Mes chères contrariées, mes chers contrariens !
Mon cher Président, je sais que pour toi la vie est dure et le peuple
parfois ingrat, d’ailleurs il t’a même sifflé un jour de commémoration, un 11
novembre. Et là, à en croire nos médias sérieux, cela ne se fait pas ! C’est
une honte. Un scandale. Le 11 novembre, on ne siffle pas le Président… ben…
pourquoi ? C’est vrai ça, le 14 juillet on avait le droit de siffler,
pourtant c’est aussi une commémoration non ? Tout cela devient compliqué
quand même.
Donc notez pour l’année prochaine. Pour le 14 juillet, sifflets autorisés
(jusqu’à édiction d’une nouvelle règle contraire), pour le 11 novembre
sifflet interdit. Je n’ai pas encore compris le sens de ce règlement mais
c’est ce qu’il faut retenir.
Bref, c’était juste un petit clin d’œil à l’actualité du jour et puis pour
passer un petit message à notre Président vénéré béni soit son nom que l’on
n’a pas le droât de siffler le 11 novembre.
Cher Président donc, toi qui te débats dans les difficultés les plus
sombres et les plus pénibles, je te propose en exclusivité environ 60
milliards de recettes (en euros sonnants et trébuchants). Oui Président, rien
que pour toi, 60 milliards de petits euros qui n’empêcheraient même pas la
France de tourner. Bon, je reconnais qu’il y en a bien « quelquezuns »
qui vont hurler mais franchement, on n’en a rien à faire ou presque.
L’Association
française des volontaires du prôôôôgrèèèès !
Non Président, ne le prends pas mal, je sais que toi, grand mamamouchi en
chef des forces de gôche, tu incarnes les forces du prôôôôôgrèèès…. N’y vois
pas malice, c’est juste que j’étais sur mon p’tit jaune. Non chérie, ce n’est
pas mon 16e ricard de la soirée (je dis ça pour ma femme sinon elle va encore
vouloir contrôler mon taux de gamma GT), non le petit jaune, c’est le document
super officiel édité tous les ans par notre administration fiscale vénérée de
Bercy et qui liste de façon exhaustive l’ensemble des associations (ça, on
s’en fout) et surtout des subventions qui sont versées… Et là, clairement, on
se marre, enfin pas vraiment vu que c’est l’argent de nos zimpôts (vous savez
les trucs qui ont une fâcheuse tendance à exploser ces dernières années).
Donc l’Association française des volontaires du progrès fut créée en 1963
à l’initiative du Général de Gaulle avec plusieurs objectifs, comme permettre
aux jeunes français de manifester leur solidarité envers les pays du sud et
répondre à la création des « Peace Corps » américains.
Tu vois François, tu n’y es pour rien. Tu n’es pas le Général comme chacun
sait. Toi tu es un type profondément normal. D’ailleurs, tu ne devrais pas
avoir besoin de vouloir concurrencer les « Peace Corps »
américains. Non, voyons, c’est dépassé tout cela. Vu qu’en plus, plus
personne ne t’écoute à part peut-être encore la NSA, je ne vois plus l’intérêt
de vouloir marcher sur les plates-bandes de nos grands zamis les Zaméricains.
Cela a tout de même un petit relent de bonne vieille guerre froide !
Je dis ça parce que cette petite plaisanterie de l’amicale française des
volontaires du prôôôôôgrèèèès, ça me coûte tout de même 5 858 000 euros par
an. Enfin pas à moi personnellement mais à nous collectivement.
Lorsque l’on additionne l’ensemble de ces âneries de subventions qui ne
servent économiquement à rien mais alors à rien du tout, on arrive tout de
même à la modique somme d’environ 30 milliards d’euros.
Il n’y a pas que le truc des volontaires machin-bidule du prôôôgrèès
français, il y a par exemple l’Institut de l’élevage… oui je sais François,
on ne touche pas à l’élevage, surtout en Bretagne, sinon les schtroumpfs
grognons à bonnets rouges brûlent tes perceptions automatiques, heu pardon,
tes radars pour notre bien et pour la sainte sécurité routière et celle de
ton portefeuille.
Mais tout de même, 12 699 776 d’euros pour l’Institut de l’élevage alors
que tous nos éleveurs se meurent… on n’a jamais aussi peu élevé (je ne
parlerai même pas de nos enfants) et l’on a jamais autant financé.
Il y a aussi les 12 816 661 d’euros pour l’Institut du végétal. C’est
important le végétal. Pour l’association des planteurs de plants de pommes de
terre, c’est pareil, super méga important.
Un autre truc sympa, c’est aussi l’Association Jessica France. Moi je
croyais que c’était une gamine qui avait été enlevée et que ce serait
difficile de me lancer dans une diatribe économico-financière sur un tel
sujet (le dérapage n’est jamais loin pour la police de la pensée), mais je
suis quand même allé vérifier sur Internet.
En fait, c’est une association forte d’une vingtaine d’ingénieurs répartis
sur le territoire et de plus de quatre cents adhérents, « elle aide plus de 1
800 PME françaises par an, quel que soit leur secteur d’activité, à accroître
leur compétitivité en les accompagnant dans l’intégration de solutions
électroniques dans leurs produits.
Séminaires techniques, conseil à l’entreprise, appui technique au projet,
suivi de l’entreprise et de ses projets sont autant de prestations dont
peuvent bénéficier les PME adhérentes à l’association Jessica France ».
Diantre ! Quel exploit tout de même. C’est vrai que dans la croissance
générale de notre pays, cela ne se voit pas vraiment. Plus on aide Jessica,
plus notre taux de croissance baisse. À tel point que l’on ferait mieux
de ne plus aider personne (je parle des entreprises dans ce cas) et de les
laisser se débrouiller toutes seules (ce qu’elles réclament). Soyons simples.
L’entreprise fait son boulot d’entreprise et les autres bonnes âmes
charitables arrêtent de vouloir aider tout le monde avec le pognon des
autres.
Donc Jessica nous coûte 3 900 000 euros par an… pour 20 ingénieurs, ce qui
nous met le cours de l’ingénieur à 195 000 euros annuels… Leur aide doit être
sacrément précieuse à ce prix.
Bref, mon cher Président vénéré, vous avez à votre disposition ce petit
document de très exactement 21 168 lignes où chaque ligne correspond à une
subvention versée par l’État, c’est-à-dire avec mon argent.
Comme je sais qu’actuellement c’est disette, vous pourriez tailler dans le
vif. Avec mes amis contrariens, nous sommes volontaires (du prôôôôôgrèèèèès)
pour créer un groupe de travail gratuit pour couper dans les dépenses. En
gros, subventionnons la recherche médicale et la solidarité alimentaire type
Restos du cœur. Après pour le reste, comme l’Association des boulistes de
tulles, l’utilité économique est très marginale ce qui nous permettrait
d’économiser 30 milliards d’euros.
La formation
professionnelle
Pour le même montant, nous avons la formation professionnelle. Également
30 milliards d’euros en jeux.
J’entends déjà les mêmes arguments. La formation c’est important
blablabla, permettre aux gens de se réorienter blablablabla. Il y a aussi les
frais de transport blablabla… Bref, autant d’arguments parfaitement vrais.
Sauf que la réalité des faits c’est que plus la formation professionnelle
nous coûte cher, plus le nombre de chômeurs augmente. Je n’y suis pour rien.
Ce sont les faits. Et les faits sont têtus.
Nous parlons là encore de 30 milliards d’euros par an. Chaque nouveau
mois, nous battons des records de nouveaux chômeurs chez Paul Emploi. Mais ne
réformons pas la formation professionnelle.
Le débat sur ces
deux postes très importants de dépenses est absent !
Augmenter la taxe forfaitaire sur l’or permettra de grappiller 2 millions
d’euros. L’écotaxe, quelques centaines de millions d’euros par an (après
avoir laissé la société Écomouv’ se gaver au passage)… Alors que là, nous
parlons d’une enveloppe de 60 milliards d’euros de dépenses.
Je peux vous assurer que quelques dents grinceraient. Que quelques
personnes perdraient leur gagne-pain. Quelques formateurs se retrouveraient à
devoir aller former ailleurs, mais il n’y aurait aucun, strictement aucun
cataclysme économique.
Vous pouvez annuler 60 milliards de dépenses du jour au lendemain sans
provoquer de cataclysme économique.
Pourtant sur ce sujet, il n’y a aucun débat. Pourquoi ?
Pourquoi ?
Pourquoi ?
Pourquoi ?
Évidemment, je ne répondrai pas à cette question puisque la réponse
pourrait être diffamatoire à l’égard de certains. Disons que poser la
question, c’est déjà y répondre.
Les subventions des associations et la formation professionnelle dans ce
pays ne servent économiquement à rien. Utilité ? Proche de zéro. Mais il
s’agit des deux plus belles pompes à financement de la République.
Alors mes braves contrariens, mes braves citoyens, vous allez payer,
raquer, jusqu’à ce que mort financière s’en suive, mais jamais, jamais notre
cher Président ne touchera à ces 60 milliards d’euros.
Redresser notre pays n’est pas impossible. Ce serait même assez facile.
Encore faut-il avoir le courage de changer le cadre.
Restez à l’écoute.
À demain… si vous le voulez-bien !!
Charles SANNAT
Aujourd’hui, enfin ce soir, mais quand vous lirez ces lignes ce
sera hier soir, il y a webinaire. Donc il faut que je prépare tout ça, que je
fasse quelques petits « slides » de présentation (on dit des
« transparents » en français) et du coup, l’édition du Contrarien
sera plus légère puisque en gros elle se limitera presque à cet édito. Je
compte sur votre bienveillance évidemment.
Pour me faire pardonner cette édition plus courte, je suis allé
vous chercher un petit jaune !
Pour
télécharger le document de Bercy c’est ici