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Au cours de
l’été, le Livret A a
enregistré plus
de 2 milliards d’euros en juillet de nouveaux dépôts.
La collecte nette depuis le début de 2011 a atteint 13,5 milliards
d’euros, portant ainsi l’encours total à 207,5 milliards
d’euros répartis sur quelques 60 millions de livrets ouverts. En
ces temps de turbulences financières et monétaires, les
Français se sont rués sur ce produit d’épargne
liquide avec l’espoir semble-t-il de protéger ainsi leur
patrimoine, du fait du relèvement de sa rémunération et de
la garantie de leurs dépôts par l’État
français.
Ce produit
financier ne peut malheureusement pas jouer le rôle de
« refuge » en cas de crise majeure et de faillite des
États. La désillusion des Français serait grande s’ils
réalisaient que ce qu’ils mettent de côté est loin
d’être à l’abri car la garantie des
dépôts n’est qu’une illusion. De plus, loin de
protéger leur pouvoir d’achat, le Livret A le détruit bel
et bien.
C’est ce
point précisément que nous voulons expliquer, à savoir
que le livret A ne permet pas à ses détenteurs de conserver
leur pouvoir d’achat. Certes, l’État augmente officiellement
le taux de rémunération de ce produit d’épargne en
fonction, entre autres, de l’augmentation de l’indice des prix
à la consommation. C’est ainsi qu’il l’a
relevé en août 2011 de 2% à 2,25% (net
d’impôt).
Or, un tel
niveau de rémunération – décidé
arbitrairement par les pouvoirs publics – s’avère insuffisant
pour compenser ne serait-ce que l’augmentation des prix à la
consommation à laquelle les Français sont, et seront
très probablement, confrontés à l’avenir.
En effet, selon
les derniers chiffres officiels, les prix des produits de grande consommation
ont
augmenté entre juillet 2010 et juillet 2011 de 2,7%. Quant
à l’indice des prix à la consommation en France, selon
Eurostat, il a augmenté au premier trimestre 2011 de 1,9%, soit plus de
3,8% sur une base annuelle. Nous sommes à l’évidence
très loin des 2,25% de rémunération du Livret A.
Pour bien
tenir compte de l’ensemble de la situation, encore faut-il se demander
quelle pourrait être l’augmentation future des prix.
En effet, c’est elle qui se révèle pertinente pour des
épargnants dont le but est de préserver dans le futur le pouvoir d’achat des
montants épargnés et disponibles à être
placés aujourd’hui.
Evidemment, personne
ne sait exactement quelle sera la hausse des prix demain. Il faut cependant noter
que les prix à la production industrielle dans la zone euro entre
juillet 2010 et juillet 2011 ont enregistré une
hausse de 6,1%. Or, tôt ou tard, ces hausses seront répercutées
au niveau des prix à la consommation. Les experts,
régulièrement interrogés par la BCE au sujet de
l’augmentation des prix futurs, ont d’ailleurs revu leurs
prévisions à la hausse et prévoyaient à la mi-juillet,
une augmentation
de l’ordre de 2,6% cette année. La création
monétaire par la BCE pour racheter à tour de bras de la dette
souveraine grecque, italienne, espagnole, etc. tend à aggraver la
situation et à abaisser davantage le pouvoir d’achat de chaque
euro épargné par les Français.
En
matière de Livret A, ne faudrait-il pas plutôt parler de
« prélèvement » opéré par
l’État grâce à l’inflation que de
rendement ? Et les Français accepteraient-il de perdre ainsi du
pouvoir d’achat s’ils découvraient que la garantie des
dépôts offerte par l’État lui-même n’est
peut-être qu’un leurre ?
(A suivre)
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