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La possible remontée des taux longs devient un sujet récurrent
d'inquiétude sur les marchés. La Fed va-t-elle remonter ses taux ? Les
investisseurs anticipent-ils une normalisation de la courbe des taux ?
Derrière ces interrogations se pose la question de la liquidité crée par les
banques centrales depuis 2008.
Leurs gigantesques planches à billet (les "Quantitative easing")
on fait passer le bilan des banques centrales de l'OCDE de l'équivalent de
10% du PIB à 35% aujourd'hui, soit environ 13.000 milliards de dollars créés
ex nihilo… Mais seulement une petite partie de cet argent a profité à l'économie
réelle, via une faible augmentation du crédit. Le reste s’est retrouvé dans
une hausse de l'immobilier (aux États-Unis, au Japon et en Angleterre depuis
2013), une bonne tenue des marchés actions, et surtout dans les obligations
d'État. Voici pourquoi les taux longs ont autant baissé, au point de devenir
négatifs dans plusieurs pays européens.
On comprend alors qu'une anticipation, fondée ou pas, d’une remontée des
taux signifie une catastrophe pour ceux qui détiennent ces obligations qui ne
leur rapportent presque rien, ou qui leur coûte : leur valeur s'effondrera.
[On le rappelle, les obligations sont émises à taux fixe, en conséquence une
obligation de 100 euros qui rapporte un coupon de 1 euro par an, verra sa
valeur chuter si les nouvelles obligations rapportent 2 euros par an ; son
cours baissera à 50 euros de façon à ce que son coupon de 1 euro représente
alors un rendement de 2%, comme les nouvelles émissions, toutes choses égales
par ailleurs.]
Cette remontée, réelle ou supposée, provoquera un tsunami de ventes et les
liquidités chercheront alors de nouveaux supports, ce qui provoquera des
bulles, mais aussi, étant donné les montants en jeu, de l'inflation. Les
marchés actions et l'immobilier étant déjà hauts, comme on l'a dit, on peut
prévoir que cet argent frais s'investira plutôt dans les matières premières
(le pétrole notamment), ce qui fera mécaniquement monter les prix à la
consommation. À ce moment-là une spirale "prix-taux d'intérêt"
s'enclenchera qui rendra la hausse des taux irrépressible. Il faudra ensuite
compter avec tous les dégâts que cela provoquera, notamment sur la montagne
des produits dérivés, essentiellement des produits de taux...
Tout cet argent créé par de simples jeux d'écriture de banquiers centraux,
qui jusqu’ici s’en allait paresseusement dans les obligations souveraines,
risque de déferler en trombe sur les marchés et l’économie, avec tous les
bouleversements que cela implique en termes de dérapage des prix et de
faillites bancaires.
On comprend la peur panique des banques centrales face à une remontée
brutale des taux longs, et la prudence avec laquelle elles évoquent le sujet.
Elles préféreront encore augmenter leur planche à billets plutôt que de
courir ce risque... ce qui ne fera qu'accentuer le mal et repousser l'échéance.
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