Je me surprends souvent à me
demander pourquoi les Américains se soucient moins de l’état dans lequel se
trouve leur pays que de ce qu’il se passe à des milliers de kilomètres de
chez eux. Pourquoi le Département de la justice n’éprouve-t-il pas l’envie irrépressible
de mettre fin au racket de l’économie des Etats-Unis que ressent le
Département d’Etat pour ce qui est de déclarer la guerre à des contrées
lointaines au sujet de désaccords qui n’ont presqu’aucune importance pour la
vie de leurs propres citoyens ? Ce racket ne représente, soit dit en
passant, rien de plus qu’une guerre déclarée au peuple des Etats-Unis.
Je parle notamment du racket
militaire, bancaire, financier, médical et scolaire, qui a peu à peu gagné de
l’importance pour escroquer le public et soutenir une clique d’oligarques
américains. En d’autres terres civilisées, les services de santé et l’éducation
sont considérés comme étant la responsabilité première du gouvernement, et
les ressources nationales sont utilisées pour les financer, dans l’idée que
faire plonger les gens tête la première dans la banqueroute pour une appendicectomie
ou une licence est loin d’aller dans l’intérêt public. Aux Etats-Unis, nous
considérerions ceci comme une expansion du socialisme. Nous « socialisons »
donc les coûts nécessaires au soutien de banques Too
Big To Fail – pour que leurs employés puissent se
rendre en Beemer à des soirées dans les Hamptons – et d’une machine militaire qui détruit un pays
après l’autre pour soutenir une classe parasite d’entrepreneurs, lobbyistes
et politiciens véreux qui peuple les manoirs du nord de la Virginie.
D’où le concept ridicule que
nous avons pu voir naître récemment dans les médias, selon lequel un escroc
dynastique tel que Jeb Bush ou Hillary Clinton
puisse se glisser à la Maison blanche en 2016 aussi facilement qu’un pépin de
pastèque dans un verre à shooter. Je ne pense pas que les choses s’avèreront
aussi simples. Le système politique américain a besoin d’être retourné et
renversé, et il sera soit grâce aux élections, soit par la généralisation de
manifestations et de mécontentements.
Un simple regard jeté aux
Etats-Unis suffirait aujourd’hui à rendre nauséeux n’importe quel
observateur. Notre de la vie de tous les jours est en faillite au possible.
Êtes-vous gêné par les anneaux de magasins déserts autour de votre ville ?
Ou par les devantures vides de votre rue principale ? A quoi pensez-vous
que ces endroits ressembleront dans dix ans, quand le mirage du pétrole de Schiste
explosera dans un nuage de désenchantement et d’amertume politique ?
Comment pensez-vous que les Américains se sentiront lorsqu’ils n’auront plus
les moyens d’acheter quoi que ce soit, et qu’ils se trouveront enlisés dans
des maisons miséreuses à 30 kilomètres du magasin le plus proche ? L’horreur
de l’emprunte humaine dans les paysage des Etats-Unis ne vous donne-t-elle
pas la chair de poule ?
Regardez à quoi ressemblent
nos villes pathétiques. Elles ne ressemblent à rien de plus qu’à des arènes de
Destruction Derby ou des champs de bataille – à l’exception des bastions des
oligarques : Washington, San Francisco, et notamment New York.
Que se passera-t-il
lorsque Facebook cessera ne ressembler à un bac à sable virtuel pour
narcissiques amateurs de « selfies » pour
devenir un tableau d’affichage pour la révolution politique ?
Pensez-vous que ce soit impossible ? Et si la révolution prenait une
forme que vous ne défendriez pas – raciale, fasciste, ou Marxiste, comme
celle qui a pris la Russie en otage pendant 70 ans ?
Une révolution est en chemin,
pour la bonne et simple raison que les « grands esprits » de notre
nation ne s’intéressent pas du tout au plus grand évènement de notre histoire :
l’essoufflement de l’économie techno-industrielle. La raison pour laquelle
ils s’en moquent n’a que peu d’importance aujourd’hui. Avarice. Distraction.
Refus d’admettre. Tout ce qui compte, c’est que nous ne pouvons dépendre d’eux,
et que l’autorité finira par en perdre sa légitimité.
La désintégration de l’Ukraine
sera mieux comprise par les Américains comme étant un miroir de leur propre
république sclérosée par la pauvreté et le désordre. Ce que l’on appelait
autrefois l’Etablissement n’a plus aucun moyen de se tirer d’affaire. Nous ne
savons pas ce que nous réserve l’avenir, mais ce ne sera certes pas plus que
ce que nous avons déjà vu.