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Des cercles vicieux qu’ils ne savent pas briser

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Published : March 29th, 2012
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Il n’aura pas fallu attendre longtemps pour que s’étale sur la place publique une évidence : le plan gouvernemental de recapitalisation des banques espagnoles est totalement sous-estimé. Un montant global de 52 milliards d’euros a été affiché, mais les estimations sérieuses aboutissent selon le quotidien El Pais au double, à la condition improbable que la situation économique ne se détériore pas davantage. Volet complémentaire : ni dans un cas, ni a fortiori dans l’autre, les banques ne sont en mesure de recueillir sur le marché de telles sommes.


Joaquín Almunia, le commissaire à la concurrence, a mangé le morceau. Il a estimé en « off » devant un parterre de journalistes à Madrid – mais Reuters a levé le mystère sur l’identité de la source anonyme – que le gouvernement aurait avantage à faire appel au MES (mécanisme européen de stabilité) en cours de constitution pour recapitaliser les banques sans plus tergiverser. Car il n’a pas non plus les moyens d’y procéder.


D’autant qu’il apparaît, selon l’économiste Luis Garicano, que l’impact budgétaire d’une réduction du déficit de 8,5 % à 5,3 % du PIB, l’objectif de cette fin d’année, serait situé entre 53 et 64 milliards d’euros. Un montant totalement inatteignable qui devrait être obtenu par une combinaison de coupes budgétaires et de nouveaux revenus fiscaux. Selon ses calculs, la récession augmenterait de 0,6 à 0,8 % par dizaine de milliards de coupes dans le budget public, alimentant une spirale descendante. Si un sauvetage de l’Espagne devait intervenir, il aurait donc un objectif plus large que celui des banques, afin de briser ce cercle vicieux.


Autre élément mettant en évidence la grande fragilité de la situation espagnole, les banques – dont on connait la totale dépendance aux liquidités de la BCE – ont accru leur détention d’obligations de la dette espagnole de 29 % en décembre et en janvier (derniers chiffres connus). Il en résulte une interdépendance accrue des finances des banques et de l’État, suggérant l’image de l’union de l’aveugle et du paralytique.


Depuis 2007, la structure de l’endettement des banques européennes a considérablement évolué. Selon une étude de Citigroup, elle est passée d’une proportion de 80 % d’obligations émises par les banques à seulement 10 %, la différence étant compensée par les prêts de la BCE et des obligations structurées, qui sont adossées à des actifs les garantissant. Les prêts à trois ans (LTRO) de la BCE ont accentué ce phénomène néfaste qui relègue les investisseurs privés derrière des investisseurs publics et subordonne leur remboursement à d’autres qui sont prioritaires en cas de pépin, leur donnant moins de chances de récupérer leur mise. Accentuant au final leur désaffection pour ce marché hier sans soucis, qui crée un second cercle vicieux moins apparent que le précédent mais encore plus pernicieux.


Les banques espagnoles concentrent tous les inconvénients et dangers de cette situation, justifiant leur sauvetage en priorité. Au-delà de leur cas, il se confirme que le socle financier sur lequel le système bancaire repose est très fragilisé, ce qui est bien pire que la détention d’actifs toxiques que l’on peut toujours avoir l’espoir d’évacuer avec le temps. Présenté comme transitoire, le rôle de la BCE pourrait être un provisoire destiné à durer longtemps, bouleversant le fonctionnement du système capitaliste financier.


La crise espagnole est révélatrice de celle du système.


Billet rédigé par François Leclerc


 

 

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Paul Jorion, sociologue et anthropologue, a travaillé durant les dix dernières années dans le milieu bancaire américain en tant que spécialiste de la formation des prix. Il a publié récemment L’implosion. La finance contre l’économie (Fayard : 2008 )et Vers la crise du capitalisme américain ? (La Découverte : 2007).
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