Ce qu’est le libertarianisme et ce qu’il n’est pas

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From the Archives : Originally published June 05th, 2016
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Category : Fundamental Ideas

La croissance explosive du nombre de convertis au libertarianisme depuis que Ron Paul s’est présenté pour la première fois aux élections présidentielles est l’un des évènements les plus excitants de ma vie. J’aimerais toutefois faire une petite mise au point.

Un jeune libertaire peut se distinguer de diverses manières. Il peut répandre les idées libertaires en tant qu'écrivain ou en prenant la parole. Il peut employer ses talents uniques – en tant qu’artiste, animateur, interviewer ou autre – pour transmettre le message libertaire de nouvelles manières. Il peut se spécialiser dans une branche de recherche liée au libertarianisme. Ou il peut ajouter à l’édifice de la pensée libertaire en résolvant un problème vieux comme le monde, en réexaminant une ancienne question ou en appliquant la théorie libertaire à de nouveaux secteurs à mesure que la civilisation évolue et que la technologie se développe.

Je pourrais citer certains noms qui correspondent à toutes ces descriptions. Ce qui les distingue est qu’ils ont travaillé très dur pour établir leur niche tant méritée au sein de la communauté de penseurs libertaires.

D’autres pourraient établir leur niche personnelle en développant leur propre version du libertarianisme et la présentant comme la seule version valide. Non seulement cette façon de faire est plus simple que celles décrites plus haut, elle permet à son auteur d’émettre des jugements désobligeants envers ces pauvres âmes qui ne se sont pas détachées du libertarianisme original, sans étiquette, sans avertissement, et sans excuses.

Pourrions-nous gagner la sympathie de la gauche en plagiant leurs discours égalitaires et proclamant notre allégeance aux restrictions morales de l’Etat ? Ce n’est pas tout à fait impossible. Mais il y a plus de chances que la gauche se trouve amusée par une tentative si transparente de flatterie et continue de percevoir les libertaires avec autant de mépris qu’auparavant.

Il est bien entendu fabuleux de collaborer sur des sujets si importants avec des personnes dont les perspectives sont si différentes des nôtres. J’espère que vous n’imaginez pas que je pense le contraire. Il vous serait difficile de trouver un site libertaire au contenu plus éclectique que LRC. Monsieur Libertaire en personne, Murray N. Rothbard, était heureux de s’entretenir avec et d’apprendre de quiconque croisait son chemin, comme l’atteste la librairie amplement fournie de l’Institut Mises.

Mais si nous rusons les gens pour qu’ils deviennent des libertaires, nous échouerons. Si nous pensons que rendre le libertarianisme synonyme d’égalitarisme est une bonne idée, nous avons déjà échoué.

Nous supportons l’idée très peu à la mode qu’est l’abolition de la loi contre la discrimination. Si ce n’était pas le cas, nous ne serions pas libertaires. Tous les principes libertaires sont liés à la liberté d’association : la propriété de soi, la signification des titres de propriété, et la non-agression.

Il est facile de défendre les droits de personnes populaires dont les idées sont à la mode. Il est bien plus difficile de défendre les droits de ceux que la société rejette. Les libertaires n’ont pas à approuver de ou à être ces personnes, mais si nous ne défendons pas leurs droits, nous sommes des imposteurs.

Ce en quoi nous croyons peut être difficile à accepter pour certaines personnes. Mais au fil du temps, elles auront de plus en plus de chances d’être persuadées par le libertarianisme que par quelqu’un qui tente évidemment de leur soutirer des faveurs.

Prenons l’exemple de Ron Paul. Il a apporté des réponses libertaires directes à toutes les questions qui lui ont été posées pendant sa campagne présidentielle. Il comprend son audience, et a expliqué ses idées de manières à ce que tout le monde puisse les comprendre et les apprécier. Il n’a jamais fait machine arrière. Etait-il opposé à la loi contre la discrimination ? Oui. Conteste-t-il la version officielle de la Guerre civile, dont le régime actuel dérive une grande partie de son pouvoir ? Oui. Et ainsi de suite au fil de ses réponses démodées aux questions des contrôleurs de la pensée.

La conséquence ? La croissance la plus explosive de l’intérêt des jeunes au libertarianisme depuis sa naissance.

Ron s’est toujours comporté en gentleman, et sa nature aimable, couplée à ses remarques honnêtes, a certainement ajouté à son charisme. Mais les gens ont été attirés par lui parce qu’à l’inverse de ses opposants, il a toujours dit la vérité, sans gêne et sans excuses.

Le libertarianisme s’inquiète de la violence au sein d’une société. Et c’est tout. Il n’est rien de plus. Il n’est pas le féminisme. Il n’est pas l’égalitarisme (excepté dans un sens fonctionnel : personne n’a le droit d’agresser quelqu’un d’autre). Il n’a rien à dire de l’esthétique, de la race ou de la nationalité. Il n’a rien à voir avec les campagnes gauchistes contre le privilège blanc, à moins que ce privilège soit le fruit de l’Etat.

Permettez-moi de me répéter : le seul privilège qui ait de l’importance aux yeux du libertarianisme est celui qui naît du canon fumant de l’Etat. Vous pourriez tomber en désaccord avec ce fait, mais vous devriez trouver un autre mot que libertarianisme pour décrire votre philosophie.

Les libertaires sont bien évidemment libres de se pencher sur d’autres idées comme le féminisme et l’égalitarisme. Mais leur intérêt pour ces autres idées n’a rien à voir avec et n’est pas requis par le libertarianisme. Ils ne peuvent donc pas imposer ces préférences à d’autres libertaires ou se présenter comme étant de meilleurs et plus complets libertaires. Nous avons vu suffisamment de nos mots repris et déformés par d’autres. Ne les laissons pas avoir « libertaire ».

Comme l’a dit Rothbard :

Certains libertaires sont hédonistes et dévoués à des modes de vie alternatifs, et il y a ceux qui sont de fermes adhérents d’une moralité bourgeoise conventionnelle ou religieuse. Il y a des libertaires libertins et des libertaires qui sont particulièrement attachés aux disciplines de la loi naturelle ou religieuse. Il y a des libertaires qui n’ont aucune théorie morale mis à part la non-violation des droits. La raison en est que le libertarianisme per se n’a pas de théorie morale générale ou personnelle.

Le libertarianisme n’offre pas de mode de vie, il offre la liberté, il offre à chaque personne de pouvoir adopter et agir en fonction de ses propres valeurs et principes moraux. Les libertaires sont d’accord avec Lord Acton, selon qui « la liberté est la plus grande fin de la politique » - et pas nécessairement la plus grande fin sur la liste des valeurs de chacun.

Les libertaires n’adhèrent pas à ce qui touche au contrôle de la pensée. Il est suffisamment difficile de tenter de persuader les gens d’adopter des opinions diamétralement opposées à ce qu’ils ont appris tout au long de leur vie. Si nous pouvions les intéresser au principe de non-agression, nous devrions nous en réjouir. Nul besoin de compliquer les choses en imposant une armée d’opinions approuvées par le régime à l’enseignement de notre philosophie.

Le libertarianisme est un édifice élégant de pensées et de pratiques. Il commence avec et se construit autour du principe de propriété de soi. Dans une société libertaire, personne n’est autorisé à employer la force contre quiconque. Ce que cela nous indique au sujet de la vision que se fait le libertarianisme d’énormités telles que l’esclavage et la guerre devrait être évident, mais l’engagement des libertaires à la liberté s’étend bien au-delà des fléaux évidents de l’humanité.

Notre philosophie ne consiste pas seulement en la condamnation de l’Etat comme un vice moral, mais la vision de la liberté humaine comme un bien moral. Les êtres humains ont besoin d’interagir les uns avec les autres sur la base de la raison – la caractéristique qui les distingue – plutôt que par les armes. Et lorsqu’ils le font, le niveau de vie augmente, la créativité et la technologie explosent, et la paix s’installe. Même dans les sociétés partiellement capitalistes du monde, des centaines de millions, sinon des milliards de personnes, se sont libérées de conditions misérables pour profiter d’une existence bien plus satisfaisante et significative.

Le libertarianisme, en d’autres termes, sous sa forme la plus pure, est intellectuellement rigoureux, moralement consistent, excitant et haletant. Il ne peut pas et ne devrait pas être fusionné avec d’autres idéologies. Une telle fusion ne pourrait que mener à plus de confusion, à la dilution de sa philosophie morale et de l’appel du message de la liberté.

 

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