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Un débat a actuellement lieu entre ceux qui pensent
que la Fed devrait employer davantage de politiques de rétablissement
économique, ceux qui pensent que le rétablissement économique
est assez grand pour se débrouiller tout seul, et ceux qui pensent que
l’économie a été tant endommagée par la
récession qu’aucune politique de stimulus ne pourra plus
permettre de mener le taux de chômage aux niveaux d’avant la
crise. Comme d’habitude, ces gens ont tout faux (bien que certains
d’entre eux se trompent un peu plus que d’autres).
De fausses conclusions sont tirées par des analystes
tels que le roi des obligations qu’est Bill Gross, qui a suggéré
que les lois fondamentales de l’économie ont changé. Ils
s’imaginent qu’une ‘nouvelle norme’ s’est
installée, et que le taux de chômage ne pourra plus jamais
tomber en-dessous de la barre des 8%. C’est complètement absurde.
Les Etats-Unis pourraient à nouveau devenir prospères si nous
faisions confiance en les principes fondamentaux de l’économie
et que laissions les marchés libres faire leur travail.
Malheureusement, il semblerait que nous ne soyons pas encore prêts pour
cela. Le gouvernement joue un rôle de plus en plus important dans notre
économie, et ses efforts continueront d’étouffer la
croissance. Il y a également ceux qui s’imaginent que
l’économie est en phase de rétablissement. Je ne sais pas
quelle économie ils observent, mais peu importe depuis quel angle,
l’économie des Etats-Unis semble plutôt comateuse.
Moins erronée est la vision de ceux qui pensent
que, sans une intervention plus sévère de la Fed, soit par une
vague supplémentaire de quantitative easing
(QE III), le semblant actuel de reprise économique finira par prendre
fin et laissera derrière lui une nouvelle vague de récession.
Ils ont raison. En revanche, bien que cette fois-ci, la vague de
récession se montrera bien plus violente qu’il y a quatre ans,
cela ne signifie pas que la Fed puisse venir en aide à
l’économie en sortant une fois de plus son artillerie lourde.
Lors de son discours tant attendu à Jackson Hole la semaine dernière, le président de
la Fed Ben Bernanke est paru pour le moins
optimiste : ‘notre expérience a pu nous prouver que nos
politiques de quantitative easing peuvent
être efficaces, et qu’en leur absence, la récession de
2007-2009 aurait été bien plus profonde, et la reprise dont
nous faisons aujourd’hui l’expérience se serait
avérée bien plus lente’.
La vérité, c’est que notre
économie souffre d’une maladie que toutes les vagues de
quantitative easing du monde ne pourront soigner.
Et bien que ce mauvais médicament puisse nous aider à nous
sentir plus en forme sur le court terme, sous la surface,
l’économie continue de se détériorer. Non seulement
la Fed ne devrait pas lancer de nouvelle politique de quantitative easing, elle devrait également mettre fin à
toutes ses politiques actuellement en place. Bien qu’une telle
décision de sa part nous plongerait dans la
récession, elle apporterait simultanément une phase de
correction qui nous mènerait finalement vers une reprise
économique durable.
La récession que la Fed tente
désespérément de prévenir devrait être
autorisée à suivre son cours afin que l’économie
que nous avons développé au cours de ces dix dernières
années, celle qui se repose sur des taux d’intérêts
très faibles, sur l’emprunt et sur les dépenses de
consommation, puisse finalement se restructurer et devenir plus saine. En
autorisant notre économie malade à rester en place, les vagues
de quantitative easing nous font bien plus de mal
que de bien. Afin de pouvoir se rétablir sur le long cours, le
marché doit pouvoir corriger les mauvaises allocations de ressource
ayant découlé de précédents stimulus. Les vagues
de stimulus empêchent un tel processus de se produire, et exacerbent
l’ampleur des mauvaises allocations que le marché devra un jour
corriger.
Entretemps, toute croissance du PIB et de l’emploi
qui naîtra de stimulus ne fera que compromettre la restructuration de
notre économie. Les emplois créés par le biais de
politiques de stimulus monétaire ne pourront plus exister
aussitôt qu’ils ne disposeront plus du support
représenté par ces politiques. Pour ne pas disparaître,
ils nécessiteront une mauvaise allocation de ressources continuelle.
Malheureusement, ces emplois devront disparaître avant qu’une
reprise réelle puisse s’installer.
Le maintien des taux d’intérêts bien
en-dessous des niveaux marché (ce qui est l’objectif même
des vagues de stimulus) modifie les modèles de consommation,
d’épargne et d’investissement. Les interventions de la Fed
court-circuitent la capacité des marchés à
résoudre les mauvaises allocations de capital. Plus le stimulus est
important, plus les marchés devront travailler pour rétablir
une situation d’équilibre. A mesure que les mauvaises
allocations se développent, l’efficacité des politiques
monétaires diminue. Viendra un jour où le marché
submergera la Fed. Il ne suffit plus que de savoir quand.
La Fed tente de construire des gratte-ciel sur de mauvaises
fondations. Non seulement toutes les structures qu’elle construit
finissent par s’effondrer, elles endommagent toujours plus les
fondations sur lesquelles elles ont été érigées.
En conséquence, elles finissent par s’effondrer de plus en plus
tôt et demandent beaucoup plus d’efforts en matière de
construction. Plutôt que de continuer de construire, la Fed devrait se
concentrer sur la réparation des fondations. La construction de
nouvelles structures prendrait certes plus de temps, mais au final, elles
n’en seraient que bien plus solides.
Parce que la Fed a maintenu les taux
d’intérêts trop bas pendant trop longtemps, les
Américains ont trop peu épargné, trop emprunté,
beaucoup trop consommé, trop peu produit, trop importé, et pas
assez exporté. Le secteur des services est bien trop vaste, et trop
peu de main d’œuvre est allouée à la production de
biens. Beaucoup trop de capital est redirigé vers les
spéculateurs de Wall Street, et pas assez vers les entrepreneurs de
Main Street. Nous avons construit trop de maisons mais pas assez
d’usines. Nous avons développé trop de centres
commerciaux mais pas assez de ressources naturelles. La liste des mauvaises
allocations induites par les politiques employées par la Fed pourrait
s’étendre infiniment.
En tentant de préserver les emplois associés
à cette forme d’économie, la Fed empêche le
marché de créer les emplois dont nous aurions réellement
besoin. Malheureusement, personne ne semble comprendre cela, et nous
continuons de courir tels des aveugles derrière des modèles
économiques qui ne peuvent fonctionner. Attendez-vous cette semaine
à ce que les Démocrates de Charlotte appellent à
toujours plus de politiques d’intervention afin de perpétrer un
modèle économique ayant depuis longtemps prouvé
qu’il ne pouvait plus fonctionner.
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