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Wall street remonte comme aux
plus beaux jours, les grands indices boursiers retrouvent leurs couleurs et
n’étaient plus mardi qu’à quelques dizaines de points de leurs sommets d’octobre
2007, quand tout allait encore au mieux sur la place de New York. Un léger
fléchissement intervenait hier, à l’annonce d’une croissance américaine plus
faible qu’attendue au quatrième trimestre, mais cela n’a pas altéré la
conviction que tout allait s’arranger. Constatant cette stagnation de la
croissance, le comité de politique monétaire de la Fed, qui se réunissait
hier mercredi, l’imputait d’ailleurs à des facteurs météorologiques,
affectant la sérénité, tout en confirmant cependant ses mesures d’exception,
dont l’achat d’actifs financiers pour un montant mensuel de 85 milliards
d’euros.
Dans cette ambiance, les
investisseurs n’ont comme crainte que de ne pas en être et en profiter, et
reviennent sur un marché qu’ils avaient déserté. La situation des grandes
entreprises américaines n’y est pas pour rien : elles ont réduit leur
endettement, dégagent d’importants profits et disposent de très importantes
liquidités, toute porte donc à croire dans le retour de la croissance, pour
ceux qui en voient là la raison. Cette confiance retrouvée doit cependant
beaucoup dans le maintien de la politique monétaire ultra-accommodante de la
Fed, qui permet d’emprunter à des taux très bas pour investir sur le marché
des actions qui bondit et faire d’excellentes affaires. Les financiers jouent
parfois à se faire peur, ils ont cette fois au contraire choisi d’abandonner
toute retenue pour profiter de cette bonne fortune.
A bien y réfléchir, une telle
embellie est-elle une si bonne nouvelle ? Est-il bien normal que les indices
de Wall Street caracolent alors que la croissance américaine recule de -0,1%
au quatrième trimestre, que l’Europe est en récession et que le Japon espère
relancer son économie en finançant des grands travaux ? L’appétit pour le
risque qui se manifeste dans les milieux financiers correspond au désir
de renouer avec des rendements qui avaient disparu. Notamment de la part des
fonds de pension et des fonds monétaires, qui ont beaucoup souffert et ont
besoin de se refaire une santé. Mais dans un contexte où les principales
mesures de régulation financières ne sont toujours pas appliquées, quand
elles n’ont pas été déjà émoussées et retardées, est-ce bien raisonnable ?
Billet
rédigé par François Leclerc
Son livre,
Les CHRONIQUES DE LA GRANDE PERDITION vient de
paraître
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