Dans un article
précédent, nous nous étions intéressés
au déclenchement de la crise japonaise et à ses causes. Nous
avions vu que la thérapie suivie par ce pays était porteuse de
risques de nature à aggraver plus encore la santé
économique du Japon.
Ici, nous nous
focaliserons surtout sur la situation du pays depuis 1998, en
vérifiant si les mesures prises ont eu un effet positif ou
négatif.
En 1998,
plusieurs années après le krach immobilier, le Japon
enregistrait une récession de l’ordre de 2,8% du PIB… Sa
production industrielle était, quant à elle, au plus mal :
près de 20.000 entreprises ont ainsi fait faillite. Même les
secteurs de l’électronique et de l’automobile avaient
été fortement touchés. L’industrie
manufacturière avait perdu
1.870.000 emplois depuis 1993.
Le Parti
libéral-démocrate, revenu au pouvoir depuis 1996, ne trouva
rien de mieux que de poursuivre cette gabegie, subventionnant
allègrement les PME-PMI et allouant des aides très importantes
aux chômeurs.
Le niveau de
l’endettement public était particulièrement
inquiétant : il atteignait 130,3% en 1998 contre 75% en 1991.
Il n’y
avait pourtant aucune fatalité à la situation économique
japonaise. En effet, la Corée du Sud, juste à
côté, avait, elle aussi, connu une année noire en 1998.
Mais, au moyen de réformes audacieuses, elle sortit de la
récession, bénéficiant, dès 1999, d’un taux
de croissance approchant les 10%.
Le Japon,
quant à lui, ne tirant aucune conséquence de sa crise,
continuera d’accroître la liquidité et de faciliter le
recours au crédit.
Le Premier
ministre japonais, Jun’ichirō Koizumi, avait beau jeu de se montrer rassurant, personne
n’était réellement dupe : la consommation des
ménages baissa fortement, preuve que le pouvoir d’achat de ces
derniers n’allait pas en augmentant.
Si on ajoute,
dans le même temps, l’influence néfaste du lobby agricole
en quête de subventions, on obtient un cocktail extrêmement
explosif… Malheureusement, on ne peut pas dire que le Japon ait jamais renoué avec les succès
économiques. On peut ainsi craindre, avec le Professeur Hülsmann, que cette crise économique ne
se transforme bientôt en une crise politique plus profonde dans la
mesure où nombre de conglomérats bureaucratiques ont pu
indûment surfer sur les difficultés du pays. Ces rentes indignes
aggravent la dette publique, renforcent la corruption et semblent susciter un
certain ressenti
au sein de la population nippone.
Certes, il y
eut quelques baisses de taux d’imposition mais elles furent
compensées par des hausses dans d’autres secteurs…
Même
Paul Krugman, néo-keynésien
s’il en est, reconnaîtra que la politique économique japonaise
a été « terrible ».
Et ce, bien que ce pays ait appliqué une politique purement
keynésienne…
La dette
nippone dépasse
aujourd’hui les 200% du PIB.
Face à
cette hémorragie, certains économistes prônèrent
un ralentissement de l’expansion de la masse monétaire du pays.
Car la contraction pré-crise avait ensuite laissé place
à une nouvelle ouverture incontrôlée des vannes
monétaires à partir de 2001. Ce ne
fut pas réalisé par le gouvernement japonais. La
récession aurait pu être corrigée si ce dernier avait
introduit une dose de libéralisme au sein de son économie.
Mais, comme il ne l’a pas fait, le Japon n’est jamais sorti de la
crise.
Qu’en
est-il de sa situation, suite à la crise de 2007 ? Selon
l’INSEE, ce pays est le plus
touché par ces nouveaux tumultes économiques. Mais cet institut
se fonde surtout sur le fait que le yen s’est grandement
apprécié par rapport au dollar, ce qui est un critère
peu pertinent. L’histoire, y compris récente,
nous avait plutôt enseigné que ce sont les monnaies faibles qui
conduisent un système économique au désastre.
N’en
tirons pas, pour autant, comme conclusion que, puisque le yen s’est
apprécié par rapport au dollar, alors le Japon va bien. Non, le
yen s’apprécie par rapport au dollar parce que les
États-Unis vont particulièrement mal.
Les
États-Unis, en nationalisant
Fannie Mae et Freddie Mac au lieu d’assainir leur économie
rongée par l’étatisme sauvage, suivent d’ailleurs
les recettes japonaises des années 1990 et risquent de ne jamais
sortir de la crise.
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