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Des lois économiques à réalité optionnelle

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Published : July 15th, 2014
1478 words - Reading time : 3 - 5 minutes
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Category : Editorials


Les tonnes de sornettes économiques déversées ces jours-ci sur le public américain sont à rendre vert de jalousie le défunt Dr Joseph Goebbels (Ministre nazi de l’information et de la propagande). C’est un phénomène pour le moins saisissant, puisqu’il n’a rien à voir avec une conspiration, mais n’est que l’expression consensuelle d’un public qui désire plus que tout à croire en des choses qui ne sont pas vraies, et d’une gouvernance économique peuplée d’hommes tout aussi crédules et avides de fournir au public les discours nécessaires à la préservation de leurs emplois. Par « gouvernance économique », j’entends l’ensemble des directeurs d’entreprise, les officiels du gouvernement, les économistes académiques et les médias – liste à laquelle font partie certains bloggeurs et conseillers financiers. Ces derniers ne font peut-être que préserver leurs propres intérêts, puisqu’ils gèrent l’argent d’autres personnes et ont besoin que ces dernières aient confiance en la stabilité des marchés, qu’elle existe ou non. Certains sont peut-être motivés par la crainte qu’une érosion minime du système puisse faire s’effondrer en un rien de temps le système actuel tenu ensemble par une confiance aveugle en les devises fiduciaires et des instruments innovants douteux. Mais une grande partie de ces gens ne font que se bercer d’illusions. Très récemment, John Mauldin estimait que « nous serons bientôt indépendant en matière énergétique, et des exportateurs nets d’énergie sous trois à quatre ans ». On entend parler de cette idée illusoire partout sur internet depuis au moins 2011, de la bouche de commentateurs qui n’ont soit aucune idée du déclin spectaculaire de la production de pétrole et de gaz de schiste ou des flux de capitaux redirigés vers une orgie de forages qui vise à détourner le regard des observateurs des incongruités du modèle énergétique du gaz de schiste (duquel le mot « profit » semble absent).

Une semaine après l’estimation de Mauldin, l’Agence américaine pour l’information énergétique publiait une révision à la baisse de son estimation du pétrole disponible à l’extraction dans la formation de schiste de Monterey/Santos, qui est passée de 15,4 milliards de barils à environ 600.000 (une baisse de 96%, pour un total qui ne représente que 30 jours de consommation américaine). Ces 15,4 milliards de barils représentaient environ 64% des réserves de pétrole de schiste américaines estimées par l’Agence. Nous pourrions nous attendre à voir naître des chocs de parts et d’autres du système de financement énergétique.

Pour ce qui est du gaz, sachez que les trois formations de schiste les plus importantes, que sont Barnett, Haynesville et Fayetteville, sont en déclin ou stagnants, ce qui ne nous laisse que Marcellus et Eagle Ford. Pourquoi penseriez-vous que le déclin de production enregistré par les trois premières formations ne viendra pas frapper ces deux dernières ? La formation de schiste de Monterey allait créer 2,8 millions d’emplois et gonfler les recettes fiscales de la Californie de 25 milliards de dollars. Voici ce qu’en a dit Jim Hansen, éditeur du Master Resource Report :

« La leçon la plus importante à tirer de tout cela est que les distinctions entre les ressources, les réserves, les réserves susceptibles d’être extraites et ainsi de suite ne sont pas comprises par les médias de masse, du public et du gouvernement. Les 15,4 milliards de barils et les 2,8 millions d’emplois dont on parle ici sont ce sur quoi sont basés les agendas. La réalité est bien plus nuancée et complexe, et elle est parfois même très différente ».

Il existe cependant encore un certain nombre d’adeptes du miracle de schiste. George Friedman, du site internet géopolitique Stratfors.com, s’est entretenu avec David McAlvaney au sujet d’éventuelles exportations de gaz vers l’Europe et l’Asie, que Friedman caractérise comme étant :

« …une révolution aussi dramatique que l’introduction de la puce électronique par la Silicon Valley. Les Etats-Unis sont aujourd’hui un producteur majeur d’énergie. Le seul problème concerne la logistique. Comment transporter l’énergie d’un point à un autre. »

C’est pire encore qu’une vision simpliste de la situation. L’industrie du gaz de schiste n’a plus été profitable aux prix américains depuis que sa production a été intensifiée en 2007. Il s’élève actuellement à 4,60 dollars par MMBTU, ce qui est bien inférieur au niveau viable, bien qu’il soit atteint un misérable prix de 2 dollars il y a deux ans. L’idée des experts est donc que les Etats-Unis devraient construire une nouvelle infrastructure de terminaux de pipelines pour liquéfier le gaz, et monter une flotte pour le transporter vers l’Europe et l’Asie, où la demande a explosé, et où son prix s’élève à 15 dollars par MMBTU. Si les Etats-Unis avaient la capacité d’exporter tout ce gaz, qu’arriverait-il aux consommateurs américains qui se retrouveraient en compétition avec cinq milliards d’Européens et d’Asiatiques ? Devraient-ils se contenter de geler dans le noir ? Mr Friedman n’a apparemment pas observé l’hémorragie d’emplois et de revenus qui frappe la classe moyenne américaine. Je me demande s’il s’imagine qu’ils pourront continuer de chauffer leur maison à 15 dollars par MMBTU.

L’incompréhension volontaire de la situation énergétique n’est que l’un des nombreux exemples de l’échec de la pensée chez les Américains qui ne prétendent même plus de réfléchir. Cela ne peut pas qu’être dû à une déficience cérébrale (bien que les effets des additifs alimentaires et des autres produits chimiques sur les récentes générations soient encore un mystère). Il semblerait que nous n’aimions simplement pas la réalité et pensons pouvoir l’éteindre, comme toute autre chaine de télévision. C’est certainement vrai pour le public de l’investissement, qui en général continue de lire et de faire l’expérience d’une activité cérébrale similaire à la réflexion jusqu’à ce qu’il se tourne vers Fox, Bloomberg et CNBC pour la bonne raison que sa bonne fortune sur les marchés manipulés le rend immunisé contre toute forme de danger. L’Etat et la banque centrale ont déclaré un taux d’intérêt zéro et un QE illimités, et les portefeuilles résonnent du cliquetis des dividendes et des gains de capital. Why worry ? Be happy !

C’est un fait tragique de l’Histoire que les sociétés semblent parfois perdre toute notion de la réalité. Elles prennent des décisions terribles, et de terribles conséquences en découlent. Nul besoin d’une conspiration, un consensus est suffisant – un simple accord entre ceux qui sont au pouvoir et leurs sujets quant aux priorités de la société et ses investissements. La preuve en est le comportement des gouvernements nationaux et du public suite à la crise de 2008. Le système a été lourdement peiné par les débris des prêts irrécouvrables, dont une grande partie a pris la forme d’obligations frauduleuses. Les plus grosses banques de la nation ont été impliquées dans l’apparition de ces fraudes et se sont retrouvées avec beaucoup de leur propre papier toxique entre les mains quand la danse s’est arrêtée. Un nettoyage de ces débris aurait permis une restauration de l’intégrité du système bancaire. La poursuite des criminels financiers aurait découragé le racket et la fraude.

Mais le gouvernement des Etats-Unis n’a autorisé ni restructuration ni poursuites. Les banques (à l’exception de Lehman Brothers) n’ont pas seulement été sauvées, elles ont été fourrées de papier et connectées à un racket de carry-trade de la Réserve fédérale (les taux d’intérêt zéro), été autorisées à commettre des fraudes illimitées et à poursuivre leurs anciennes formes de racket d’autres manières. Et bien évidemment, aucun directeur n’a été poursuivi pour ces crimes qui ont selon l’Agence générale comptable des Etats-Unis coûté à l’économie américaine plus de 22 trillions de dollars.

Le public a accepté la situation, au point que très peu d’hommes politiques ont été démis de leurs fonctions, et qu’aucune résistance n’a été ressentie, à l’exception de deux mouvements qui se sont rapidement prouvés inefficaces : Occupy Wall Street et le Tea Party. (David Brat, qui a détrôné Eric Cantor lors des élections primaires en Virginie, a tenté en vain d’obtenir le soutien du Tea Party). Le président Obama, qui a fait campagne sur l’idée de changement au moment où Wall Street explosait, n’a rien fait pour transformer le système bancaire après-coup, et a été récompensé par une réélection en 2012. La conclusion à en tirer est que les Etats-Unis ne voulaient rien restructurer du tout de leur vie nationale – et ne le veulent toujours pas. Ils veulent rester coincés où ils sont, à une heure périlleuse de l’Histoire, et adhèrent à une liste d’idées fallacieuses pour supporter leur esprit d’inaction.

Voici une liste des autres illusions qui semblent régner aujourd’hui :

  • Nous sommes entrés dans une véritable « renaissance de la manufacture »
  • Le couloir central des Etats-Unis, qui s’étend du Texas au Minessota, deviendra bientôt une puissance industrielle dynamique
  • Une révolution des hautes études viendra bientôt produire une génération de super-génies
  • Les marchés financiers américains domineront le monde indéfiniment
  • Les avancées technologiques donneront lieu à une nouvelle ère de confort, de loisirs et de sécurité
  • L’esprit d’entreprise des Etats-Unis est inégalé


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James Howard Kunstler est un journaliste qui a travaillé pour de nombreux journaux, dont Rolling Stones Magazine. Dans son dernier livre, The Long Emergency, il décrit les changements auxquels la société américaine devra faire face au cours du 21° siècle. Il envisage un futur prochain fait de crises sociales à répétition, la fin de la Surburbia et du modèle économique associé, une guerre mondiale pour les ressources en énergie. Il prédit la déconstruction des empires européens et américains et pense que, lorsque les convulsions seront terminées, le monde fonctionnera de manière décentralisée et local.
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Joseph Goebbels, national-socialiste comme d'autres sont socialo-fascistes aujourd'hui ... "Tout dans l'État, rien contre l'État, rien hors de l'État" Benito Mussolini
Si on en croit la liste des illusions qui ont encore cours aux USA, ce n'est qu'un remake du passé. Ce pays est alors foutu. Et entraînera avec lui ceux qui y sont accrochés.
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zelectron - 7/15/2014 at 2:17 PM GMT
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