Certains de mes lecteurs m’ont
dit ne pas être d’accord avec mon idée selon laquelle « les taux
d’intérêt négatifs ne peuvent pas apparaître de manière naturelle ».
Une majorité des désaccords
dont on m’a fait part impliquent la « conservation ». Penchons-nous
sur un de ces désaccords, et la réponse que j’y ai apportée.
En réponse à Negative Interest Rates: Can They Ever Occur Naturally? What
is the “Natural Rate”?, mon lecteur, Thomas, m’a envoyé ceci :
Je suis rarement en désaccord
avec vous, mais je le suis aujourd’hui. La conservation est une fonction
importante. Les coûts de stockage (pour l’argent plus que pour l’or ou les
espèces) peuvent aussi être importants. Bitcoin serait bien plus cher si sa
conservation et son stockage étaient moins problématiques. Si Bitgold venait
à faire ses preuves, un plancher pourrait être établi sous les taux
d’intérêt. GLD pourrait également établir un plancher s’il ne présentait
aucun problème de remise en hypothèque et de fraudes diverses. Quand les taux
d’intérêt deviennent trop négatifs, les gens trouvent des moyens moins
coûteux de protéger leur capital.
Echange d’emails avec
Acting Man
Pater Tenebrarum, du blog Acting Man, a également
répondu à mon article :
Si les taux naturels passaient
en-dessous de zéro pour devenir négatifs, nous cesserions tous de consommer -
toutes nos activités s’orienteraient vers l’avenir. En d’autres termes, nous
finirions tous par mourir de faim. Il est littéralement impossible pour le
taux naturel de devenir négatif, et il en sera ainsi tant que le temps passera,
et tant qu’il existera pour nous un « tôt » et un
« tard ».
Je lui ai répondu que
« Certains confondent les taux d’intérêt négatifs avec les frais de
stockage. La conservation représente des frais légitimes. Mais rien n’est
jamais conservé en toute sécurité. Et il y a déjà des frais de vérification,
des frais de tenue, des frais de retrait, etc. »
Pater m’a ensuite écrit que
« C’est tout à fait ça. L’analogie des frais de stockage n’est pas
applicable ici. Elle ne le serait que si la banque était couverte à 100%, ce
qui n’est jamais le cas. Vous avez raison de dire que le déplacement pervers
des autres composants du taux brut du marché en territoire négatif est une
fonction du système monétaire fiduciaire et de ce que ce système permet aux
autorités de faire. »
Pater et moi-même sommes en
faveur de réserves bancaires garanties à 100%, ainsi que de frais de
conservation raisonnables. Mais ne confondons pas cela avec la préférence
temporelle.
Pas naturel
Parce que nous discutons de ce
qui est naturel et de ce qui ne l’est pas, voici ce que nous en dit le
fondateur de Sitka, Brian McAuley :
Une devise fiduciaire pouvant
être gonflée au gré des désirs d’une banque centrale n’a rien de naturel. Il
y a toujours un nombre d’éléments non-naturels au sein de ce système, qui
deviennent visibles au fil du temps. Et les taux d’intérêt négatifs
pourraient en faire partie.
Tout au long de l’Histoire,
nous avons utilisé des biens tangibles comme moyens d’échange, parce qu’ils
sont difficiles à répliquer ou à se procurer : l’argent, l’or, les peaux
de castor, ou encore les cigarettes en prison. Les taux d’intérêt négatifs ne
peuvent pas être naturels.
Ce que nous avons aujourd’hui
n’est que la dernière innovation moderne du monde financier, qui a non
seulement rendue possible l’inflation d’une bulle sur le crédit au cours de
ces quarante dernières années, mais a aussi créé un besoin perçu en taux
d’intérêt négatifs pour empêcher ce système de s’effondrer.
Le coffre est-il
vide ?
En l’absence de manipulation
des systèmes monétaires par les banques centrales ou les gouvernements, il
est impossible pour les taux d’intérêt et la préférence temporelle de devenir
négatifs.
Ne confondons pas taux
d’intérêt négatifs et frais de conservation au sein d’un système de réserves
garanties à 100%.