FastMarkets
rapporte des
pénuries intermittentes de barres d’or de 400 onces à Londres, avec des premiums
sur les livraisons physiques qui vont ‘jusqu’à atteindre 50 centimes de
dollar par once’. En mai 2013, je
rapportais ceci:
« Nous avons pu entendre que les barres d’or pur à
99,99% font maintenant l’objet d’un premium inférieur à un dollar, ce qui est
tout à fait logique dans le sens où il est possible de les fondre directement
en barres d’un kilo d’or pur à 99,99% qui se vendent avec premium sur le
marché Asiatique. Il est intéressant de noter que nous avons eu confirmation
que les banques commerciales ne paient pas de premium pour obtenir des barres
d’or de 400 onces (99,99 ou 99,95%), ce qui n’est pas indicatif d’une ruée
vers le métal physique de leur part. »
J’ai donc demandé
à FastMarkets sur Twitter si ces premiums
correspondent aux barres 9950, ce qui serait bien plus significatif que s’il
ne s’agissait que des barres 9999. Je suis toujours dans l’attente d’une
réponse. Les détails sont importants ici, notamment parce qu’une autre source
citée dans l’article précise qu’il « reste
de l’or disponible à Londres ».
Perth Mint n’a pas enregistré de
tels premiums, et les banques commerciales ne sont certainement pas prêtes à
en payer pour obtenir des barres de 400 onces de notre part. Un journaliste
de Reuters m’a dit aujourd’hui avoir parlé hier à l’un des plus gros
raffineurs Suisses, qui lui aurait dit que pour le
moment, la situation est plutôt calme. Il n’aurait pas mentionné de pénuries
de quelque forme de barres d’or que ce soit. (Je vous garantis que vous
n’entendrez pas ça sur KWN)
Ce rapport nous offre l’opportunité de discuter comment
savoir s’il existe réellement un déséquilibre entre le métal physique et le
papier. Il faut pour cela observer le premium sur le marché au gros, donc sur
les barres de 400 onces 9950 pour l’or et les barres de 1000 onces 9990 pour
l’argent.
Les pénuries d’or et d’argent pour le marché au détail, ou
des barres de moins de 400 et 1000 onces, ne nous indiquent pas
nécessairement une pénurie réelle ou un déséquilibre de prix sur les marchés
des métaux précieux. Beaucoup de gens ont du mal à comprendre le fait que les
pénuries de pièces puissent être la conséquence de pénuries de capacité de
production – voir ce lien ou encore celui-ci. Il faut d’abord pouvoir éliminer les problèmes
de production, ce qui est difficile à faire, puisque lorsque la demande au
détail augmente, l’industrie a du mal à suivre – voir ici.
La raison pour laquelle les premiums sur les barres
destinées au marché au gros sont de meilleurs indicateurs est que le prix au
comptant est le prix de l’or papier non-alloué de Londres. C’est ainsi que la
plupart des échanges sont pratiqués, et si vous désirez y obtenir du
physique, une instruction de rédemption doit être issue. L’industrie utilise
donc les premiums dépendamment des produits et des localités (l’or n’a pas le
même prix partout).
Le problème de cette méthode de fixation de prix (prix au
comptant + premium ou or non-alloué + premium pour du physique) est qu’elle
dissimule les déséquilibres potentiels.
Par exemple, disons que le prix de l’or soit stable à
1.200 dollars mais que les barres de 400 onces commencent à se faire rares,
et que le premium pour les obtenir atteigne 10 dollars l’once. Que se
passerait-il ? Les revendeurs achèteraient de l’or non-alloué au prix
comptant de 1.200 dollars pour échanger cet or non-alloué et payer le premium
de 10 dollars séparément. En revanche, Reuters et Bloomberg (sur lesquels
s’appuient tous les sites) indiqueraient des prix de 1.200 dollars, et non
1.210.
Cet idée de prix comptant non-alloué + premium est ancré
profondément dans l’industrie. Pour ses acteurs, les premiums basés sur la
forme de métal physique et la localisation géographique sont pertinents. Ils
ne pensent pas à un déséquilibre potentiel entre le physique et le papier et
peuvent peut-être percevoir les premiums sur les barres de 400 onces comme
inhabituels dans un premier temps, ils ne les considèrent pas pour autant
extraordinaires. Ils ne perçoivent certainement pas le premium initial comme
le précurseur potentiel d’une panique bancaire et ne pensent pas
nécessairement utile de commenter à son sujet – leur base de référence est
que le système a su fonctionner jusque-là et qu’il continuera de le faire.
A moins que vous soyez sur le marché professionnel, vous
ne verrez pas une telle chose se produire. Je m’efforcerai de vous le faire
savoir si je la vois arriver, mais vous n’aurez pas à vous reposer sur moi,
parce qu’il existe un autre indicateur. Je vous conseille de suivre de près BullionVault et GoldMoney. Ces
deux services sont soutenus par des barres de 400 onces. Si une pénurie se
développait et que des premiums étaient demandés, ces sociétés reporteraient
certainement :
1. Un élargissement de leur écart achats/ventes ou des
frais additionnels à l’achat pour couvrir les premiums qu’elles ont à payer
sur les barres de 400 onces.
2. Une suspension de nouvelles souscriptions en raison de
leur incapacité à obtenir des barres de 400 onces.
Certaines personnes telles que Jim H pourraient penser que je ne suis pas là pour
supporter l’homme de la rue, mais l’Etat, qui détient la clé de mon salaire,
et que nul ne devrait me faire confiance au sujet des pénuries sur le marché
au gros. Mais je doute que quiconque pense que James Turk
ou GoldMoney fassent partie du cartel. Vous feriez
donc bien de les suivre pour déceler un déséquilibre éventuel entre le papier
et le physique. Le reste n’est que rumeurs.