Mes chères contrariées,
mes chers contrariens,
Ce week-end, encore une fois ne
fût pas coutume, fut très chargé. Je voulais vous parler
du discours de notre Président Normal 1er, roi des Gaules – ce
que je ferai – mais finalement, ce qui doit retenir notre attention, ce
sont évidemment les événements qui secouent actuellement
le monde arabe et, surtout, la situation en Iran.
Tout a commencé la semaine
dernière lors du dernier
Vote par le Conseil des gouverneurs de
l’AIEA d’une nouvelle résolution sur l’Iran (le 13
septembre 2012)
Cette nouvelle résolution
constitue la réponse au dernier rapport du 30 août du directeur
général de l’Agence internationale de
l’énergie atomique.
Ce document constatait l’absence
de coopération de l’Iran avec l’Agence sur la possible
dimension militaire de son programme nucléaire et
l’accélération par Téhéran de ses
activités sensibles, notamment d’enrichissement de
l’uranium, menées en violation des
résolutions du Conseil des gouverneurs de l’AIEA et du Conseil
de sécurité.
L’adoption à une
très large majorité de cette résolution, la 12e depuis
2003, démontre une fois encore l’unité et la
détermination de la communauté internationale sur le dossier
nucléaire iranien.
En novembre dernier, dans sa
précédente résolution, le Conseil avait demandé
à l’Iran d’intensifier son dialogue avec l’Agence
pour répondre à ses préoccupations concernant la
possible dimension militaire du programme nucléaire iranien.
Dix mois plus tard, le Conseil constate
qu’aucun accord n’a pu être obtenu sur ce sujet et que
l’Iran n’a pas autorisé l’accès
demandé par l’AIEA aux sites sensibles iraniens. Pour le
Conseil, la coopération de l’Iran est « essentielle et
urgente » pour restaurer la confiance de la communauté internationale
dans le caractère exclusivement pacifique du programme nucléaire
iranien.
Dans le même temps, le Conseil
s’est dit à nouveau extrêmement préoccupé
par le fait que l’Iran continue de développer ses
activités d’enrichissement, notamment dans son installation de Fordow, au mépris de ses obligations
internationales.
Le Conseil demande instamment à
l’Iran de se soumettre « complètement et sans délai
à ses obligations issues des résolutions du Conseil de
sécurité », et satisfaire aux exigences du Conseil des
gouverneurs concernant ses engagements en matière de transparence de
son programme.
Puis, on a appris ce week-end qu'une
armada navale regroupant plus de 25 nations était en cours de
déploiement pour protéger le golfe Persique et plus
particulièrement le détroit d'Ormuz.
Cuirassés, porte-avions,
sous-marins et dragueurs de mines de 25 pays convergent actuellement vers le
détroit stratégique d'Ormuz dans un spectacle inédit,
alors que l'on sent bien la tentation d'Israël d'anéantir, avant
qu'il ne soit trop tard, le programme nucléaire iranien.
Les dirigeants occidentaux sont
convaincus que l'Iran ripostera à toute attaque en essayant de miner
ou de bloquer la principale voie de navigation à travers laquelle
passe environ 18 millions de barils de pétrole par jour, soit 35 pour
cent du pétrole mondial.
Un blocage sur le détroit
d'Ormuz aurait un effet catastrophique sur les économies occidentales
fragiles, qui toutes dépendent fortement des approvisionnements
pétroliers et gaziers des pays du Golfe.
Le détroit d'Ormuz est l'une des
voies navigables internationales les plus encombrées du monde.
A son point le plus large, il est de
seulement 21 miles.
En préparation de toute action
préventive d'Israël, qui entraînerait d'inévitables
représailles par l'Iran, les navires de guerre de plus de 25 pays,
dont les États-Unis, la Grande-Bretagne, la France, l'Arabie saoudite
et les Émirats arabes unis, vont entamer à partir de lundi un
"exercice" de 12 jours.
Notre porte-avions, le Charles de
Gaulle, serait actuellement en cours de déploiement au large de la
Syrie, du Liban et d'Israël.
Une situation
géostratégique "idéale"
La situation dans la région est
"idéale" pour Israël. L'Egypte est affaiblie par le
départ de Moubarak et la transition complexe actuellement en cours
dans ce le pays, le Liban n'est plus une menace directe sans le soutien
massif de la Syrie, actuellement en pleine guerre civile. L'Irak est
totalement disloqué, la présence militaire occidentale encore
massive en Afghanistan. Bref, l'Iran est particulièrement
vulnérable et toutes ses lignes de défense ont
été réduites à néant.
Voilà la réalité
de la situation géostratégique actuelle. De telles conditions
pourraient ne pas se reproduire avant très, très longtemps.
Le ton monte de tous les
côtés…
…Alors que le premier Ministre
Benjamin Netanyahou a indiqué dimanche que l'Iran avait
dépassé la ligne rouge et qu'il serait en capacité de
détenir l'arme nucléaire d'ici 6 à 7 mois.
De son côté, le pouvoir
iranien a vertement répondu en déclarant que : « L'Iran
est prêt à détruire Israël en cas d'attaque
israélienne contre ses sites nucléaires, mais également
à s'en prendre aux bases américaines dans la région
», selon Mohammad Ali Jafari, le commandant
en chef des Gardiens de la révolution, dans une nouvelle mise en garde
aujourd'hui.
En cas d'attaque contre l'Iran, «
il ne restera rien d'Israël compte tenu de sa petite taille et de nos
capacités balistiques », a-t-il déclaré.
Voilà qui est un message limpide
de part et d'autres.
Pendant ce temps, on apprend toujours
dimanche que la compagnie aérienne israélienne El Al
arrête de desservir le Caire, pour la première fois depuis la
signature de l'accord de paix entre Israël et l'Egypte en 1979.
La raison officielle invoquée :
des coûts d'exploitations trop élevés dus à des
contraintes de sécurité... A d'autres.
La Guerre n'a jamais été
aussi proche
Jusqu'à présent, nous
avons été habitués à la paix. Les guerres,
c'étaient essentiellement chez les autres.
D'après les derniers
renseignements, l'Iran dispose de 19 missiles BM25 d'une portée
d'environ 3 000 kilomètres... De quoi toucher toutes les nations
importantes européennes.
Les événements actuels
dans le monde arabe donnent un prétexte tout trouvé pour
rappeler le personnel diplomatique, ce qui est actuellement en cours pour de
nombreux pays.
Si les rumeurs de frappes contre l'Iran
ont souvent été un serpent de mer ressurgissant
régulièrement, il semble que cette fois, la situation soit
réellement préoccupante.
Rien ne dit que Barack Obama, malgré
ses dénégations officielles, n'ait pas intérêt
finalement à cette intervention préventive, puisque la «
tradition » américaine veut que l'on ne change pas de
président lorsqu'une guerre commence mais que toute la nation fasse
bloc.
Cette guerre, initiée par
Israël, permettrait aux états occidentaux de ne pas en porter la
responsabilité mais aurait pour conséquence de les
entraîner « malgré » eux dans le conflit pour
préserver la libre circulation dans le détroit d'Ormuz, que
l'Iran ne manquera pas de fermer.
Les conséquences
économiques
Les capacités militaires
iraniennes sont, pour le grand public, assez peu connues. Aidé par la
Chine, la Russie et le Pakistan (puissance nucléaire), l'Iran a fait
des progrès considérables ces dix dernières années,
profitant de la disparition de l'Irak voisin.
Rien ne permet d'assurer à ce
jour que la Russie et la Chine resteront neutres dans ce conflit. Dès
lors, tout devient imaginable.
Dans le meilleur des cas, une
très forte hausse des prix du pétrole est à attendre,
certainement dès le début de la semaine qui s'annonce. Les
effets récessifs d'une telle hausse amèneront les
marchés boursiers à corriger sévèrement. Les prix
de l'or devraient s'envoler avec les bruits de bottes.
Un article du Monde de la semaine
dernière évoquait d'ailleurs la possibilité
qu'Israël utilise une bombe atomique lâchée en haute
altitude au dessus de l'Iran pour créer une
EMP (onde électromagnétique) afin de mettre hors service tout
appareil électronique, d'une simple télévision à
l'ordinateur le plus perfectionné...
Je vous laisse imaginer les effets
psychologiques mondiaux de l'utilisation d'une arme nucléaire pour la
première fois depuis la fin de la seconde guerre mondiale.
Dès lors, nos hommes politiques
pourront nous expliquer doctement que les problèmes économiques
sont liés... à la guerre.
Les prochains jours seront
déterminants. Accrochez vos ceintures et surveillez les cours du
pétrole et de l'or, ils donneront une indication précieuse sur
l'imminence d'une éventuelle attaque. A moins qu'encore une fois comme
depuis plusieurs années, il s'agisse de gesticulations
destinées à faire pression sur l'Iran.
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