Le journal Les
Echos.fr nous z’apprends que le Centre d’observation économique et
de Recherche pour l’Expansion de l’économie et le Développement des
Entreprises (COE-Rexecode) « mise
sur 250 000 à 300 000 créations d’emplois en 2022 grâce aux réformes du Code
du travail et de l’imposition du capital. La croissance potentielle serait
relevée de 0,5 point de PIB à terme ». Le
Figaro.fr nous relate que, « selon l‘Organisation de
Coopération et de Développement Économiques (OCDE), faute
d’investissements de la part des entreprises, le record de 2,1 % en 2017 ne
pourra être maintenu ». La
Parisien.fr nous précise que, dans le cadre de l’élaboration du
budget pour 2018, « le gouvernement d’Édouard Philippe table sur une
croissance de 1,7 % l’an prochain, contre 1,6 % cette année selon les
prévisions de la Banque de France. Dans ce contexte, la consommation des
ménages devrait rester dynamique, avec le rythme de croissance de 1,4% en 2018,
comparable à celui de 2017 ». Investir.fr nous
informe que la Banque centrale européenne (BCE) baisse
ses prévisions d’inflation et « table désormais sur une croissance
de 2,2 % en 2017, contre 1,9 % prévu en juin, et maintient ses prévisions
pour 2018 et 2019 à 1,8 % et 1,7 % respectivement ». Quant à l’économiste
Jacques SAPIR, professeur à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales (EHESS) à Paris et
professeur associé à l’École d’Économie
de Moscou, il considère, au micro de
BFM Business, que « 2 % de croissance en Europe cette
année, mais combien l’année prochaine ? Combien en 2019 ? Vous savez que les
prévisions qui sont faites aujourd’hui par les différents instituts de
recherche montrent que cette croissance va retomber de manière extrêmement
brutale dès 2018, et cette retombée va même s’accélérer en 2019. Pour 2019,
on parle de taux autour de 0,8 à 1 %. Donc voilà, on est en réalité dans une
croissance très faible voire on peut même parler de stagnation… ». Devons-nous
faire confiance aux prévisions, contradictoires, relatives à la
croissance ? Mais qu’est-ce donc exactement que la
crôôôôassance ?Lorsque le monde politique, les z’économistes, les
politologues et chroniqueurs de toutes sortes nous parlent de croissance, il
s’agit de la croissance
économique. C’est l’accroissement sur une période,
souvent annuelle, parfois plus longue, des biens et services produits dans un
pays. L’indicateur le plus utilisé pour quantifier cette croissance est le
taux de croissance annuel moyen du produit
intérieur brut (PIB) ou, pour le plus long terme, le PIB par
habitant.Le consensus politique
veut qu’il nous faille toujours plus de croissance pour que « le monde
se porte mieux » !!! Cela n’a pas de sens pour une raison simple et
tellement évidente… Nous sommes passés d’un marché d’équipement à un marché
de renouvellement. J’ai déjà évoqué ce phénomène et j’y reviens aujourd’hui
comme préambule à « l’escroquerie intellectuelle » qu’est
l’exploitation de l’obsolescence programmée.Au sortir de la Deuxième Guerre
mondiale, « il fallait tout reconstruire » pour ce qui est des
infrastructures et du bâtiment. L’industrie de l’armement « perdait
ses parts de marché » tandis que l’innovation donnait naissance à
l’industrie de l’électroménager, des communications, de la hi-fi … La machine
à laver le linge remplaçait la lessiveuse, le « transistor »
remplaçait le poste de TSF à lampes, fleuron de notre industrie automobile,
« la
millionième 4 CV » sortait des usines Renault, etc.
L’inflation de
l’époque permettait au plus grand nombre d’entre nous de
« nous offrir toutes ces merveilles. On appelle cette ère de prospérité
« les
30 glorieuses ». On peut résumer cette période (1946-1973) en trois
mots : croissance, plein emploi, progrès. Le premier « choc
pétrolier » en 1973, donne un coup d’arrêt à la progression de la
croissance. Son taux passe brusquement de 5,3 % à -1 %.
Par Docteur Saint James — Travail personnel, CC BY-SA 4.0
Deux phénomènes se produisent simultanément. L’augmentation réelle du prix
des biens et services, du fait de la baisse de l’inflation et le taux
d’équipement des ménages en biens de toutes sortes (réfrigérateur,
lave-linge, lave-vaisselle, télévision, hi-fi, voiture, scooter, etc.) qui
atteint son apogée. Ce mouvement est lent… Mais continu.
Il me semble aisé de comprendre que lorsqu’un ménage est pourvu de
« tout le confort », il ne va pas acquérir un quatrième réfrigérateur,
un deuxième four à micro-ondes, une troisième voiture, une deuxième chaine
hi-fi, un cinquième téléviseur… Le marché de l’équipement est FI-NI, au grand
dam des constructeurs qui ont toujours « une innnnovation » à nous
vendre. C’est alors qu’une idée de génie fait son chemin chez
certains… Tous ?… Non, je n’ai pas pensé tous… Quoique :
- Et si, pour continuer à VEN-DRE PLUS, je faisais en
sorte de « raccourcir » la vie de mes produits ??… J’en
vendrais encore PLUS et plus souvent.
- Voyons voyons, pour augmenter la fréquence de
renouvellement de l’achat de mes merrrrveilleux produits, si en plus des
« nouveautés » qui tendent à les rendre rapidement périmés, je
les fabriquais avec des matériaux… Non pas de moins bonne qualité, j’y
perdrais mon exxcccccellente réputation, mais avec des composants ayant
une moindre longévité ?? De plus, cela me coûterait moins
cher !!!
C’est ce raisonnement qui transforme le phénomène naturel du
vieillissement des choses, autrement dit l’obsolescence, en une
aberration (mais ôôô combien profitable) qu’est l’obsolescence PRO-GRAM-MÉE.
Pour s’assurer le soutien des « politiques », l’argument est
malin : Monsieur le Député, lorsque je fabrique mes produits, je crée ou
je maintiens des emplois. C’est « la phrase magique ».
Aujourd’hui, pour beaucoup de produits, nous arrivons à la fin d’un marché
d’équipement et, sauf quelques secteurs pouvant encore bénéficier de
technologies de pointe ou de quelques innovations, nous sommes entrés dans un
marché de renouvellement qui, par définition, est plus restreint.
Le langage employé est aussi révélateur. Remarquez comme le terme
« consommateur » remplace de plus en plus souvent celui de
« client ». IL FAUT CON-SOM-MER. D’autre part, souvent, nous
voulons « conserver des emplois » dans des secteurs qui n’ont,
économiquement, plus lieu d’être. Comment, dans ce cas, pouvons-nous
« honnêtement condamner » l’industriel en question qui aura
recours à l’obsolescence programmée pour « survivre » ? Ce
sujet de l’obsolescence programmée est bien connu de mes fidèles lecteurs,
puisque je l’ai abordé dans mes billets.
Beaucoup de personnes élargiraient leur vision des choses en lisant « Capitalisme,
socialisme et démocratie » de Joseph Schumpeter, livre dans
lequel il développe la théorie de la
destruction créatrice. C’est une réalité qui n’est pas nouvelle : en
permanence, des métiers (donc des emplois) disparaissent, d’autres
apparaissent.
CE QUE L’ON NE VOIT PAS
Réjouissons-nous, car la loi
n° 2015-992 du 17 août 2015, relative à la transmission énergétique pour
la croissance verte, dans son article 99, crée l’article
L213-4-1 du code de la consommation qui nous précise « L’obsolescence
programmée se définit par l’ensemble des techniques par lesquelles un metteur
sur le marché vise à réduire délibérément la durée de vie d’un produit pour
en augmenter le taux de remplacement ». De plus, il punit cette
pratique « d’une peine de prison de 2 ans et d’une amende de
300 000 € ». Celle-ci peut être portée « à 5 % du
chiffre d’affaires moyen annuel, calculé sur les trois derniers chiffres
d’affaires annuels connus à la date des faits ».
En première lecture, nous pouvons légitimement déduire que « le
législateur » a bien pris conscience du phénomène de l’obsolescence
programmée et qu’il entend donner un avertissement clair à ceux qui
« abuseraient » de cette possibilité. En relisant attttentivement
cet article, deux limites m’apparaissent :
- La sanction n’est pas « si dissuasive » qu’il
y paraît quand des dizaines de millions d’euros de profits sont en jeux
;
- Pour « arriver » à la sanction, il faut déjà
être en mesure de prouver la pratique de ce délit !! Ce n’est pas
gagné d’avance.
Mais que m’arrrrrive-t-il ? Je dois certainement être dans une phase
de « pessimisme avancé » pour raisonner de la sorte !!! Je prends
d’autant plus conscience de mon « attitude déviante » lorsque j’apprends
par la presse que l’association
Halte à l’Obsolescence Programmée (HOP) a, le 18 septembre
dernier, déposé
une plainte très argumentée en « obsolescence programmée
et tromperie » contre plusieurs fabricants d’imprimantes. « Une
première depuis 2015 » nous dit Challenges,
qui précise : « Il s’agit de la première action judiciaire française
sur le fondement du délit d’obsolescence programmée », dit HOP, accusant
les fabricants concernés de raccourcir « délibérément » la durée de
vie des imprimantes et des cartouches. »
Me voilà prêt à me flageller, que dis-je, flageller n’est pas
sufffffisant. Je vais me suicider par noyade, en maintenant ma tête dans le
caniveau situé devant mon bureau… Quand, saisi d’une dernière intuition…
Je me dis « Pépère, il faut que tu ré-analyse cet article du code de
la consommation, tu as dû le lire trop vite ».
Aussitôt, je demande à l’employé municipal de ne pas encore ouvrir le robinet
qui va alimenter le caniveau destiné à l’exécution de mon funeste projet et
je scrute « une dernière fois » mon écran… Je n’en crois pas mes
yeux !!!!
Cet article L 213-4-1, créé le 17 août 2015… Est A-BRO-GÉ en date du 14
mars 2016 !!
Nous autres Occidentaux devrions plus facilement souscrire et faire nôtre
le principe bouddhique de « l‘impermanence
des choses », Anicca.
Mieux… Ou peut-être pire, si l’ordonnance
n° 2016-301 du 14 mars 2016 abroge cet article, il est remplacé
par l’article
L441-2 du code de la consommation … Efffffectivement, c’est pire.
Voyez vous-même :
Vous avez bien lu… Les sanctions ont disparu !!!
Et la presse qui
se félicite de l’action de l’association HOP… En omettant de porter
à la connaissance de ses lecteurs le fait, capital, de ce changement dans la
réglementation !! Oui, on va traîner (à grands frais) un fabricant
d’imprimantes en justice qui, quand bien même et c’est très loin d’être
acquis, il serait condamné… Ne subira ni amende ni prison, puisque LA LOI ne
mentionne pas (PLUS) de sanctions !!!
QUI, dans ce pays, « fabrique » la loi ? … Le législateur.
Mais « qui c’est ce gars » dont les « merdias »
parlent toujours et que l’on ne voit jamais ?… Nos chers députés et nos
chers sénateurs… Ceux que NOUS élisons !!!! Alors soyons un peu plus
cohérents. Au moment de les élire ou les réélire, au lieu de nous contenter
de leur belle profession de foi… Souvenons-nous de faits tels que celui que
je viens de vous exposer. Ce n’est pas le seul, assurément. Et au cours de
leur mandat, il faut leur demander des comptes sur ce qu’ils font.
Connaissez-vous le site de l’observatoire
citoyen de l’activité parlementaire ? Il nous permet de connaître,
pour tous les députés : les présences relevées, la participation aux
travaux parlementaires (entre autres l’élaboration des lois), les questions
posées au gouvernement, ses rapports… Tout ce pour quoi nous les avons élus.
Nous élisons « notre député » en confiance, oui, mais la confiance
n’exclut pas le contrôle !!!
NE SOYEZ PLUS DES PIGEONS, DEVENEZ SEREINS
En quoi tout cela me concerne ? De toute manière, je ne peux rien faire à
mon niveau. Et mes sous dans tout ça ?… « Soit le changement que tu
veux voir dans ce monde » (GANDHI).
Nous ne pouvons plus faire « comme » si cela ne nous concernait
pas. Tout cela NOUS concerne et aussi nos enfants. Il est temps, pendant que
nous avons (encore) le droit de le faire, de nous impliquer dans le
changement de ce monde. Déjà en NOUS posant les « questions qui
fâchent » :
- Ai-je vraiment besoin de tout ce
« confort » ? (Pourquoi 3 smartphones ?)
- Quel est le « véritable coût pour la planète »
du dernier modèle de réfrigérateur connecté qui me rendra la vie
« si confortable » ?
- Cela m’apporte quoi DE PLUS d’acquérir ce téléviseur
ultra-haute définition OLED au format XXL… Alors que j’ai une très bonne
vue.
Nous, « consommateurs/clients », avons le pouvoir de faire plier
les industriels en boycottant leurs produits. Cela « fonctionne »
dans d’autres pays. Pourquoi pas chez nous ? Il est temps de prendre NOS
responsabilités et nous « mettre au boulot ». Il y a tant à faire.
Chers lecteurs, prenez bien soin de vous. Je vous aime et vous salue.