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Wallace, Idaho – « Excusez-moi
Monsieur, puis-je vous emprunter du feu ? »
Nous
étions en train de griller une American Spirits sur le trottoir
réservé aux taxis, à l’extérieur de
l’aéroport international de Montréal Pierre Trudeau
(connu localement sous le nom de Mirabel, bien qu’il existe en
réalité deux aérodromes distincts). C’est
là que l’on peut s’en allumer une après un long vol
vers les abords splendides de cette cité du vieux pays ; et pourquoi
ne serions-nous pas sur le trottoir de cet aéroport, si nous pouvions
trouver une excuse pour être à Montréal pour une
journée ou une semaine ? Le campus de l’université
de McGill attend, tout comme un Vieux-Montréal judicieusement
restauré et, pendant les quelques jours où nous étions
là-bas, par un heureux hasard, le festival annuel international de
Jazz. Ils doivent avoir des hivers bien tristes, à Montréal,
car ils sortent tout en été.
Mais bien
sûr, avons-nous répondu, nous retournant pour tendre notre petit
Bic, ce sur quoi nous sommes tombé nez
à nez avec le gentleman qui demandait du feu : un pilote
d’Air Canada en uniforme complet à quatre galons, une du Maurier
à la main, en attente d’être allumée. Etant
nous-même un pilote de petite envergure, nous bondissons
d’attention face à un type avec plus de grades, plus de temps de
vol, plus d’heures de tout, que nos pauvres carnets de vol, ne
concernant principalement que les atterrissages de Cessna
172s, ne puissent faire état. « Bien sûr,
voilà Monsieur”.
Nous tirons
profondément sur nos cigarettes respectives, tous deux reconnaissants
de pouvoir avaler un bol d’air frais, avec juste un zeste de nicotine
pour se remettre le système nerveux en place, après trois
heures passées dans un tube à air pressurisé. Nous nous
racontons un peu nos vols passés, comme le feraient naturellement deux
pilotes, puis notre taxi apparaît, mettant fin à notre
conversation, et nous voilà parti pour les hautes falaises de McGill,
abandonnant notre pilote à quatre galons d’Air Canada à
son trottoir et à son prochain vol.
En montant
dans le taxi, nous n’avons pu nous empêcher de demander :
« Vous voulez dire qu’ils confisquent aussi les briquets des
pilotes de ligne ? »
Oui. Il vole
au-dessus de la dangereuse frontière américano-canadienne tous
les jours. Et pas de briquet : ce sont les règles
américaines. Le plus drôle, c’est que la raison pour
laquelle nous avions un briquet était que nous avions pris
l’avion entre la dangereuse frontière entre le Québec et
Toronto une heure plus tôt, avec un briquet Bic rouge dans la poche de
notre chemise, et personne ne s’en est soucié. Et pourtant, il y
avait là ce pilote d’Air Canada, à la recherche
d’un briquet alors qu’il attendait son prochain billet.
On lui confie
un appareil de 37 mètres de long, 11 mètres de haut, 4
mètres de large pour la cabine, 73 tonnes, avec dans ses
réservoirs 23850 litres de carburant injectés à
l’envie dans ses réacteurs de 10 tonnes de poussée
chacun, ce tube pouvant asseoir 200 vies humaines ainsi que quelques jolies
hôtesses. On lui confie la mission de lancer cette masse à 10
kilomètres au-dessus du sol et à travers d’épais
nuages sur une distance de 4800 kilomètres, puis de le re-poser à terre, avec toute la charge humaine
mentionnée ci-dessus, sur une bande de goudron d’un peu plus
d’un kilomètres, qu’il ne pourra voir avant de se trouver
75 mètres au-dessus, à une vitesse de plus de 250 km/h, puis de
s’arrêter et remorquer la bête jusqu’à un
endroit où vous n’avez même pas besoin de vous mouiller
les pieds pour débarquer, et dire alors
« Désolé, nous avons cinq minutes de
retard ». Et de refaire tout ça, le même jour, vers
une autre destination. Et pourtant, à ce type, qui sait faire tout
ça, toute la journée, semaine après semaine, on lui dit :
on ne peut pas vous confier un briquet Bic à 1,29 dollar ! Au
lieu de cela, vous devrez taper du feu à un passager. Et d’ailleurs, enlevez vos chaussures.
C’est
l’esprit du Nouveau Terrorisme. Maintenant, nous sommes tous des
criminels. Et que penser du fait que notre pilote d’Air Canada doivent quitter son cockpit et naviguer à travers
la Sécurité des Transports même pour trouver un endroit
où s’allumer une cigarette ? Pourquoi
l’aéroport ne lui a-t-il pas fourni un endroit où il peut
se mêler à d’autres pilotes fumeurs ? Car
après avoir fini sa cigarette, il lui faudra re-naviguer
à travers les fonctionnaires de la Sécurité, qui lui
redemanderont d’enlever ses chaussures, de mettre son ordinateur
portable dans le scanner, de se débarrasser de toute sa monnaie,
d’enlever son chapeau et ses chaussures, et de prouver une fois de plus
son innocence, le traitant comme un terroriste.
Ah, oui, cet
article devait parler d’argent métal. Le message est simple. La
raison nous a abandonnés, tout comme ce panneau d’affiche
bestial au-dessus de nos têtes a abandonné toute raison :
NE LAISSEZ PAS VOS BAGAGES SANS SURVEILLANCE OU NOUS LES SAISIRONS, LES
JETTERONS A LA BENNE ET VOUS EN PRISON. Est-ce que ces gens ne se font pas
confiance à eux-mêmes ? Les bagages dont ils parlent sont
ceux que vous avez déjà passés au contrôle et
qu’ils ont déjà estimé être sans danger.
Quelle importance, où terminent ces bagages désinfectés,
si c’est dans leur propre circuit ? Est-ce qu’un faux
« terroriste » va se faufiler entre les mailles du
contrôle et glisser d’indésirables bombes dans votre
ordinateur portable ? Donc, deux heures d’escale dans un
aéroport, et vous avez besoin de fumer. Les fonctionnaires de la
sécurité vous ont déjà désinfecté.
Mais maintenant, les Nazis de la Santé insistent pour que vous
retourniez dehors, que vous retraversiez ce labyrinthe avec vos bagages, car
vous ne pouvez pas fumer à l’intérieur, ce sur quoi vous
tapez du feu à quelque personne non-désinfectée le sur
trottoir. Puis, une bonne heure avant votre vol, vous re-traînez
vos bagages à travers la même boîte de Skinner.
Et cette
boîte de Skinner est vraiment un truc de dingues, car c’est une
boîte de Skinner dans une autre boîte de Skinner. Revenez aux
Etats-Unis d’un pays berceau du terrorisme, tel que la Suisse ou la
Finlande. Lorsque vous arrivez à l’aéroport de
correspondance, il vous faut descendre de l’avion, aller chercher vos
bagages, les soulever du carrousel, puis les traîner à travers
une autre boîte de Skinner pendant quelques centaines de mètres,
votre nerf sciatique vous faisant mal, et les mettre sur un autre
carrousel.
Voyez ce que
les terroristes ont réussi. Ils nous ont transformés en
bagagistes, nous ont fait enlever nos chaussures et transporter des
allumettes au lieu de briquets. Et malgré cela, après avoir
passé tous les points de contrôle, l’on nous dit que
l’on ne nous fait toujours pas confiance.
Voici une
petite histoire. Durant notre adolescence déformatrice, nous ne
pouvions pas imaginer plus agréable façon de passer notre
samedi qu’à l’aéroport international de Spokane
(Geiger Field, GEG, pour ceux qui ont une bonne mémoire), desservi
à l’époque par United Airlines, Northwest Orient Airlines
et West Coast Airlines. United Airlines utilisait
les vénérables DC-6B, Northwest, les DC-7, les nouveaux
Lockheed Electra, et à l’occasion, un
Boeing 707-320B, et West Coast, les DC-3 et
l’étrange F-27. On embarquait dans ces avions à partir du
sol, les passerelles télescopiques n’avaient pas encore
été inventées. Il y avait un patio splendide à
GEG, d’où l’on pouvait observer les allées et
venues de ces appareils. Et vous pouviez, si vous ne vous mettiez pas dans le
chemin de l’agent responsable de la porte d’embarquement,
franchir la porte après que les passagers soient descendus de
l’avion et vous promener autour de l’appareil. Donner des coups
de pied dans les pneus, renifler le sang du monstre. Et avec de la chance, si
l’ingénieur de vol ou le co-pilote faisaient leur inspection,
entrer en contact avec l’un d’eux. Ce sur quoi vous lui disiez
que vous veniez juste de piloter en solo un Cessna
150, et que vous vouliez devenir pilote de ligne quand vous seriez grand.
Et la
réponse tombait : « Voudriez-vous voir le
cockpit ? ». « Ben tiens, bien sur ! »,
répondions-nous. Quelques instants plus tard, nous voilà assis
aux commandes d’un DC-6B d’United Airlines, et l’on nous
propose le strapontin pour le vol aller-retour de Pendleton à
Portland. Proposition que bien sûr, nous acceptions. (Note pour
maman : je ne t’ai jamais dit pourquoi ces après-midi
prenaient autant de temps). Et, à l’insu des quelque soixante
passagers derrière nous (en vol stabilisé, avec le pilote
automatique en route, bien sûr), un adolescent pilotait l’avion,
sa main droite sur la manette des gaz, contrôlant quatre moteurs en
étoile Pratt & Whitney R-2800, et sa main gauche sur le manche.
Dans des circonstances telles, personne ne songeait à crasher un
avion.
Puis un idiot,
en Floride, réquisitionna un Boeing 727 et le détourna sur
Cuba. Avec un pistolet. Personne ne fut blessé, et le détour ne
fut qu’un simple désagrément, mais la réaction fut
rapide et véhémente. Détecteurs de métaux, et
rien que des passagers à la porte d’embarquement. Et Lyndon
Baines Johnson, ce voleur d’argent métal, déclara les
armes à feu illégales. Les conséquences
immédiates furent que les étudiants-pilotes adolescents
n’eurent plus le droit de s’approcher des appareils qu’ils
aspiraient à piloter, les passerelles télescopiques virent le
jour, il fallut des pièces d’identité pour embarquer
à bord d’un avion ou même acheter un billet, et il fut
fait en sorte que nous nous sentions tous en sécurité.
Les
détournements d’avion continuèrent et empirèrent,
de même que les conditions de vols des passagers. Ils furent
criminalisés. Le système ne pouvait pas être plus
sûr, ni plus triste. Les proches ne purent plus vous accueillir
à la porte de débarquement. Puis quelques arabes
énervés armés d’une poignée de couteaux
retournèrent le Système une fois de plus. Un cas classique dans
lequel on ferme l’écurie après que les chevaux se soient
enfuis.
Et maintenant,
on ne peut plus laisser ses bagages désinfectés sans
surveillance, même pour faire pipi ou s’acheter quelque chose
à manger. Et ils ne font pas confiance à un pilote
d’A-320 avec un briquet. Et si les Nazis de la Santé parviennent
à leurs fins, le pilote connaîtra en permanence les affres du
manque de nicotine. Et pour quel résultat ? Si quelques
couteaux suffisent à mettre en échec les mesures
déjà draconiennes qui empêchent les pilotes en herbe de
s’approcher de l’aire de stationnement, à quoi bon enlever
ses chaussures ?
C’est
grâce à notre acceptation aveugle de ces nouveaux
désagréments et de ces travestissements de la logique que nos
arguments en faveur de l’argent métal se renforcent. Imaginez un
système bancaire géré avec la même idiotie que
notre nouvelle Administration de la Sécurité des Transports.
Imaginez la Fed.
Se fondant sur
la même ignorance et crédulité publique que l’AST,
la Fed intimide, contraint, et « corrige » les
déficiences avec le bon sens dans lequel Mr Tout-le-Monde se complait.
Ce qui est en réalité de la dette, on nous dit que c’est
de l’argent ?
Lisez cette
phrase en haut du billet vert. Il est inscrit :
« billet ». Un « billet » est un
titre de gage, ce que la banque a pour garantir votre hypothèque ou le
prêt sur votre voiture hybride. Ce qu’on appelle un « Peacekeeper » (soldat de la paix) est
en réalité un missile à tête nucléaire
capable d’anéantir toute une ville ; ce qu’on appelle
« dette nationale » est en réalité une
dette personnelle contre vous. On appelle « inflation »
les impôts, et les impôts, de l’inflation ; et la FED
profite des deux.
De peur que
vous ne pensiez que tout ce que j’ai écrit ci-dessus n’est
qu’une série de jérémiades du quelqu’un qui
prend beaucoup l’avion, détrompez vous.
L’abêtissement de l’Amérique n’a jamais
été aussi généralisé. « Mission
Accomplie » signifie « La Mission a
échoué». Le dollar US et le dollar canadien sont presque
au pair, mais combien de jours en prison Paris Hilton a-t-elle
effectué ? Nous accordons davantage de droits aux travailleurs
étrangers qu’à un pilote de ligne d’Air Canada.
Hier, un ami
à Francfort m’a informé que l’on ne trouvait
d’argent métal nulle part en Allemagne, malgré une forte
demande. Là-bas, la pièce populaire, la Luna australienne de 1
kilo, a du retard dans les commandes. La vérité est qu’il
n’y a d’argent nulle part. Des cryptonazis
dirigent notre Département d’Etat, même Colin Powell le
dit. Le bon sens, comme l’argent, est en quantité très
limitée.
David Bond
Editeur : The Silver
Valley Mining Journal
Silverminers.com
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