Mes chères contrariennes, mes chers contrariens !
Celles et ceux qui lisent régulièrement le Contrarien savent tout l’intérêt
que je porte aux mutations technologiques de notre monde qui ont évidemment
des répercussions économiques fondamentales, en particulier sur le niveau
d’emploi.
Si vous faites partie des béats endormis vivant dans un présent permanent
et imaginant que tout ira bien, que la croissance reviendra et avec elle le
plein-emploi, cet article et ces réflexions ne sont pas pour vous. En
revanche, si vous êtes inquiets, comme je le suis, en particulier pour
l’avenir de nos enfants, je vous propose ici de partager encore une fois non
pas LA vérité mais mes réflexions sur le sujet et les solutions ou les pistes
que nous pouvons essayer d’imaginer. Encore une fois, même si je ne peux pas
matériellement répondre à tous, n’hésitez pas à m’écrire, à réagir, à
compléter ou amender en m’écrivant à charles@lecontrarien.com car ma
réflexion évidemment s’enrichit (et grandement) des vôtres.
Les robots menaceraient un emploi sur trois au Royaume-Uni
C’est un article de La Tribune qui revient sur la dernière étude
au sujet de l’emploi et de la révolution informatico-robotique actuelle.
Cette étude a été réalisée par le grand cabinet de conseil Deloitte et ses
conclusions sont assez noires concernant le salariat. D’ailleurs, ces
derniers temps, les études tendant à prouver que le niveau d’emploi va
considérablement chuter se multiplient. Mais vous pouvez toujours croire au
Père Noël et à l’histoire des canuts qui ne voulaient pas disparaître et «
qui avaient peur du changement ».
« Pour éviter d’être évincés par les robots, les employés vont devoir se
doter de nouvelles qualifications avance l’étude.
Le remplacement des hommes par les machines pour les tâches automatisées
n’est pas un fait nouveau, mais son impact chiffré était jusqu’alors méconnu.
Une étude conjointe de Deloitte et de l’Université d’Oxford avance que la
tendance pourrait concerner jusqu’à un emploi sur trois au Royaume-Uni.
Les métiers tel qu’assistant libraire, secrétaire, agent de voyage ou
encore greffier sont parmi les plus exposés à la concurrence des ordinateurs.
Le phénomène est déjà bien entamé puisque depuis 2001, ces métiers ont déjà
fondu de 40 % selon l’étude publiée lundi par Deloitte et l’université
d’Oxford,
L’avenir pour le marché du travail n’est que plus sombre puisque 35 % des
emplois au Royaume-Uni et 30 % à Londres risquent d’être supplantés par des
machines d’ici les vingt prochaines années poursuit l’étude. »
Des métiers hautement qualifiés
« Pour éviter d’être évincés par les robots, les employés vont devoir se
doter de nouvelles qualifications avance l’étude. Bien sûr, les compétences
en matière numérique sont les plus demandées : 85 % des employeurs londoniens
sont à la recherche de profils avec « un savoir-faire digital »,
mais aussi avec des aptitudes en management et une bonne dose de créativité.
En somme, mieux vaut avoir les qualités qu’un ordinateur ne pourra (jamais ?)
se doter.
Loin d’être fatalistes, les analystes de Deloitte appellent les décideurs
politiques et les entrepreneurs à réagir, vite, pour que la
« main-d’oeuvre » se dote de ces aptitudes inimitables par les
machines. »
Quelles solutions à titre personnel et pour nos enfants ?
Si faire de l’informatique peut sembler une bonne idée au premier abord,
cela n’est plus si vrai, loin de là. En effet, désormais c’est des milliers
de postes qui sont délocalisés en Inde par exemple où des développeurs low
cost remplacent les développeurs « bien de chez nous » et made in France qui,
eux, coûtent beaucoup plus cher.
Alors essayons juste de poser les bases d’une démarche intellectuelle sur
l’orientation de nos enfants. Nous devons les inciter à se diriger vers des
métiers ayant les trois caractéristiques suivantes :
1/ Non délocalisable
2/ Non robotisable
3/ Non informatisable
Vous allez me dire, d’accord très bien, tes 3 critères mais là, tu viens
de supprimer presque tous les jobs existants… Eh oui, et c’est bien de cela
dont il faut prendre intimement conscience… Prenons quelques exemples.
Banquier d’en bas en agence bancaire ? Mauvaise idée. Banque en ligne,
fermeture de toutes les agences ou presque dans 5 ans. Arrivée sur le marché
de l’emploi de 500 000 « petits banquiers ». Du coup, le cours du banquier
d’occasion en reconversion s’effondre et chômage de longue durée hautement
probable.
Informaticien développeur ou analyste programmeur ? Comme je le disais,
oups, direction la délocalisation en Inde. Mauvaise idée.
Comptable avec un BTS ? Bonne idée ces dernières années, mais là, ce n’est
plus trop le bon plan. D’abord, la saisie est de plus en plus délocalisée
(par exemple la Société Générale a balancé quelques milliers de postes de
comptables en Inde) et cela sera de plus en plus informatisable avec tous les
logiciels se « parlant » entre eux…
Fonctionnaires ? Une excellente idée si vous voulez finir comme les Grecs
à ne même pas recevoir votre salaire, quant aux postes de CRS, ils seront
avantageusement remplacés par des CRS robots très dissuasifs et sans état
d’âme. Le flic parfait en somme.
Bon alors quoi me direz-vous ?
Le retour en grâce des métiers manuels !!
Pour le moment, nous avons du mal à concevoir le robot plombier capable de
ramper derrière une cuisine équipée pour réparer une fuite… Comme ces métiers
sont assez mal aimés, finalement un bon plombier gagne beaucoup mieux sa vie
qu’un cadre d’agence bancaire… Eh oui, surprenant mais c’est la réalité
actuelle. Il en est de même pour l’électricien, le serrurier ou encore… le
boulanger.
L’artisanat recèle donc de véritables opportunités pour nos jeunes.
Autre piste, et cela découle de l’idée précédente, il devient aujourd’hui
plus risqué d’être salarié soumis aux aléas des licenciements que d’être
soi-même son propre patron ! Il n’y a rien de plus robuste et de plus
résilient qu’un « patron ». Il faut donc favoriser la débrouille et cet
esprit entreprenant chez nos enfants. La plus grande chance que nous
puissions leur offrir est de leur montrer qu’ils ne doivent pas avoir peur,
car la peur tétanise.
L’un des mes cours préférés avec mes étudiants c’est le sujet suivant : «
Vous n’avez plus que 500 euros en poche. Vous n’avez plus de parents et plus
d’amis, normal, personne ne vous aime. Comme personne ne vous aime, personne
ne veut vous recruter. Vous avez 48 heures devant vous pour trouver le moyen
de gagner de l’argent tout seul et évidemment légalement, la vente de shit
n’étant pas encore autorisée ! »… Et là, c’est parti, les étudiants planchent
et vous savez quoi ? Ils trouvent, il faut évidemment les aider un peu, leur
montrer qu’à chaque problème une solution est possible et que l’on est
souvent arrêté par nos propres chaînes mentales bien plus que par des freins
réels. Faites cet exercice vous-même et renvoyez-moi votre copie. Encore une
fois, vous n’avez que 500 euros, personne ne vous donnera rien d’autre, vous
ne gagnerez pas au loto, pas de business angel, ni de prêt bancaire !
Ceux qui ne trouvent pas de réponse ? Écrivez-moi, je vous enverrai la
copie du « corrigé ». L’idée de cet exercice c’est d’une part de stimuler la
créativité et la débrouillardise, mais c’est aussi de donner confiance en soi
dans un monde incertain. Le luxe, désormais, c’est aussi de ne pas avoir peur
de l’avenir.
La solution à ce problème passe évidemment par la création de son propre
métier, de sa propre activité et elle doit vous permettre de « gagner » votre
vie là, maintenant, tout de suite. Point d’idée de start-up fumeuse avec
retour sur investissement dans 30 ans et introduction en Bourse.
Les doubles ou triples compétences !
Mon enfant n’est pas très doué à l’école ? Pas grave, nous ne serons pas
tous diplômés de polytechnique, tout le monde l’a compris sauf les crétins
béats invétérés. Mais ce n’est pas grave. Tout d’abord, on peut ne pas être
très brillant à l’école et l’être nettement plus dans la vie ! D’ailleurs,
l’école est de moins en moins un passeport pour la réussite. N’ayez pas peur
de cela. En revanche, il faut ajouter des compétences aux compétences. Il
serait dommage de n’être qu’un plombier alors que l’on peut être patron d’une
boîte de plomberie qui marche fort et plein aux as (façon de parler, mais en
tout cas à l’aise).
La maîtrise des savoirs de base est indispensable. Les 4 opérations, la
lecture, l’écriture, et… l’histoire. Là résident les clefs pour comprendre le
monde. Après, tout n’est qu’affaire de travail, de formation, de recherches y
compris en autodidacte et avec la puissance d’Internet, tous ceux qui ont une
véritable curiosité d’esprit sont tous devenus des « pro » de la formation
continue avec les nouvelles technologies. J’ai une fuite sur un tuyau ? Je
demande à Google mon meilleur ami (enfin juste le moteur de recherche pas
forcément les projets de l’entreprise) et j’obtiens en quelques secondes une
superbe liste de « tutoriels » de vidéos capables de me montrer comment
couper mon bout de tuyau, mettre mes raccords et resserrer le tout, sans
soudure… Je vous raconte pas comment j’ai épaté ma femme sur ce coup-là !
En clair, les multiples compétences c’est du savoir-faire intellectuel, du
savoir-faire technique et du savoir-faire manuel. Plusieurs possibilités,
plusieurs capacités, plusieurs fers au feu, voilà les solutions pour nos
enfants et d’ailleurs déjà pour nous. Si vous êtes licencié demain, quel est
votre plan ? Quelles sont vos alternatives ?
Encore une fois, il faut relier tout cela à votre PEL !! Patrimoine,
Localisation, Emploi… Vous perdez votre emploi en région parisienne ? Votre
patrimoine c’est votre logement ? Vous avez de quoi agir mais encore faut-il
être capable d’agilité intellectuelle (aucun jugement de ma part là-dedans).
Alors que faire ?
En fonction des appétences de mes enfants, je leur donnerai à tous une
formation intellectuelle, une formation manuelle et je ferai tout pour
susciter chez eux la plus grande des curiosités.
Enfin, je les pousserai à ne pas avoir peur, à être entreprenants et
intrépides, et je leur explique déjà que l’on ne doit jamais travailler, mais
s’amuser. Je fais partie de ceux qui ont la chance extraordinaire non pas
d’être riche, mais de ne jamais travailler. Je m’amuse. Chaque jour, chaque
heure, je fais ce que j’aime. Le travail n’est plus la torture au sens
étymologique mais un plaisir réel. On ne fait bien que ce que l’on aime.
Alors n’ayons pas peur pour nos enfants, donnons-leur au contraire, parce
qu’ils devront façonner le monde de demain, les connaissances, le savoir,
l’envie, la joie et le plaisir d’apprendre, la capacité de réfléchir et
d’analyser, offrons-leur la créativité et l’imagination, la confiance en eux,
et croyez-moi, cela ne passe plus ni par la télé, les consoles, les tablettes
et les écrans, ni par l’école qui n’est plus que l’ombre d’elle-même et une
institution d’abrutissement et d’endoctrinement des masses. N’ayons pas peur,
n’ayez pas peur… et ces paroles qui ne sont pas de moi, ne sont vraiment plus
toutes jeunes !!
À demain… si vous le voulez-bien !!
Charles SANNAT
« À vouloir étouffer les révolutions pacifiques, on rend inévitables les
révolutions violentes » (JFK)
Editorialiste et rédacteur du Contrarien Matin
Directeur des Études Économiques Aucoffre.com
http://www.lecontrarien.com/