Le grand retour de l’or au cœur de notre
système monétaire nécessite deux choses :
- Qu’il
soit compatible avec notre système monétaire actuel.
- Qu’il puisse
fonctionner à toutes les échelles, jusqu’à
celle des consommateurs.
Si ces deux points ne peuvent être respectés,
toute tentative de réintégrer l’or au système
monétaire finira par échouer. Nombreux sont ceux à avoir
réfléchi à une manière de réintroduire
l’or au sein du système monétaire sur le modèle de
l’ancien étalon or. Selon moi, cette stratégie ne
pourrait pas fonctionner, pas simplement parce qu’il n’existe pas
assez d’or au prix actuel pour qu’une telle chose soit possible,
mais également parce qu’elle ne respecte pas le premier point
mentionné plus haut.
On ne peut qu’apprécier l’étude
sponsorisée par le Conseil Mondial de l’Or qui en est
arrivée à la conclusion que la demande en or a
substantiellement augmenté depuis l’éclatement des deux
crises globales. Mais pour que l’or puisse réintégrer le
domaine officiel, il doit être ré-adopté de
manière à ce que les banques centrales puissent dominer et
contrôler son utilisation afin qu’elle soit compatible avec le
système monétaire actuel.
A l’heure actuelle, les banquiers et les
gouvernements se retrouvent impuissants devant l’effondrement de leur
devise respective, que ce soit aux Etats-Unis ou en Europe. Les Etats-Unis
devraient traverser une nouvelle crise dans les mois à venir. Il est
clair aux yeux de tous que le système bancaire tel qu’il
fonctionne aujourd’hui ne pourra pas supporter une reproduction de ce
qu’il s’est passé au cours de ces cinq dernières
années. Quelque chose doit être fait, et vite.
Puisque tous les systèmes monétaires du
monde sont basés sur le modèle forgé par les Etats-Unis
et en dépendent en raison du rôle actuel du dollar en tant que
devise internationale, le traité de Bâle III et les discussions
autour du devenir de l’or aux Etats-Unis dicteront la manière
dont réintroduire l’or, et en conséquence,
l’argent.
L’or en
passe de devenir un actif Tier I dans le monde
développé
Le monde développé, dans son ensemble,
n’est pas convaincu que l’or puisse apporter une réelle
valeur au système de devises papier qui est en place depuis maintenant
quarante ans. Mais les crises qui se sont abattues sur ce système au
cours de ces cinq dernières années et qui semblent en passe de
se reproduire ont vu certains banquiers et gouvernements ajouter de l’or
à leurs réserves pour en améliorer la liquidité
et faciliter l’offre de prêts aux nations qui en ont besoin.
La mobilisation de l’or au sein du système
monétaire du monde développé est désormais une
question centrale, comme le prouve la proposition par la Fed et par
Bâle III de son passage depuis un actif Tier
II à un actif Tier I. Si cette proposition
était adoptée, 100% de la valeur de son or pourrait être
attribuée aux bilans d’une banque, et non 50% comme c’est
le cas aujourd’hui. Pourquoi est-ce important pour les investisseurs
sur l’or ? Si les banques commerciales pouvaient détenir de
l’or en tant qu’actif Tier I, (pour
citer Mr. Weber, ancien directeur de la Bundesbank) ce dernier
‘pourrait faire contrepoids face au dollar’.
Indépendamment des réussites et des
échecs de cette proposition, sur le plan officiel aussi bien que sur
le secteur de la vente au détail, le besoin pour l’or de
supporter notre système monétaire en difficulté
s’est fait de plus en plus pressant au cours de ces cinq dernières
années. L’or est en voie d’occuper une position centrale
dans notre système monétaire, il ne peut en être
autrement.
Ce que cela impliquera dans la pratique est que
plutôt que d’être vendu lorsque les ratios des banques
subiront des pressions à mesure que leurs obligations (des actifs Tier I) perdront de leur valeur, l’or sera
conservé par ces banques en prévision du futur. Par exemple,
lors de la crise de mi-2007, les actifs qui pouvaient être le plus
facilement liquidés, comme l’or, furent vendus afin que 100% de
leur valeur puisse être ajoutée aux bilans des banques (et non
50%) et vienne compenser le déclin de la valeur de leurs obligations
et de leurs actifs liés à l’immobilier. Si l’or
avait préalablement été qualifié d’actif Tier I, il n’aurait pas été vendu et
son prix n’aurait pas chuté depuis 1200 jusqu’à
1000 dollars.
Après que ces ventes aient pris fin, le prix de
l’or a récupéré pour atteindre un record à
1920 dollars. S’il avait été redéfini comme un
actif Tier I alors que cela se produisait, quel
serait son prix aujourd’hui ? Quelles quantités d’or
possèderaient aujourd’hui les banques centrales et
commerciales ? Ce qui est sûr, c’est que le prix de
l’or serait aujourd’hui bien plus élevé qu’il
ne l’est.
Le Conseil de Bâle propose le premier janvier comme
date du passage de l’or depuis un actif Tier
II à un actif Tier I (date qui peut bien
entendu être révisée d’ici là). Ce jour
marquera le plus grand pas vers la remonétisation de l’or depuis
qu’il ait été exclu du système monétaire en
1971.
Des changements si fondamentaux du système bancaire
devront être accompagnés d’une utilisation de l’or
dans la vie de tous les jours. L’or ne devra pas simplement être
mobilisé en cas d’urgence, mais utilisé de manière
à éviter toute forme d’urgence. Il est donc essentiel
pour nous que de mettre la main dès aujourd’hui sur les
réserves d’or disponibles qui n’appartiennent pas encore
aux banques centrales. L’or détenu par les banques centrales
peut, comme nous avons pu le voir récemment (swaps devises/or mis en
place dans le but de faciliter les prêts internationaux), permettre
à l’or de devenir bien plus qu’un actif de réserve
détenu par les banques centrales. Nous devrons attendre la nouvelle
année pour que cette discussion atteigne son apogée. Il
n’en est pas moins que des transformations sont actuellement en chemin.
Les évènements auquel nous avons
assisté au cours de ces cinq dernières années et la
direction que semble prendre le système monétaire nous prouvent
que l’or gagne de l’importance. Si le système fiduciaire
venait à souffrir de nouvelles crises de la dette, l’or
deviendrait vite un actif stratégique pour les banques. Comme je
l’ai dit plus haut, la redéfinition de l’or en tant
qu’actif Tier I en fera un actif
désiré dès l’année prochaine.
Le système bancaire tentera sans doute de mettre la
main sur l’or appartenant aux investisseurs privés et aux institutions non-financières. Cela sera bien
plus facile pour ce qui concerne les ETF, puisque leur or est placé
auprès de dépositaires tels que Barclays et HSBC.
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