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Cette très chère dette

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Published : January 26th, 2012
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Category : Editorials

 

 

 

 

Le bras de fer engagé à propos de la restructuration de la dette publique grecque se poursuit, après trois semaines de marathon. En discussion, le taux auxquel seraient assujettis les titres émis en remplacement des obligations actuelles, destinées à subir une décote de 50 %, ainsi que le volume présenté volontairement à l’échange de ces dernières. De la combinaison de ces deux paramètres résulteront des pertes données pour les créanciers qui y participeront et une réduction déterminée de la dette publique.


Sont en lice le gouvernement grec et l’Institute of International Finance (IIF), lequel représente les créanciers présents dans la négociation. Mais un troisième larron est intervenu, s’octroyant le statut d’observateur, qui est avec le gouvernement allemand à l’origine des rebondissements actuels. Le FMI a considéré insuffisante la réduction de la dette grecque, au vu des taux proposées par l’IIF pour les nouveaux titres, car ils aboutissent selon lui à mettre en cause la viabilité du nouveau plan de sauvetage dans son ensemble – restructuration de la dette et prêts – empêchant le fonds d’y participer en raison de ses contraintes réglementaires.


L’IIF ayant déclaré être au taquet de ses concessions, le FMI maintenant que l’adoption de taux plus faibles est indispensable, les négociations ont bloqué ce week-end et d’autres solutions sont activement recherchées. Dès lundi, les ministres des finances de la zone euro ont déterminé une nouvelle date butoir pour celles-ci : le 3 février prochain. Ce mercredi, les créanciers devaient se réunir à Paris sous les auspices de l’IIF, et il est prévu demain à Athènes la reprise des négociations.


Tout le monde se tient par la barbichette dans cette affaire, rendant l’exercice scabreux. Dans un premier temps, il a été envisagé de demander à l’Union européenne d’augmenter le montant de son prêt de 130 milliards d’euros pour compenser la réduction moindre de la dette, solution qui a été immédiatement rejetée par les impétrants. Les regards se sont également tournés vers la BCE, qui détient avec l’Eurosystème environ 45 milliards d’euros de titres grecs, à qui il a été proposé de s’associer à l’opération afin que le niveau de réduction de dette réclamé par le FMI soit atteint (120 % du PIB à l’horizon 2020). Permettant d’augmenter le nombre des anciens titres échangés pour ne pas diminuer le taux des nouveaux et satisfaire l’IIF.


Mercredi, Christine Lagarde est intervenue au nom du FMI pour proposer que les créanciers publics s’associent aux privés, afin que le compte y soit, désignant implicitement la BCE. Depuis le début, cette dernière est clairement opposée à toute implication de sa part dans l’opération, au prétexte que cela reviendrait à financer les États, ce qui lui est interdit comme on ne l’ignore pas. Elle a toutefois recherché en interne ces derniers temps des biais possibles pour y contribuer, sans résultat connu.


Si elle se joignait au club, la BCE devrait supporter une perte d’environ 20 milliards d’euros, qu’elle partagerait avec les 17 banques centrales nationales de l’Eurosystème. Ce qui ne serait pas insurmontable, puisqu’elle pourrait rééquilibrer son bilan en créant de la monnaie, ou en se retournant vers ses actionnaires, les BCN donc les États européens, pour être recapitalisée comme elle l’a déjà fait en décembre 2010.


Sa crainte est ailleurs. Elle réside dans le danger d’être associée à un tel précédent. Jean-Claude Trichet avait tenté de s’opposer au principe même d’une restructuration, faisant valoir que cela déclencherait une réaction virulente inévitable des marchés. Les faits ne lui ont d’ailleurs pas donné tort, de ce point de vue. Réputée sans risques, la dette souveraine doit sans exception le demeurer aux yeux des investisseurs qui ne supportent pas qu’il puisse en être autrement. Ils ont besoin de points d’appuis pour construire leurs pyramides et ne se contrôlent plus lorsque ceux-ci leur font défaut.


Mais le mal étant fait, il est désormais redouté que d’autres pays demandent à leur tour à bénéficier de la même faveur. Une éventualité à laquelle BNP Paribas a voulu porter dès le départ un coup d’arrêt définitif en clamant que la restructuration grecque était un cas unique, qui ne serait en aucun cas renouvelé. Mais pourquoi l’Irlande et le Portugal, mais aussi l’Espagne et l’Italie, ne bénéficieraient-elles pas demain de ce que la Grèce a obtenu, si leur situation devenait à son tour aussi dramatique ? Pour le coup, une telle demande exhaussée ferait sauter la banque (le système bancaire), et il n’est pas exclu qu’elle se présente… La BCE voudrait donc tourner au plus tôt la page pour ne plus y revenir.


Il existerait bien une solution qui permettrait de contraindre tous les créanciers à participer à l’échange afin d’en finir, mais elle est à double tranchant. Non pas tellement parce qu’elle déclencherait l’activation des CDS – un “événement de crédit” constaté, étant donné les volumes limités qui semblent avoir été émis – mais parce que la mise en place d’une clause d’action collective serait également contraignante pour la BCE. On tourne en rond.


Dans l’immédiat, il va falloir ruser pour aboutir à un accord. Trouver des montages financiers plus ou moins rocambolesques et inventer des contreparties qui ne se refusent pas. Personne ne recherche l’échec, mais ce n’est jamais une garantie de succès. Il faut savoir terminer une restructuration…


Si la Grèce est un laboratoire, c’est aussi parce qu’elle permet d’expérimenter en grandeur réelle une première restructuration de dette. Ce qui n’est de toute évidence pas une réussite, étant donné l’écheveau de contradictions d’intérêt. Il n’y a pourtant que deux issues possibles. Soit de tenter d’ouvrir une voie, comme Mario Monti s’y essaye, qui supposera de trouver un relais avec la BCE et le FMI, soit de se résoudre à poursuivre les restructurations de dette, ce qui ne sera pas sans lourdes conséquences pour les banques européennes.


“Les contours d’une possible voie de sortie de la grave crise qui a touché l’Europe commencent à prendre forme”, a déclaré le président du conseil italien. A condition de ne pas être rattrapé par la dynamique de la crise qui ne lui laissera pas nécessairement le temps de l’emprunter.


Dans l’immédiat, c’est en Espagne que les signes de craquement se multiplient, le gouvernement incapable d’atteindre ses objectifs de réduction du déficit alors que le dossier des banques devient prioritaire pour n’avoir été qu’effleuré. Il se confirme par ailleurs au Royaume-Uni, où la récession est de retour et la dette continue d’enfler, que le plan Cameron est un échec amenant la Banque d’Angleterre à annoncer de nouveaux rachats massifs d’actifs obligataires.


Billet rédigé par François Leclec


 

 

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Paul Jorion, sociologue et anthropologue, a travaillé durant les dix dernières années dans le milieu bancaire américain en tant que spécialiste de la formation des prix. Il a publié récemment L’implosion. La finance contre l’économie (Fayard : 2008 )et Vers la crise du capitalisme américain ? (La Découverte : 2007).
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