Une
équipe de chercheurs de l’université de Tel Aviv a récemment découvert un trésor
enterré dans le château, bâti par les Croisés,
d’Arsur (également connu sous le nom
d’Apollonie), un bastion situé entre
les ports de Jaffa et de Caesara, et utilisé
de 1241 jusqu’à sa démolition en 1265.
Le butin, qui comprend
108 pièces d’or, pour la plupart des dinars datant de
l’époque Fatimide (de 900 à 1100 après JC), a
été découvert dans un vase par un étudiant de
l’université. Les pièces portent les noms de sultans
ainsi que des bénédictions, et sont pour la plupart
fardées d’une date et du nom de l’atelier dans lequel
elles ont été frappées.
Cette découverte fascinante est la première
de son genre, déclarait le professeur Oren
Tal, directeur de l’excavation et directeur du département
d’archéologie et des cultures Orientales à
l’université de Tel Aviv. ‘La
valeur scientifique de ces pièces en or est sans
précédent. Elles sont les premières datant de
l’époque des Croisades jamais découvertes en
Israël’.
Le professeur Tal pense que ces pièces peuvent
offrir d’importants indices quant à la manière dont les
échanges économiques les plus importants étaient menés
au temps des Croisades. ‘Les gens n’avaient pas peur
d’utiliser d’anciennes pièces afin de mener à bien
des transactions à grande échelle’, a-t-il
déclaré, après avoir indiqué que le ‘pot
d’or’ en question pourrait n’être qu’un parmi
de nombreux autres encore dissimulés dans le château, le fort
d’Arsur ayant autrefois été un
centre de commerce important pour les biens industriels et agricoles.
L’économie
des Croisés
Selon le professeur Tal, cette découverte apporte
une nouvelle signification au débat relatif à la circulation de
l’or au temps des Croisades - série d’incursions
militaires menées par l’Occident dans la région afin
d’y imposer le Christianisme. Elle place les pièces Fatimides
datant des Xe et XI siècles en perspective. L’utilisation par les
Croisés d’or datant d’une période antérieure
est quelque peu surprenante, du fait même de l’importance
donnée à cette époque à la provenance des
pièces.
Typiquement, chaque société frappait ses
propres pièces, tout particulièrement lorsqu’elle devait
mener à bien d’importantes transactions. L’impact de tout
cela n’était pas uniquement économique, mais servait
également au domaine des relations publiques. D’un point de vue
social et économique, la frappe de pièces d’or prouvait la
richesse d’une société et sa capacité à
frapper sa propre devise, lui offrant une image de
société indépendante, culturellement auto-déterminée
et à l’identité collective, explique le professeur Tal.
Bien qu’aucun prix n’ait été
historiquement attaché à ces pièces, leur valeur
réelle est difficile à déterminer. Un document du
Genizah du Caire offre une idée de la valeur de ces pièces,
indiquant que deux dinars d’or suffisaient à
l’époque à faire vivre une famille entière durant
un mois.
Du fait que le
terme ‘famille’ pouvait alors comprendre un père, une
mère, leurs fils et filles, leurs maris et femmes ainsi que leurs
enfants, deux pièces d’or étaient suffisantes à la
vie quotidienne de 12 à 24 personnes pour environs un mois. Si 20
personnes peuvent vivre de deux dinars d’or pendant un mois, le
trésor récemment découvert aurait été
suffisant au soutien financier de 50 familles pour 30 jours, ou de 5 familles
pour une année entière, en fonction, bien sûr, de leur
niveau de vie.
Une machine
à remonter le temps
Etant donné sa période d’occupation
très courte, le fort d’Arsur est une
excellente machine à remonter le temps, déclarait le professeur
Tal. Les découvertes ayant été faites dans le
château, les objets de poterie, de verre et de métal, les
catapultes et les pièces d’or, sont une fenêtre ouverte
sur le passé. Elles permettent aux chercheurs de développer une
connaissance approfondie de la culture des Croisés et des
échanges ayant été autrefois établis entre les
mondes Musulman et Chrétien.
La seigneurie
d’Arsur fut louée à
l’Ordre Militaire des Hospitaliers en 1261. L’Ordre arriva en
Terre Sainte au XIIe siècle au service des pèlerins
Européens. Comme le prouve leur utilisation du château comme
lieu de stockage, Arsur fut leur bastion le plus
important. En 1265, le fort fut attaqué par le sultan Egyptien Baybars
et après un siège d’une durée de 40 ans, le
château fut finalement pris. Il est resté inhabité depuis lors.
American Friends of Tel Aviv
University: Hoard of Crusader Gold Found in Ruins
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