Depuis la
fin de la Seconde Guerre Mondiale, et ce jusqu’aux années 1960,
toutes les nations occidentales ont tenté de maintenir constante leur
balance commerciale. Elles avaient toutes pour objectif d’exporter plus
qu’elles n’importaient, dans le but d’accumuler des
réserves d’or toujours plus conséquentes (ou par
défaut, des réserves de dollars qui, selon la promesse faite
par les Etats-Unis lors de la signature du traité de Bretton Woods de 1944,
pouvaient être échangés contre de l’or par toute banque
centrale qui en faisait la demande).
Seul un pays
ne suivit pas ce mouvement de maintien de la balance commerciale : les
Etats-Unis. Ce fut le seul pays à ne pas exporter plus qu’il
n’importait.
Les
Etats-Unis n’étaient pas ouvertement concernés par le
maintien de leur balance commerciale, puisqu’ils pouvaient –
selon les traités de Bretton Woods – contrer leurs déficits
d’exportation en envoyant plus de dollars pour payer leurs
créditeurs. Avec ce seul dollar, les Etats-Unis avaient un net avantage
sur le reste du monde : ils pouvaient payer leurs dettes en dollars
(rachetables) qu’ils avaient eux-mêmes imprimés.
Les
économistes de l’époque nous avaient prévenus des
dangers de cette pratique, qui entraînerait une diminution constante
des réserves d’or des Etats-Unis. D’année en
année, leurs réserves d’or, s’élevant
à 20,000 tonnes en 1945, n’ont cessé de diminuer dans la
mesure où certains pays, notamment la France, échangeaient
massivement leurs dollars contre de l’or à hauteur de 35 dollars
par once. Par ce biais, la France s’attira les foudres de New York et
de Washington, et certains analystes iront même jusqu’à
attribuer les agitations du printemps 1968 en France à des
opérations menées par les services secrets Américains.
Les
Etats-Unis n’ont rien mis en œuvre en vue de ralentir la fonte de
leurs réserves d’or. Au cours des premiers mois de 1971,
l’économiste classique Henry Hazlitt prédit une
dévaluation inévitable du dollar afin d’augmenter la
quantité de dollars nécessaires à l’obtention
d’une once d’or. Au cours de la même année, les
Etats-Unis finirent par dévaluer leur devise, leur réserve
d’or étant tombée à des niveaux alarmants.
Beaucoup doutent aujourd’hui encore que les 8,000 tonnes d’or que
les Etats-Unis prétendent posséder dans les coffres de la Fort
Knox n’existent réellement.
Ce à quoi Henry Hazlitt n’avait pas
pensé en préconisant une dévaluation du dollar
était qu’il suffisait pour les Etats-Unis de ne plus
échanger leur or contre les dollars tenus par les banques centrales
d’autres pays. C’est ce que fit finalement Nixon, suivant le
conseil de Milton Friedman, violant par là même
unilatéralement les traités de Bretton
Woods.
Depuis lors,
le commerce mondial dans son ensemble – ou du moins dans sa majeure
partie, les devises majeures que sont l’euro, la livre sterling ou
encore le yen étant entrées en compétition avec le
dollar – en est conduit à utiliser le dollar en tant que simple
monnaie fiduciaire, ou fausse monnaie. Puisque toutes les devises
étaient jusqu’alors liées à l’or grâce
au dollar, elles se virent également devenir de simples monnaies
papier.
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