Urgence. C’est le maître-mot de cette pitoyable fin de quinquennat hollandesque. Après un « état d’urgence » de plus en plus discutable, voilà maintenant le « plan d’urgence » contre le chômage. Il fallait au moins ça pour sauver ce qu’il restait à sauver de l’emploi en France… et de la candidature de Hollande en 2017.
C’est donc en grandes pompes et dans ses petits souliers que le président français a dévoilé ce lundi son nouveau plan d’urgence inédit tout neuf pour l’emploi, à l’occasion des vœux aux « forces vives » de la Nation. C’est un grand changement depuis les années passées. Rappelez-vous, en 2013, François nous avait infligé son « pacte de compétitivité » (dont personne ne se souvient et dont les effets sont restés invisibles) en plaçant l’emploi comme priorité. En 2014, il nous vendait le « pacte de responsabilité » avec l’emploi en ligne de mire. Et en 2015, il avait surpris tout le monde en réclamant une mobilisation nationale pour l’emploi via l’apprentissage. Le plan d’urgence pour l’emploi de 2016 apparaît donc comme un vrai changement, dans la droite ligne de ce qui fut fait jusqu’à présent avec le brio qu’on a pu constater.
Que trouve-t-on dans ce nouveau plan d’urgence tout neuf inédit qui change tout ? Va-t-on assouplir le marché du travail, le plus rigide d’Europe et qui vaut à la France d’être le seul pays de l’Union à voir son chômage augmenter actuellement ? Eh bien que nenni, ce n’est pas à l’ordre du jour. Bon. Soit.
Mais alors, va-t-on remettre en cause le paritarisme, trop souvent synonyme de parasitisme, qui régule et étouffe toute la vie sociale et économique en France, qui impose les gabegies des syndicats, les traitements iniques de l’assurance santé ou de la gestion calamiteuse des retraites ? Va-t-on remettre à leur place les syndicats actuels, plus du tout représentatifs voire carrément délétères, et ramener enfin le contrat de travail à sa dimension réelle d’un acte signé entre deux parties adultes et responsables de leurs actes, comme tant d’autres pays l’ont déjà fait avec bonheur et baisse du chômage à la clé ? Oh, là, vous n’y pensez pas, mon brave !
Non, tout ça est bien trop complexe. Le Président François de l’Organisation État Universel Français n’est pas décidé à modifier aussi drastiquement le fonctionnement de l’usine à gaz dont il peut encore toucher directement les bénéfices. Comme à l’accoutumée, il procédera par petites touches extrêmement délicates, et ce d’autant plus que ses buts affichés ne coïncident que très peu avec ses buts personnels réels.
C’est ainsi que pour son « plan d’urgence » qui va créer de l’emploi comme jamais, François mise cette année tout… sur la formation. Et il n’y va pas avec le dos de la cuillère, puisqu’il estime son Plan d’Urgence à deux milliards d’euros (ça tombe bien, on a plein de sous actuellement, il semblerait), dont un milliard entier consacré à la formation de 500.000 personnes.
Aaaah, la formation ! Quelle idée lumineuse ! Et surtout, qui n’a jamais été tentée auparavant ! Et de surcroît, dont les volants financiers n’ont jamais été plus ou moins directement pompés par les syndicats et les formations politiques divers et variés !
Dans ce contexte, un bon gros milliard d’euros bien joufflu (soit 2000 € par « formé »), cela donne immédiatement le ♩ La ♩ aux différents protagonistes, qui ont bien humé le fumet délicat de la grosse piscine d’argent public prête à recevoir leurs ébats.
Ne nous leurrons pas.
Ce plan d’urgence pour sauver la candidature de Hollande ressemble à une belle tentative de s’assurer une fin de quinquennat tranquille. Ici, le père François achète les syndicats et, de cette façon, semble vouloir signifier qu’il ne veut surtout pas de grèves ou d’opposition frontale pour le reste de son mandat. Ceci peut vouloir dire deux choses : ou bien (et c’est très peu probable), qu’il a dans sa besace quelques réformes peu populaires qu’il doit faire passer. Ce serait une première pour un président qui a toujours montré, jusqu’à présent, ne faire que le strict minimum pour assurer son second mandat. Plus probablement, il sent, confusément peut-être, mais suffisamment que la situation va empirer et achète donc une paix sociale qui lui permettra de se placer dans un contexte syndicalo-politique pas complètement pourri.
Enfin, et c’est le plus important, c’est un calcul politicien lucide : 500.000 personnes en formation, c’est un demi-million de chômeurs qui disparaissent des statistiques, pouf, d’un trait de plume. Pour un petit milliard d’euros, ce n’est même pas cher. Si on y ajoute, d’ici à la fin de l’année, la création de milliers d’emplois aidés ou directement publics, le tableau général ne fait guère de doute : Hollande aura enfin son inversion de courbe. Artificielle, purement statistique et totalement bricolée à force d’argent public, d’endettement et de distribution de prébendes, mais inversion il y aura, et candidature il renouvellera serein.
Bref : à moins bien sûr qu’un effondrement des marchés boursiers et une crise majeure dans le domaine bancaire ou sur les dettes souveraines ne changent radicalement la donne, le pari de Hollande est donc déjà gagné. Bien évidemment, vous aurez la gentillesse d’oublier tous les précédents paris de Hollande qui se sont tous soldés par un échec. Du reste, les signes économiques actuels ne semblent pas trop favorables…
Et les chômeurs, le chômage, la vraie création d’emplois dans tout ça ? Allons, ne soyez pas naïfs : nos dirigeants s’en foutent. Au-delà de 2017, il n’existe rien.
(Et pour de vraies solutions, on pourra relire cet excellent billet de Vincent Bénard)
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