After America: Get Ready for Armageddon est presqu’aussi déprimant que son titre. 2crit en 2011 par Mark Steyn, ce livre, que je lis aujourd’hui pour la toute
première fois, apporte une profondeur statistique aux scénarios catastrophe
qui animent ce forum de temps à autre. Nul besoin d’essayer de sauver la
République, nous explique Steyn, tout simplement
parce qu’il est trop tard. L’Etat nourricier est devenu oppresseur, il s’est
mêlé à toutes les facettes de notre vie au point que même le roi George III
l’aurait considéré comme trop intrusif. Pire encore, des bureaucrates
non-élus s’efforcent d’écraser l’énergie, l’initiative et la vitalité de
l’économie. Ils sont partout, et son payés beaucoup plus que leurs homologues
du secteur privé. Steyn note qu’en 2009, l’employé
moyen du gouvernement américain percevait 81.258 dollars de salaire plus
41.791 de bénéfices, pour un total de 123.049 dollars. L’employé du secteur
privé touchait quant à lui 50.462 dollars de salaire, auxquels venaient
s’ajouter 10.589 dollars de bénéfices, pour un total de 61.051 dollars. C’est
pourquoi ces derniers auront à travailler jusqu’à leurs 80 ans pour payer la
retraite que prendront les employés du gouvernement à 55.
Pour ce qui est d’élire des
Républicains afin de barrer la route à un président marxiste déterminé à
détruire les Etats-Unis, Steyn nous rappelle que
l’opposition loyale fait tout autant partie du problème que les Démocrates
qu’elle cherche à contrôler. C’est une situation qui est devenue de plus en
plus évident depuis la publication du livre de Steyn.
A l’époque, nous aurions pu espérer qu’Obamacare,
la loi la plus destructive jamais votée par le Congrès, ainsi que la nouvelle
taxe imposée à la classe moyenne américaine, soient vite répudiés. Mais le
parti républicain a pris pour cible la taxe imposée sur les équipements
médicaux par l’Affordable Care Act
tout en s’achetant du temps en attendant que la Cour suprême prenne une
décision concernant King v. Burnell. Bien que
l’affaire semble pouvoir invalider Obamacare dans
la trentaine d’Etats qui ont sagement décidé de ne pas mettre en place leurs
propres systèmes d’assistance médicale, les Républicains n’auront aucune
stratégie de défense des avantages de leur système à présenter à la cour cet
été.
Un réseau de
régulations mesquines
Personne n’a jamais connu les
Etats-Unis aussi bien qu’Alexis de Tocqueville, et Steyn
cite l’un de ses passages les plus révélateurs pour montrer comment
l’Amérique, une république démocratique, a été plus vulnérable aux séductions
sournoises que les despotismes européens : « Je perçois une foule
immense d’Hommes égaux qui tournent sur eux-mêmes sans trêve, à la recherche
de plaisir vulgaires avec lesquels nourrir leur âme ». « Ce n’est
pas là une si mauvaise description d’une populace préoccupée par les médias
sociaux », note Steyn. Mais Tocqueville
continue : « Au-dessus d’eux s’élève un immense pouvoir de tutelle,
qui lui seul porte la responsabilité de leur plaisir et de leur destinée. Il
est absolu, attentifs aux moindres détails, provident et bon. Il pourrait
ressembler au pouvoir paternel si, comme ce pouvoir, il avait pour objectif
de préparer des garçons à la vie d’homme. Mais il recherche, au contraire, à
les maintenir irrévocablement en enfance… il leur offre sécurité,
satisfaction de leurs envies, et les guides dans les affaires importantes…
« Le souverain étend ses bras autour de
la société toute entière, il couvre toute la surface de régulations mesquines
– complexes et uniformes – au travers desquelles même les esprits les plus
originaux et les âmes les plus vigoureuses ne peuvent percer… Il ne brise pas
les volontés, il les amollit et les façonne. Il ne force que rarement
l’action, mais s’oppose constamment à l’action individuelle… il ne tyrannise
pas, il se met en travers du chemin. Il empêche, il affaiblit, il stupéfie,
et finalement réduit chaque nation à ne devenir rien qu’une horde d’animaux
timides et laborieux, de laquelle le gouvernement est le berger ».
Deux années de plus d’Obama,
et le rêve américain sera plus proche encore de la mort. La dépression
économique qui approche ne fera que hâter et consolider le triomphe de l’Etat
nourricier sur l’individualisme le plus hardi que l’économie ait jamais
connue.