Alors que la
zone euro est en danger du fait de l’endettement excessif des
États membres, la Commission européenne propose de pénaliser
la Hongrie, pays qui n’en fait pourtant pas partie, sous
prétexte que son déficit risquerait de dépasser les 3% en…
2013 ! Le pays pourrait faire face – si les pouvoirs publics
hongrois ne prennent pas des mesures correctives et que les poursuites vont
au bout – à des pénalités financières ou à
un gel des aides européennes (environ un milliards d’euros).
N’était-il
pas temps que la Commission montre une certaine volonté à faire respecter les critères
du « pacte de stabilité »
(« renforcé » lors du sommet européen du
8 et 9 décembre 2011) ? Certes, mais encore devrait-elle
être crédible et cohérente.
La Hongrie a
sans aucun doute été malmenée sur les marchés financiers
ces derniers temps. Sa monnaie se déprécie face à
l’euro et ses finances publiques sont loin d’être
reluisantes. Après la publication des prévisions
économiques officielles en novembre dernier (voir le rapport European Economic Forecast – Autumn 2011),
elle a été sommée – avec la Belgique, Chypre,
Malte et la Pologne – de prendre des mesures pour diminuer son
déficit de manière durable. Ce que la Hongrie n’aurait
pas fait aux yeux de la Commission, contrairement à ces derniers pays.
Cependant, même
si la Hongrie est un « mauvais élève », la
situation de ses finances publiques n’est pas différente de
celle des autres nombreux « cancres » de la zone euro. D’ailleurs,
selon les propres prévisions de Bruxelles, la gravité du
déficit hongrois (11e position) et de sa dette publique (9e
position) en 2013 sont loin dans le classement (voir Tableau ci-dessous).
Classement
selon la gravité du déficit et de la dette publique en 2013
Rang
|
Pays
|
Déficit en 2013 (en % du
PIB)
|
Rang
|
Pays
|
Dette en 2013 (en % du PIB)
|
1
|
Irlande
|
-7.8%
|
1
|
Grèce
|
198.5%
|
2
|
Grèce
|
-6.8%
|
2
|
Irlande
|
121.1%
|
3
|
UK
|
-5.8%
|
3
|
Italie
|
118.7%
|
4
|
Slovénie
|
-5.7%
|
4
|
Portugal
|
112.1%
|
5
|
Espagne
|
-5.3%
|
5
|
Belgique
|
100.3%
|
6
|
France
|
-5.1%
|
6
|
France
|
91.7%
|
7
|
Chypre
|
-4.7%
|
7
|
UK
|
85.9%
|
8
|
Slovaquie
|
-4.6%
|
8
|
Espagne
|
78.0%
|
9
|
Belgique
|
-4.5%
|
9
|
Hongrie
|
76.7%
|
10
|
Rép. Tchèque
|
-4.0%
|
|
|
|
11
|
Hongrie
|
-3.7%
|
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|
Source : European Economic Forecast – Autumn 2011.
Vingt-trois
des 27 pays de l’UE – à l’exception de l’Estonie,
de la Finlande, du Luxembourg, et de la Suède – devraient
être poursuivis pour avoir largement bafoué les critères
du pacte de stabilité, « renforcé » ou
pas. Sans compter que les chiffres ci-dessus se détérioreront davantage,
si les prévisions de croissance pour 2012-2013 ne sont pas au
rendez-vous.
« Épingler
un joueur » de l’UE comme la Hongrie tout en « épargnant »
dans le même temps les autres « contrevenants »
– alors que les investisseurs sont justement inquiets de la situation
de l’Italie (et des autres pays PIIGS), voire même de la France –
n’est pas cohérent et manque d’objectivité. Ce
n’est pas de nature à rendre la Commission plus crédible
dans son nouveau rôle de « policier »
budgétaire européen.
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