Un des arguments mis en avant par les
déflationnistes (les gens qui prédisent une
déflation), c’est que le système monétaire actuel est
basé sur le crédit et que l’hyperinflation n’est
pas possible dans un tel système. Ce qu’ils veulent dire par
“basé sur le crédit“ c’est que la nouvelle
monnaie est empruntée pour être créée,
l’implication étant que pour obtenir une augmentation nette de
la masse monétaire de 1 $ il faut qu’il y ait
simultanément une augmentation de 1 $ de la dette à
l’échelle de l’économie globale. Le résultat
(si nous suivons l’argumentation) c’est que plus l’offre de
monnaie augmente, plus l’économie est tirée vers le bas
par la dette et donc augmente la probabilité d’une sortie de
crise par la déflation.
Pour expliquer l’une des deux erreurs principales de
l’argument ci-dessus, nous allons considérer le cas
hypothétique d’un faux-monnayeur répondant au nom de
FRED. La plupart des faux-monnayeurs impriment des faux billets et puis les
dépensent. Mais Fred opère un peu différemment parce
qu’il imprime de la monnaie et la prête à ses clients. De
plus, il pratique la comptabilité à double-entrée pour
chacun des crédits qu’il octroie, qui se retrouve donc
fidèlement enregistré comme un actif dans son bilan. La
nouvelle monnaie créée figure au « passif »
de son bilan.
En raison de la popularité des services de Fred (ses taux
d’intérêts sont très concurrentiels), l’offre
de monnaie et de crédits globales dans l’économie
augmentent rapidement. Après un temps, cependant, certains des clients
de Fred ne peuvent plus rembourser leurs crédits. La nouvelle monnaie
que Fred a créée quand il a établi ces mauvais
prêts est toujours en circulation dans l’économie et
demeure une dette au passif de son bilan mais certains points de son actif
sont maintenant sans valeur. Fred doit donc procéder à une
réduction comptable de son capital mais cela ne le dérange pas
parce que, pour commercer, il n’a jamais eu de capital et que tout le
processus de provisions pour pertes et de pertes sèches est sans
signification pour quelqu’un qui peut créer de la monnaie
à partir de rien. Le commerce de Fred est fondé sur le vol du
capital des autres, parce qu’il leur vole leur pouvoir d’achat.
Nombre d’entre nos lecteurs vont immédiatement
reconnaître que le mode d’opération de Fred ressemble
à s’y méprendre à celui d’une banque
centrale. La banque centrale prête généralement de la
monnaie nouvelle pour créer l’existence même de cette
dernière mais jamais, elle n’impose une limitation à sa
capacité d’augmenter l’offre de monnaie à la
différence de toute autre activité légitime. La solidité
de son bilan n’est pas sa considération première
(quiconque pense que la Fed est limitée de quelque manière que
se soit par un besoin/désir de maintenir un bilan solide n’a pas
fait attention à ce qui s’est passé ces dernières
années. Il est juste de dire qu’un prêteur volontaire a
toujours besoin d’un emprunteur volontaire mais il est également
équitable de dire que durant ces prochaines années, ce dernier
rôle va être tenu, très probablement et très
largement, par le gouvernement.
L’autre erreur importante de l’argument peut être
résumée dans notre paragraphe du début, c’est que
le système monétaire actuel n’est pas complètement
« basé sur le crédit » parce que la
banque centrale n’est pas limitée par l’octroi de nouveaux
crédits pour augmenter l’offre de monnaie. La banque centrale,
la Fed aux USA, a le pouvoir de monétiser tout ce qu’elle veut.
De fait, certaines banques centrales, sont déjà allées
au-delà du niveau imposé par le processus traditionnel
concernant le prêt de monnaie nouvelle. Pour prendre un exemple
spécifique, pendant les 12 derniers mois, la Fed a
monétisé (acheté avec sa monnaie créée
à partir de rien) 650 milliards de dollars d’obligations
couvertes par des hypothèques (MBS). Pour l’exprimer
différemment, l’année dernière, la Fed est
allée sur le marché et a acheté 650 milliards de dollars
d’un type particulier de titres, ce qui a résulté en un
ajout de 650 milliards de monnaie nouvelle et il n’y a pas eu
d’augmentation correspondante de la dette. De plus, il n’y a rien
de sacré concernant les titres couverts par hypothèque (la Fed
pourrait tout à fait choisir de monétiser quelque chose
d’autre, en fait, n’importe quelle autre chose).
Pour résumer, le système monétaire n’est pas
seulement un système « basé sur le
crédit » dans
une certaine mesure et même s’il était complètement
« basé sur le crédit » la banque centrale
aurait toujours une capacité pratiquement illimitée
d’augmenter l’offre de monnaie. Est-ce que cela veut dire que la
déflation est impossible dans le système monétaire
actuel à moins que la banque centrale ne soit désireuse de
permettre au système la déflation ? oui.
La banque centrale peut toujours faire gonfler
l’offre de monnaie mais sa tentative de le faire d’une certaine manière ne met pas toujours en évidence
les problèmes de l’inflation (du point de vue de la banque
centrale, l’inflation devient un problème évident quand
le niveau général des prix et les intérêts sur les
obligations du gouvernement commencent à augmenter rapidement.) En
conséquence, la voie de l’hyperinflation n’est pas directe
et ceux qui prédisent l’hyperinflation dans un futur proche font
probablement erreur.
Steve Saville
The Speculative
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Steve Saville est
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