Cette fois ci la FED ne pourra pas nous sauver

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Published : September 20th, 2016
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Category : Today's Editorial

24hGold - Cette fois ci la FED...

Au mois de décembre, la Fed a rehaussé son objectif des taux des fonds fédéraux, qui représente les taux d’intérêt que les banques s’imposent entre elles sur le prêt de réserves au jour le jour. Depuis 2008, les objectifs de la Fed pour les taux des fonds fédéraux se sont situés entre 0 et 0,25% (ou 0 à 25 points de base). Mais le mois dernier, la Fed a pris la décision de porter ses objectifs de 0,25 à 0,50%, pour mettre fin à une période de taux d’intérêt à zéro pourcent qui a duré sept ans.

Nous pouvons déjà voir le chaos s’installer sur les marchés financiers, qui ont enregistré leur pire début de semaine depuis le début de l’Histoire des Etats-Unis. Ce qui s’aligne parfaitement avec la théorie autrichienne des cycles économiques, selon laquelle les banques centrales peuvent donner une impression de prospérité pendant un temps à l’aide de l’émission de crédit peu cher, mais qu’une telle décision ne fait que positionner l’économie pour un effondrement dès que les taux recommencent à grimper.

Mais le cycle actuel présente quelque chose de nouveau. La Fed essaie de faire grimper les taux tout en maintenant ses bilans sur-gonflés. Elle tente d’effectuer un tour de magie qui lui permettrait de conserver les avantages de ses précédents programmes d’assouplissement quantitatif tout en se débarrassant du stimulus artificiel que sont les taux d’intérêt très bas. Comme nous allons le voir, cette tentative ne se terminera pas bien, que ce soit pour le directoire de la Fed ou pour le reste d’entre nous. D’ici là, Ben Bernanke continuera d’observer la situation avec inquiétude, écrivant ici et là un billet sur son blog et donnant quelques discours sur la difficile situation de Janet Yellen.

La théorie autrichienne des cycles économiques

L’une des contributions les plus importantes de Ludwig von Mises a été ce qu’il appelait la théorie de la circulation du crédit, ou des cycles économiques. Aujourd’hui, nous l’appelons simplement théorie autrichienne des cycles économiques. La théorie de Mises a plus tard été élaborée par Friedrich Hayek, un travail qui a contribué à son obtention du Prix Nobel en 1974.

Selon Mises et Hayek, les taux d’intérêt sont des prix marchés qui jouent un rôle social défini. Ils nous apportent des informations vitales quant aux préférences des consommateurs pour ce qui concerne la prévision de la consommation. Les entrepreneurs doivent décider dans quels projets se lancer, et ces projets peuvent être de durées variées. Intuitivement, un taux d’intérêt élevé signale une impatience des consommateurs, ce qui signifie que les entrepreneurs ne devraient pas lier leurs ressources à des projets de trop long terme, à moins que ce délai ne soit certain de leur apporter gros. D’autre part, un taux d’intérêt assez faible réduit la pénalité représentée par les investissements de plus long terme, et donne le feu vert à l’allocation de capital à des projets de plus longue durée.

Tant que les taux d’intérêt sont déterminés par des forces de marché véritables, ils informent correctement les entrepreneurs. Si les consommateurs décident de repousser leurs dépenses, ils épargnent d’importants pourcentages de leurs salaires, ce qui fait baisser les taux d’intérêt. Le niveau d’épargne élevé qui en découle libère des ressources liées à la consommation présente – comme un repas au restaurant ou un ticket de cinéma – et permet à de nouvelles usines d’être construites et à de nouveaux puits de pétrole d’être creusés.

En revanche, si les taux d’intérêt baissent non pas en raison de l’épargne, mais parce que la banque centrale achète électroniquement des actifs grâce à de l’argent créé à partir de rien, alors les entrepreneurs reçoivent un signal erroné. Ils s’endettent à faible taux, mais la société tout entière s’embarque dans une trajectoire insoutenable. Il devient vite impossible pour tous les entrepreneurs d’entrer en compétition sur le long terme dans le cadre de leurs nouveaux projets.

AU début, cette expansion insoutenable semble prospère. Toutes les industries sont en expansion, et tentent de se procurer le personnel et les ressources des autres. Les salaires et les prix des matières premières grimpent, le chômage et les capacités non-utilisées sont en baisse. L’économie se porte bien, et les citoyens sont heureux.

Et pourtant, tout finit par s’effondrer. Dans un cycle classique, l’inflation des prix finit par atteindre un niveau tel que les banques deviennent nerveuses. Elles mettent fin à leur expansion de crédit, et laissent les taux d’intérêt grimper pour atteindre un niveau plus proche de la réalité. Le resserrement des marchés du crédit fait initialement souffrir les opérations les plus endettées. Mais graduellement, de plus en plus d’entreprises se retrouvent en difficulté. Une vague de licenciements s’ensuit. Un grand nombre d’entrepreneurs réalise soudain qu’ils ont été trop ambitieux. Une récession douloureuse s’installe.

Cette fois-ci, c’est différent (en quelque sorte)

Depuis la crise financière de 2008, les hausses du marché boursier ont coïncidé avec les programmes d’assouplissement quantitatif, et les marchés ont subi un ralentissement à chaque fois que l’expansion monétaire a touché à sa fin. Les ventes massives d’août 2015 se sont produites après que les investisseurs ont pensé qu’une hausse des taux était imminente (elle était prévue pour le mois de septembre). Cette hausse des taux a été repoussée, et après sa mise en place en décembre, le marché a plongé jusqu’à atteindre son niveau de 2014.

Comme nous pouvions nous y attendre, et comme nous l’avons vu ces derniers mois, en période de resserrement de ses politiques monétaires par la Fed, la base monétaire officielle chute. Mais cela ne signifie pas que la Fet vend des actifs (comme elle le ferait dans le cadre d’un cycle naturel). En effet, les actifs de la Fed sont restés constants depuis la fin de la réduction de ses programmes d’achat d’obligations à la fin 2014.

C’est assez peu habituel, parce que la masse monétaire et les actifs de la Fed se déplacent généralement en tandem. Pourtant, depuis la fin 2014, il y a eu trois effondrements majeurs de la base monétaire qui sont survenus alors même que la Fed

L’explication est que la Fed a testé de nouvelles techniques afin de sortir temporairement les réserves du système bancaire, tout en ne réduisant pas ses réserves totales.

Au mois de décembre, la Fed a rehaussé les taux d’intérêt versés aux banques commerciales pour le dépôt de leurs réserves auprès de la Fed. J’aime décrire cette politique comme un versement par la Fed aux banques, afin que ces dernières n’accordent pas de prêts à leurs clients.

Qu’est-ce que tout cela signifie ?

Pourquoi donc la Fed tente-t-elle de resserrer la masse monétaire sans vendre d’actifs, comme elle l’a fait par le passé ? Tout n’est question que de ceci : afin de refinancer les banques commerciales et d’investissement – du moins celles qui s’entendent bien avec les officiels de DC – ainsi que de rendre possible pour le gouvernement fédéral de générer des déficits de plusieurs trillions de dollars. A la fin 2008, la Fed a commencé à acheter des trillions de dollars de dette du Trésor et de titres adossés à des actifs hypothécaires. Le système bancaire s’est trouvé inondé de trillions de dollars de réserves, en parallèle aux intérêts de court terme jusqu’à zéro pourcent. 

La Fed souhaite désormais (bien que modestement) faire grimper les taux, mais elle ne souhaite pas vendre ses bons du Trésor, de peur de faire flamber le coût d’emprunt et de faire s’effondrer le secteur immobilier. Alors la Fed augmente ses subventions aux grosses banques commerciales pour qu’elles conservent leurs réserves auprès de la Fed (plutôt que de les prêter à leurs clients) et – pour ces institutions qui ne sont pas légalement éligible dans le cadre de telles politiques – la Fed paie directement pour emprunter des réserves. En ajustant les taux d’intérêt que la Fed paie pour ces transactions, elle peut faire grimper ou descendre le plancher qui se trouve sous les taux d’intérêt. Aucune institution ne prêterait à une organisation du secteur privé pour moins que ce qu’elle touche de la part de la Fed, puisque la Fed peut créer des dollars comme bon lui semble, ce qui fait d’elle l’endroit le plus sûr où déposer des réserves.

Nous avons donc là le pire des deux mondes. Nous souffrons toujours des effets économiques du resserrement des politiques monétaires, parce que le prix du crédit est en hausse, ce qui est normale en période de resserrement monétaire. Et pourtant, nous ne bénéficions pas d’une Fed moins importante et d’un retour des actifs vers le secteur privé. Les contribuables américains versent des subventions aux institutions de crédit pour les pousser à imposer plus d’intérêts sur leurs prêts, alors même que les grosses banques et le Trésor continuent de bénéficier des plans de refinancement dont ils profitent depuis des années.

Une situation qui ne pourra pas durer

La Fed sera-t-elle capable de faire durer la partie encore longtemps ? En un mot, non. Nous avons déjà vu que la plus faible des hausses des taux d’intérêt va main-dans-la-main avec un effondrement important des marchés. Annuellement, la Fed verse 11 milliards de dollars de subventions aux banques. Si elle souhaite faire passer les taux des fonds fédéraux à 2%, alors ces subventions annuelles passeront à plus de 40 milliards de dollars. C’est là de la véritable monnaie, dans le sens où les revenus excédentaires de la Fed seraient autrement remis au Trésor. Ainsi, pour n’importe quel niveau de dépenses fédérales et de recettes fiscales, une hausse des versements offerts aux banquiers implique une hausse du déficit budgétaire fédéral.

Janet Yellen et ses collègues se trouvent coincés dans une gigantesque bulle sur les actifs dont sont responsables leurs prédécesseurs. S’ils entament un nouveau programme d’achat d’actifs, ils pourront peut-être repousser l’effondrement à plus tard, mais ils ne le rendront aussi que plus violent.

Il est impossible d’enrichir un pays par la création monétaire, notamment lorsque cette nouvelle monnaie est offerte au gouvernement et à Wall Street. Les tours de magie de la Fed qui visent à faire grimper les taux d’intérêt sans vendre d’actifs ne lui permettront pas d’échapper à cette réalité.

 

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