La psychologie des investisseurs
est un phénomène intéressant à étudier. Malgré des implications évidemment
négatives, un important pourcentage d’investisseurs a tendance à acheter
élevé et à vendre très bas. Lorsque le prix est en hausse et que tout le
monde est haussier, ces investisseurs ont tendance à intégrer le marché à l’approche
d’un pic. Et lorsqu’un déclin se présente et que tout le monde vend, ils ont
tendance eux-aussi à prendre peur et à vendre à proximité d’un creux.
Le terme « mentalité de
troupeau » décrit parfaitement la manière dont les gens sont influencés
par leurs semblables dans leurs comportements et leurs décisions de suivre
des tendances et/ou d’acheter des produits.
Les investisseurs ont tendance à
chercher des indices sociaux tout autour d’eux. S’ils en voient d’autres
enregistrer des profits sur certains secteurs ou sur certaines actions, ils
décident qu’il est certainement temps d’acheter et se mettent à suivre le
troupeau. Quand tout le monde se met à vendre, ils paniquent et décident qu’il
doit être temps de vendre. C’est là le cocktail parfait pour un désastre
financier.
Les investisseurs aiment faire
rentrer de l’argent, et ne détestent rien de plus qu’en perdre. Le sentiment
qu’ils ressentent face à des gains de 50% est loin d’être aussi intense que
le mauvais goût qui leur reste dans la bouche après une perte de 50%. C’est
la raison pour laquelle, lorsqu’un déclin survient et que de grosses sommes
sont perdues (sur le papier), les investisseurs ont tendance à ne pas acheter
davantage au moment exact où ils devraient le faire. Face au déclin, ils se
ruent vers la porte de sortie de peur de perdre davantage, et ne se soucient
pas des facteurs fondamentaux et techniques.
Il y a aussi des investisseurs
qui achètent lorsque le prix est élevé parce qu’ils n’ont rien perdu, et se
sentent en confiance face aux gains qu’ils ont généré sur le papier. Ils ont
aussi confiance en l’avenir, parce que la récente direction des prix leur a
été favorable. Parce que nous sommes des êtres émotionnels, nous avons
tendance à acheter parce que nous nous sentons en confiance après avoir
enregistré des gains, et à vendre parce que nous sommes déçus d’avoir généré
des pertes.
Les émotions humaines ont un
impact très important sur les marchés. Elles distordent les prix et créent
des opportunités. Au poker, ceux qui ne laissent pas leurs émotions prendre
le dessus ont tendance à surpasser leurs opposants qui en sont moins capables.
C’est la même chose dans le monde de l’investissement. Plus vous êtes capable
d’investir en tant qu’individu rationnel, intéressé aux faits et aux données,
plus vous avez de chances de tirer profit de votre expérience. Cela veut
parfois dire aller à contre-courant, et éviter de se sentir inconfortable à l’idée
de faire le contraire de ce que font tous les autres.
Les investisseurs qui
réussissent sont ceux qui ont trouvé la fortitude de rester anticonformistes
et de faire l’inverse de ce que fait le troupeau. Ils achètent lorsque les
autres ont peur et que le sentiment est négatif, et vendent lorsque les
autres se montrent avares et que le sentiment est positif. C’est une attitude
assez difficile à adopter, notamment lorsque vous décidez pour la première
fois de faire le contraire de tous ceux qui se trouvent autour de vous.
La paralysie de l’investisseur
Un autre phénomène intéressant
que j’ai observé chez les investisseurs sur l’or est une forme de paralysie.
Plutôt que de les encourager à acheter en période de pic et à vendre au creux
du marché, leurs émotions ont tendance à les décourager à intégrer le marché.
Ils trouvent toujours d’autres raisons de ne pas participer et de rester sur
le banc de touche au moment précis où ils devraient agir.
Par exemple, de nombreux
investisseurs craignaient récemment de voir l’or passer en-dessous de 1.000
dollars voire même atteindre 700 dollars, comme l’avait prédit Harry Dent.
Ces investisseurs n’ont pas acheté quand le prix de l’or a présenté des
signes de stabilisation entre 1.050 et 1.100 dollars. Une fois que le prix de
l’or a recommencé à grimper en janvier, ils sont restés de côté, à attendre
une sorte de confirmation magique d’un renversement de tendance à la hausse.
En peu de temps, l’or a gagné
10%. Mais pour eux, ce n’était toujours qu’un rebond temporaire. Et puis l’or
a gagné 20%, et l’argent 30%. Beaucoup d’actions minières ont doublé, et
pourtant, ces investisseurs n’ont pas bougé. Ils sont restés paralysés pour
une raison différente : non pas parce qu’ils craignaient de voir l’or
chuter jusqu’à 700 dollars, mais parce qu’ils craignaient d’être passés à
côté de la reprise et pensaient que le prix ne grimperait pas plus haut.
Mais l’or a poursuivi sa hausse,
pour finalement passer au-dessus de 1.300 dollars. L’argent est passé
au-dessus de 18 dollars. Les actions minières de qualité ont offert d’excellents
effets de levier, et certaines sociétés ont offert des rendements de 100 à
300% depuis le début de l’année.
Les investisseurs les plus craintifs
sont passés à côté de cette reprise en restant inactifs. Ils ont alors espéré
voir les métaux repasser à la baisse pour pouvoir acheter à meilleur prix.
Et ces niveaux se sont avérés
être des records de court terme. Les prix des métaux ont depuis
considérablement baissé. L’or est aujourd’hui autour de 1.220 dollars, et l’argent
autour de 16,20 dollars. Cette correction tant espérée n’a pourtant pas poussé
nos investisseurs craintifs à acheter.
Et quand les prix repartiront à
la hausse, ils craindront une fois de plus que ce ne soit qu’un rebond
temporaire. Alors ils continueront d’attendre que les prix flambent, ce qui
se passe généralement très vite. Quand ils auront enfin le courage d’acheter,
les prix s’en seront retournés au niveau où ils voulaient au départ acheter
mais ont préféré attendre un rabais. C’est ce que j’appelle la paralysie de l’investisseur.