Alors qu’approche la
nouvelle année, voyons où en sont les marchés pétroliers. 2014 s’est prouvée
être une année capitale pour le pétrole, qui a vu son prix divisé par deux en
seulement six mois.
La question est
désormais de savoir vers où se dirigeront les prix en 2015. Le prix du
pétrole est actuellement à un niveau extrêmement bas, et de nombreux
producteurs et régions pétrolières opèrent aujourd’hui dans le rouge. Voilà
qui peut fonctionner sur le court terme, mais sur les moyen et long termes,
des sociétés finiront par être chassées du marché pour précipiter une hausse
de prix. La question reste de savoir quand, et quelle sera l’ampleur de cette
hausse.
Que cela signifie-t-il
pour le prix du pétrole en 2015 ? A chacun de se faire sa propre idée,
mais voici les cinq variables qui détermineront la trajectoire de son prix au
cours des douze prochains mois :
1. L’économie chinoise.
La Chine est le deuxième plus gros consommateur de pétrole au monde, et a surpassé les
Etats-Unis en tant que plus gros importateur d’énergie liquide à la fin 2013.
Plus important encore pour le prix du pétrole, la consommation de la Chine
devrait grimper ces prochaines années. Selon l’AIE, la
Chine devrait consommer 3 millions de barils supplémentaires par jour en 2020
par rapport à 2012, et devrait représenter environ un quart de la demande
globale sur la période. Bien que l’incertitude règne, la Chine vient
d’enregistrer un
quatrième trimestre décevant, et l’année 2014 a marqué son taux de
croissance le plus faible en plus d’un quart de siècle. Il n’est pas
nécessairement évident que la Chine sera capable de mettre fin au
ralentissement de sa croissance, mais la trajectoire de l’économie chinoise
aura un impact important sur le prix du pétrole en 2015.
2. Le pétrole de schiste
américain. A la fin de l’année 2014, les Etats-Unis produisaient plus de 9
millions de barils de pétrole par jour, soit 80% de plus qu’en 2007.
Cette production a largement contribué à la surabondance de pétrole sur le
marché, qui a fait plonger le prix du pétrole en 2014. S’étant collectivement
tiré dans le pied, la question reste maintenant pour les producteurs
américains de savoir comment un WTI de moins de 60 dollars le baril les
affectera. Le nombre de puits en activité continue de décliner, mais la
production reste stable. Le maintien ou la baisse de son niveau de production
par l’industrie jouera un grand rôle sur l’état des réserves internationales
et, en conséquence, sur les prix.
3. L’élasticité de la
demande. Le remède à un prix peu élevé est un prix peu élevé. Ce cliché peut
être appliqué à l’offre comme à la demande. Un pétrole si peu cher va-t-il
faire grimper la demande ? Dans les pays où il est plus régulé, sa
baisse de prix pourrait ne pas affecter le commerce de détail. Certains pays
comme l’Indonésie réduisent
leurs subventions, ce qui devrait faire gonfler leurs coffres mais réduira
les bénéfices tirés par les consommateurs. En revanche, aux Etats-Unis, le
prix du carburant est désormais inférieur à 2,40 dollars le gallon, soit 35
cents de moins qu’en milieu d’année. La consommation de carburant a flambé en
conséquence. En cette fin d’année 2014, la consommation quotidienne de
carburant aux Etats-Unis est au
plus haut depuis 2007. Un prix du pétrole très faible pourrait faire
grimper la demande, qui à son tour pourrait en faire grimper le prix.
4. Les décisions futures
de l’OPEP. L’OPEP mérite beaucoup de crédit (ou de blâme) pour la baisse du
prix du pétrole survenue cette année. Bien que certains spécialistes aient
déclaré la décision de l’OPEP de maintenir sa production inchangée comme sans
importance, le simple fait que le prix du pétrole se soit effondré après la
réunion du cartel au mois de novembre démontre de l’influence qu’il a sur les
fluctuations de prix. Pour l’heure, l’OPEP, ou devrais-je dire l’Arabie
Saoudite, continue de refuser de diminuer son quota de production. Reste à
voir si elle changera d’avis en 2015.
5. Les crises
géopolitiques. Il n’y a pas si longtemps, la moindre perturbation faisait
flamber le prix du pétrole. Au début de l’année 2014 par exemple, les
violences en Lybie ont mis fin aux exportations pétrolières du pays, et
contribué à la hausse du cours. En Irak, ISIS a pris le contrôle de certaines
régions et le prix du pétrole a flambé devant la possibilité de pénuries du
côté de l’offre. Mais depuis lors, les crises géopolitiques ont eu un impact
moins important sur le prix du brut. Au cours des dernières semaines de 2014,
des violences
ont de nouveau éclaté en Lybie. Mais après une brève hausse des prix, les
marchés sont passés à autre chose. Il n’en est pas moins que les crises
géopolitiques soient l’un des facteurs les plus déterminants du cours du
pétrole sur le court terme.