Afin de « progresser vers une France de
propriétaires », François Fillon a officiellement
lancé lundi dernier le 17
janvier le nouveau
prêt à taux zéro, avec un objectif de 380 000
bénéficiaires par an, soit deux fois plus qu'avec l'ancien
système. Le budget de ce
dispositif est fixé à 2.6 milliards d’euros. Par an.
Il va de soi qu’il n’y a pas de lien entre
cette nouvelle disposition et les rumeurs de taxation des plus values sur la résidence
principale, projet qui semble faire quelque bruit même au sein de
la majorité supportant le gouvernement. Quoi qu’en
matière de fiscalité les propriétaires
d’aujourd’hui font les imposés de demain, adage bien
connu.
De même, pas un esprit chagrin n’aura l’impertinence
de relever que ces 2,6 milliards d’euros représentent une
subvention (de plus) des banques, puisque ces sommes et les garanties de
paiement qui y seront nécessairement attachées, iront
directement dans leur poche.
Il faut beaucoup de courage, ou d’inconscience, pour
demander au contribuable français de subventionner l’achat
d’une maison par son futur voisin à raison de 2.6 milliards
d’euros, soit 132 euros par foyer
imposable et par an. Presque 1.000 francs par an et par foyer.
Cette subvention, par nature, a pour but de provoquer une distorsion
massive du marché de l’immobilier, en incitant les personnes
recherchant un logement à devenir propriétaires au lieu de
locataires. En créant une
demande artificielle et supplémentaire, elle provoquera une hausse du
marché immobilier, et en conséquence risque fort de se
retourner contre ceux là mêmes qu’elle est censée
inciter.
En effet, les prix de l’immobilier sont directement
corrélés au niveau des taux
d’intérêts : ceux-ci étant au plus bas, les
prix de l’immobilier sont au plus haut. Il n’est que de regarder
les gros titres qui s’extasient chaque jour de la
« vitalité » du marché immobilier.
En solvabilisant une demande supplémentaire, le
gouvernement met de l’huile sur le feu, et attise la hausse des prix.
Les futurs 380 000 bénéficiaires des
prêts à taux zéro vont donc s’endetter pour une
longue durée pour acheter un bien immobilier au prix le plus cher, un
autre projet gouvernemental, la « maison Borloo »,
ayant eu le succès que l’on sait.
La hausse future et prévisible des taux
d’intérêts fera baisser le prix du logement qu’ils
ont acquis, mettant certains dans de graves difficultés.
Il y a dix ans qu’un mécanisme similaire a
été crée par un président Américain,
George W. Bush, pour permettre aux moins aisés
« d’accéder au rêve
américain », la propriété de leur
maison : « The Ownership
Society » . Avec les brillants
résultats que l’on connait.
Comment avez-vous dit ?
Subprime ?
Mais à la française, bien sur.
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