des principales côtes dans le monde. Les
variations de niveau sont pour la plupart contenues entre 0 et +3mm/an, avec
quelques mesures au dessus et quelques unes en dessous.
Les dernières recherches semblent montrer que les variations de champ
atmosphérique autour de certains points particuliers de
l'océan, appelés "Gyres", jouent un
rôle dans les variations relatives de niveau de la mer entre
différentes aires géographiques. D'autres chercheurs voient une
relation avec les oscillations
décadales océaniques en certains points.
En tout état de cause, carl Wunsch, océanologue du MIT, estime
dans ce papier (PDF)
que les incertitudes des modèles sont tellement importantes qu'il est
impossible à ce jour ni de décrire ni de prévoir les
tendances longues.
Maldives et
îles du pacifique sud
Certaines îles qui ne dépassent guère le niveau des mers
pourraient être submergées même si le niveau de la mer
montait très peu. Toutefois, là encore, il n'y a pas consensus:
A. Watts synthétise
ici une controverse entre un sceptique qui a
étudié sur place des signes géologiques de la variation
des niveaux marins passés, Niels Axl Mörner, et une étude
basée sur des données informatisées... Parfois
très ajustées, signée Church & Al.
Je ne prends pas parti ici, parce que c'est étude contre étude,
et que le sujet me semble insuffisamment couvert pour permettre un jugement
définitif. La précision des marégraphes arrimés
aux installations portuaires me semble toutefois assez douteuse pour
certifier des variations moyennes comprises entre 0 et 3mm...
Signalons simplement que la surveillance mise en
place par le gouvernement australien des petites îles du pacifique sud (pdf, page 9) ne montre aucune
tendance alarmante: 0,67 mm/an en moyenne ! et 0,8mm/an pour les
données supérieures à 25 ans.
Conclusion
Bref, tous les fantasmes sur la submersion des côtes par fonte des
glaces semblent totalement hors de propos dans un avenir prévisible
sur plusieurs générations. On respire !
De telles fadaises véhiculées par des politiciens, tels Al
Gore, ou des scientifiques politisés tels que James Hansen ou Stefan
Rahmstorf, hors de tout réalisme scientifique, contribuent à
polluer le débat sur le "réchauffement" climatique,
en transformant une question purement scientifique sans conséquence
pratique, en grande peur millénariste. De telles affirmations sont
également faites par les alarmistes sur des sujets aussi divers que
les ouragans, les ours polaires, les sécheresses, la malaria,
l'acidification des océans (traitée
ici), etc, etc, etc... A chaque fois, il apparaît
que la terre et ses écosystèmes se montrent bien plus
équilibrés, stables dans le temps, et résilients, que
les alarmistes voudraient nous le faire croire.
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* La météo
désigne les variations à court terme du temps qu'il fait, et
par convention, le climat désigne les caractères
récurrents de la météorologie observables sur des
périodes supérieures à 30 ans. Une des erreurs les plus
répandues des deux camps, sceptiques et réchauffistes, est de
faire passer des fluctuations purement météorologiques pour des
manifestations de changement ou stabilité climatique.
** Plus les
révélations sur les méthodes de
correction des données "non conformes" par le CRU nous parviennent, et
plus l'ampleur du réchauffement observé depuis 1850, tel qu'il
est publié par ce même CRU, peut être remise en
question...
Vincent
Bénard
Objectif Liberte.fr
Egalement par Vincent Bénard
Vincent Bénard, bientôt la quarantaine,
a une formation d'ingénieur et est un ancien militant syndical de
Force Ouvrière, passé graduellement au libéralisme entre
94 et 2000, ayant fini par déduire de ses multiples expériences
personnelles et professionnelles que l'intervention de l'état ne
résolvait que rarement les problèmes de société
qu'elles prétendait combattre, mais qu'elle était au contraire
en grande partie le problème.
Vincent Bénard est Président de l'institut Hayek
(Bruxelles) et Senior Fellow de Turgot
(Paris), deux thinks tanks francophones dédiés à la diffusion
de la pensée libérale, et sympathisant des deux seuls partis
libéraux français, le PLD
et AL.
Publications
:
"Logement: crise publique,
remèdes privés", dec 2007, Editions Romillat
Avec
Pierre de la Coste : "Hyper-république,
bâtir l'administration en réseau autour du citoyen",
2003, La doc française, avec Pierre de la Cos
Publié avec
l’aimable autorisation de Vincent Bénard – Tous droits
réservés par Vincent Bénard.
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