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D’où viennent les bulles, et peut-on les prévenir ?

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Published : February 11th, 2014
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Category : Editorials

Je me poserai aujourd’hui trois questions dont les réponses sont très faciles à comprendre.

  1. Par quoi sont causées les bulles ?
  2. Quand explosent-elles ?
  3. La Fed peut-elle les prévenir ?


Le garçon qui criait à la bulle
 

Avant de répondre à ces questions (auxquelles vous avez peut-être déjà les réponses), tournons-nous vers ce que la Fed de Dallas a à dire des bulles dans son rapport Globalization and Monetary Policy Institute Working Paper No. 167, intitulé "The Boy Who Cried Bubble" (le garçon qui criait à la bulle), par Yasushi Asako et Kozo Ued.


Cet article fait 44 pages. Dans le paragraphe d’ouverture, à la page 2, les auteurs écrivent que ‘l’Histoire est truffée d’exemples de développements et d’éclatements de bulles. L’un des exemples les plus notoires est la crise financière qui a commencé en été 2007. Nous n’avons en revanche que des connaissances limitées du processus de développement des bulles et de la manière dont les empêcher de se produire’.


On pourrait très bien s’arrêter de lire dès la deuxième page et être certain que ce qui suit ne peut possiblement être autre chose que platitudes et formules mathématiques incompréhensibles.


Et c’est précisément le cas. Les formules mathématiques commencent dès la page 5 et se prolongent jusqu’à la fin du document.


En voici un exemple tiré de la page 7 :




Les autres pages sont tout aussi incompréhensibles à quiconque si ce n’est le plus geek des geeks. En voici un autre exemple tiré de la page 39 :




Jouer à cache-cache derrière des mathématiques insensées.


Il ne fait aucun doute que certains geeks comprennent les formules développées par Yasushi Asako et Kozo Ued.


Il n’en est pas moins qu’il ne s’agit de rien de plus que de formules insensées, au vu de la manière dont est conclu le paragraphe d’ouverture : ‘Nous n’avons en revanche que des connaissances limitées du processus de développement des bulles et de la manière dont les empêcher de se produire’’.


Quel goût !




D’où viennent les bulles ?


Toutes les bulles de l’Histoire ont commencé par une expansion effrénée de la masse monétaire et du crédit, une manipulation des taux d’intérêt ou une promotion de programmes de création de quelque chose à partir de rien par les gouvernements.


C’est vrai pour la bulle sur les tulipes jusqu’à la bulle du Mississippi, en passant par le krach de 1929 et la bulle sur l’immobilier.

La mania sur les tulipes était par exemple le fruit d’une manipulation des contrats à terme et des actions (crédit avec effet de levier) accompagnées d’une modification de la législation relative aux contrats à terme par les Pays-Bas en 1636.


Pour plus d’exemple, ainsi qu’une discussion sur la bulle du Mississippi, voyez ce lien : Why does fiat money seemingly work?


L’auteur, ‘Trotsky’, est un alias volontairement sarcastique de Pater Terebrarum, du blog Acting Man.


Dissection de la bulle de l’immobilier promue par la Fed


Tout au long de l’Histoire, et jusqu’en 2007, ceux qui ont été à l’origine des bulles ne les ont pas vues venir.


Elles auraient dû être faciles à déceler sur le marché de l’immobilier américain. Tous ceux qui étaient en mesure de respirer ont pu obtenir un prêt. Les prix des maisons ont atteint trois fois l’écart-type avec les loyers.


Et pourtant, Bernanke n’a pas vu la bulle sur l’immobilier arriver.


Comment cela est-il possible ?


La Fed n’a observé ni l’inflation des prix ni les prix de l’immobilier. Plutôt que de se concentrer sur l’Indice du prix des biens immobiliers et des autres indices qui présentaient tous les signes d’une bulle, la Fed s’est concentrée sur l’Indice équivalent loyer.


Vous trouverez une discussion pertinente sur le sujet ici : Dissecting the Fed-Sponsored Housing Bubble


Croissance comparée de l’Indice du prix des biens immobiliers et de l’Indice équivalent loyer




Entre 1994 et 1999, les deux indices sont restés très proches. Mais tout a changé en 2000 avec l’éclatement de la bulle sur la dot-com. La divergence s’est ensuite accélérée après que Greenspan ait commencé à faire baisser les taux.


La bulle est évidente, mais ni la Fed de Greenspan ni celle de Bernanke ne l’ont vue arriver. La Fed était trop occupée à utiliser les loyers comme mesure de l’inflation pour se pencher sur les prix de l’immobilier.


Taux des fonds fédéraux versus IPC et Indice du prix des biens immobiliers-IPC




Le graphique ci-dessus montre ce qu’il se passe quand les prix de l’immobilier remplacent ceux des loyers dans l’Indice des prix à la consommation. En 2004, l’IPC était de 3,27%, l’Indice du prix des biens immobiliers-IPC de 5,93% et les taux des fonds fédéraux de seulement 1%. De mon point de vue, les taux d’intérêts réels étaient de -4,93%. Sur le marché de l’immobilier, la spéculation était rampante.


En 2008, alors que tout le monde se souciait de l’inflation parce que le prix du pétrole avait atteint les 140 dollars, j’ai suggéré des taux d’intérêts plus bas que jamais au travers de la courbe des rendements. A l’époque, l’IPC était proche de 6%, mais était de près de 0% (et continuait de chuter).


Mesurés en fonction de l’Indice du prix des biens immobiliers-IPC, les taux d’intérêts réels étaient positifs de 2006 jusqu’en 2010, même après que les taux des fonds fédéraux aient atteint 0,25%. Voilà qui démontre la puissance de l’effondrement de l’immobilier.


Les taux réels sont redevenus positifs entre mi-2010 et le début de l’année 2011.


Variances de l’IPC et de l’Indice du prix des biens immobiliers-IPC avec les taux des fonds fédéraux




Le graphique ci-dessus présente les taux des fonds fédéraux réels (ajustés à l’inflation) mesurés par la soustraction de l’IPC aux taux des fonds fédéraux, et par la soustraction de l’Indice du prix des biens immobiliers-IPC.


Avec la récente hausse des prix de l’immobilier, l’Indice du prix des biens immobiliers-IPC est de 2,78% alors que l’IPC est de 1,76% (chiffres de novembre).


De mon humble avis, l’inflation est sous-estimée d’un point de pourcentage. L’inflation mesurée par l’expansion de crédit est une toute autre histoire.


Variances entre l’IPC et l’Indice du prix des biens immobiliers-IPC




Le graphique ci-dessus présente la différence entre l’IPC et l’Indice du prix des biens immobiliers-IPC. Notez que l’écart le plus large marque le lancement de la bulle sur le marché immobilier en 2005.


Trop bas, trop longtemps


En clair, la Fed a maintenu les taux d’intérêts trop bas, trop longtemps, et a alimenté l’inflation des actifs et l’expansion du crédit.


Les politiques gouvernementales, et principalement la ‘société de propriétaires’ du président Bush, couplées aux programmes d’immobilier abordable et de la promotion de prêts aux taux d’intérêts variables et de produits dérivés par Greenspan n’ont été que la cerise sur le gâteau.


Quand explosent-elles ?


Contrairement à ce que suggèrent Yasushi Asako et Kozo Ued, je suis d’avis que nous en savons long sur le processus d’éclatement des bulles. Voici une réponse très simple :


Les bulles explosent quand la masse des idiots se tarit.


C’est aussi simple que ça.


Gardez à l’esprit que prédire l’éclatement d’une bulle est une tâche difficile, mais qu’il existe des indices. La bulle sur l’immobilier a éclaté un mois après que les gens aient commencé à faire la queue ou jouer à la loterie pour une chance de pouvoir acheter un appartement en Floride.

Question de sentiment


Le sentiment peut toujours devenir plus extrême (jusqu’à ne plus le pouvoir). J’ai utilisé le sentiment pour annoncer le pic de la bulle sur l’immobilier en été 2005. En voici une brève historique. Depuis lors, j’ai mis à jour le graphique à de nombreuses reprises.


J’ai aussi vu arriver le pic du marché des actions de 2007 à quelques points de pourcentage. Voir Quotes of the Day / Top Call


Ceci dit, il est facile de s’imaginer que le sentiment ne puisse devenir plus extrême alors qu’il le peut encore. Je me suis par exemple trompé le 3 février 2003 en écrivant Extreme Sentiment: Barron's Cover "Get Ready for Record Dow - We Told You So"; Top Call


La loi des prédictions


Faites des prédictions et vous aurez un jour ou l’autre l’air d’un idiot. Quelqu’un d’autre viendra pointer vos erreurs du doigt si vous ne le faites pas vous-même.


Il n’en est pas moins que ma thèse sous-jacente est correcte : une fois de plus, la Fed a complètement ignoré l’inflation du prix des actifs, et une fois de plus, elle n’a pas vu la bulle qui se trouvait juste devant ses yeux.


Viendra un jour où, comme toutes les autres, cette bulle éclatera. Il suffira pour cela que la masse des idiots prenne le départ.


Peut-on prévenir les bulles ?


C’est une question difficile dont la réponse est ‘en général’.


J’ai en effet modifié ma question de départ, qui était ‘la Fed peut-elle prévenir les bulles ?’.


La réponse à ma question de départ est non.


La Fed ne peut prévenir ce qu’elle ne peut voir, même après coup, quand elle devient évidente aux yeux de tous.


Plus important encore, la cause principale des bulles est la Fed (et les banques centrales en général).


Il est donc logique que le remède contre les bulles ne puisse pas être ce qui les cause (la Fed).


Pays magique intellectuel versus monde réel


Une petite dose de sens commun vaut bien mieux que des formules ridicules qui ne peuvent possiblement pas fonctionner.


Prévenir les bulles est en théorie très simple : il faudrait pour cela se débarrasser de la Fed et des corporations sponsorisées par le gouvernement,  mettre fin à la planification centralisée et mettre en place des solutions de marché libre.


Puisqu’aucune recherche sponsorisée par la Fed ne pourra parvenir à de telles conclusions, la Fed et son département de recherche restent au beau milieu de leur pays magique, dissimulés derrière des absurdités mathématiques que ni peuvent pas fonctionner dans le monde réel.


Pour plus de critiques des propagandes ridicules de la Fed, voyez ceci : Money as Communication: A Purposely "Non-Educational" Fallacious Video by the Atlanta Fed.


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Mish 13 abonnés
Réflexions sur de débat de l’inflation /déflation/stagnation et autres remarques sur l’or, l’argent, les monnaies, les taux d’intérêts et les politiques monétaires affectant les marchés mondiaux.
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