Certaines actualités intéressantes
qui, étrangement, nous viennent du Texas, nous offrent un premier aperçu de
la révolution énergétique à venir. En voici la version courte : combinez
l’énergie éolienne la nuit, l’énergie solaire le jour, et les batteries
nouvelles génération, et vous obtenez une économie énergétique qui n’a besoin
ni de pétrole, ni de charbon, ni de gaz.
Au
Texas, l'énergie éolienne est si peu chère que certaines sociétés en offrent
gratuitement
(Grist) – Au Texas, il est
possible après 21 heures d’avoir une véritable fête de l’électroménager chez
soi– lave-vaisselle ronronnant, four grillant et machine à laver essorant. Si
tant est que vous disposiez du bon contrat énergétique, votre usage supplémentaire
ne vous coûte rien.
Plus de cinquante sociétés de
services publics proposent des contrats énergétiques qui offrent une
électricité gratuite la nuit, grâce notamment à l’abondance d’énergie
éolienne. Comme l’explique le New York Times :
… Le Texas a plus d’énergie
éolienne que n’importe quel autre Etat, avec environ 10% de la production
électrique texane. Le Texas est le seul des 48 Etats des Etats-Unis à gérer
ses propres réseaux électriques, qui ne sont qu’à peine connectés à ceux du
reste du pays. L’abondance d’énergie éolienne qu’il produit doit donc être
consommée sur place.
Le vent souffle plus fort la
nuit, et l’énergie qu’il génère est très peu chère en raison de son abondance
et des allègements fiscaux fédéraux. Utiliser moins d’énergie en heures de
pointe signifie une baisse des prix de gros, et la possibilité de contourner
l’option coûteuse qu’est de construire davantage de centrales électriques.
Dans les autres Etats, des
sociétés encouragent aussi leurs consommateurs à utiliser de l’énergie en
périodes creuses, mais le Texas est loin devant dans son expérience
énergétique. Il y a récemment eu une nuit où le prix de l’énergie y est tombé
en-dessous de zéro – ce qui signifie que les producteurs ont payé leurs
clients pour se débarrasser de leur trop-plein d’énergie.
Vous trouvez peut-être étonnant
que le Texas, historiquement très attaché au pétrole, puisse devenir un
pionnier de l’énergie alternative. Mais les questions environnementales ne
sont pas les seuls facteurs derrière cette distribution gratuite d’électricité
une fois la nuit tombée. Elle découle en réalité d’une compétition acharnée
sur un marché dérégulé. Comme l’explique le New York Times, des directeurs de
sociétés de services publics ont admis que ces programmes constituent « majoritairement
des outils marketing ».
L'énergie
solaire la moins chère au monde à Austin, Texas - moins de 4 cents le kWh (en
quelque sorte)
(Cleantechnica) – Le Texas aime
être classé premier. Tout comme beaucoup de gens. Mais les Texans sont particulièrement
connus pour ça. Pour la toute première fois, l’Etat américain peut se vanter
d’être le numéro un du prix de l’énergie solaire à l’échelle du monde.
Il n’y a pas si longtemps, Dubaï
était en tête avec moins de 6 cents par kWh. Comme l’explique l’article
ci-dessus, les 5,8 cents atteints par Dubaï ont été battus par le Texas, qui
dispose aujourd’hui de l’énergie solaire la moins chère au monde (ou l’offre
d’énergie solaire la moins chère au monde, puisqu’il y a une légère
différence entre les deux). Des moins durant, l’industrie n’a plus parlé que
de l’offre exceptionnelle de Dubaï. Mais les records ne tiennent pas
longtemps dans l’univers actuel de l’énergie solaire.
Austin Energy, société de
services publics de la ville d’Austin, a récemment publié des données
concernant un projet de développement de 600 MW d’énergie solaire. Afin que
vous compreniez bien à quel point le secteur est compétitif, Khalil Shalabi,
vice-président de la planification des ressources d’Austin Energy, a noté que
l’équivalent de 7.976 MW de projets solaires ont été proposés au moins d’avril
par la compétition.
Et cela ne fait que démontrer
partiellement la compétitivité du secteur. 1.295 MW de ces projets prévoient
d’offrir un prix inférieur à 4 cents le kWh.
Il y a toutefois une différence
entre ces offres et celles de Dubaï – il n’existe aucune subvention solaire à
Dubaï, alors que les projets texans bénéficient de l’assistance financière du
gouvernement fédéral. Mais même en prenant en compte les 30% d’allègements
fiscaux, ces projets tombent en-dessous de 6 cents le kWh en moyenne (en-dessous
de 5,71 cents, pour être plus précis). En d’autres termes, ils représentent
les offres solaires les moins chères au monde.
Mise à jour : pour remettre
les choses dans leur contexte, sachez qu’aucune source d’électricité autre
que le secteur éolien n’a un coût actualisé de moins de 5,71 cents le kWh.
Beaucoup estimaient également que l’énergie solaire atteindrait 6 cents le
kWh ou moins en 2016.
Les
coûts de l'énergie solaire et éolienne continueront de baisser
(British Petroleum) – Le coût de
l’énergie éolienne baissera de 14% à chaque fois que les capacités de
production cumulées doubleront, alors que le coût de l’énergie solaire
baissera de 24% à chaque fois que les infrastructures doubleront, selon les
prévisions de BP. La raison en est notamment la litanie de petits composants
nécessaires à ces secteurs, qui font baisser le prix des systèmes d’énergie
renouvelable plus rapidement que ceux des systèmes plus larges tels que les
réacteurs nucléaires.
BP s’attend à ce qu’entre 2030
et 2040, l’énergie solaire atteigne un taux d’efficacité de 30%. Les avancées
en matière de parcs éoliens maritimes incluront des éoliennes plus grandes,
de nouveaux matériaux et de plus longues hélices, ainsi que de meilleurs
capteurs pour permettre un contrôle aérodynamique sur toute la longueur des
hélices.
Si tout cela s’avère correct –
notamment pour ce qui concerne le déclin du coût de l’énergie solaire et
éolienne – il n’est plus question de savoir si, mais quand les combustibles
fossiles disparaîtront. C’est une question à laquelle il est difficile de
répondre, parce qu’un système aussi vaste et établi que le marché actuel de l’énergie
ne peut pas changer du jour au lendemain. Tesla,
le plus gros développeur de voitures électriques, fabriquera 55.000 véhicules
électriques l’année prochaine, dans un monde où des dizaines de millions de
nouvelles voitures traditionnelles sont produites chaque année. Les énergies
solaire et éolienne, bien qu’elles commencent à dominer dans certaines
régions, représentent aujourd’hui moins de 5% de la production énergétique
globale. Cette révolution n’en est encore qu’à ses débuts. L’étude de BP
citée plus haut s’attend à voir la transition prendre plusieurs décennies.
D’autres révolutions ont
cependant fait parler d’elles par le passé, qui impliquent que lorsqu’une
technologie s’impose sur l’avant de la scène, sa dominance peut arriver plus
tôt que nous pourrions le croire. Les appareils-photo
numériques, par exemple, étaient une nouveauté il y a vingt ans. Les smartphones
étaient des gadgets de riches au milieu des années 2000.
Si les dix prochaines années se
passent comme les dix dernières, plus aucun membre de a classe moyenne ne
considèrera acheter un véhicule à essence ou une maison non-équipée de
panneaux solaires sur le toit et de batteries dans la cave.
Note pessimiste de rigueur :
Bien que cette avancée de l’énergie alternative soit intéressante pour de
nombreuses raisons, depuis la pollution jusqu’à la décentralisation de la
géopolitique, elle ne change pas le fait que le monde développé avance vers un
précipice financier. Les années 1930, qui ont vu les ventes de voitures
flamber alors que l’économie mondiale était plongée dans la dépression, en
sont une bonne analogie. Dépendamment des tendances sur lesquelles le marché
choisira de se concentrer, les actions sur l’énergie solaire, éolienne ou sur
les voitures électriques pourraient ne pas être les meilleurs
investissements.