Le mouvement de révolte
né sur Twitter qui a mis fin la semaine dernière au rassemblement des
partisans de Donald Trump dans le pavillon Chicago de l’Université de l’Illinois
n’était que la première étincelle de ce qui pourrait vite devenir une guerre
civile entre une Gauche politique qui a perdu la tête et une Droite qui a
perdu son esprit et son âme. Les tensions entre les deux camps sont si
tendues et malhonnêtes que les simples tentatives des uns à se confronter aux
problèmes des autres les met en danger de se voir qualifier de criminels
moraux.
La Gauche a perdu la
tête dans une orgie de nouveau fanatisme religieux et de justice sociale,
avec ses victimes sacrées (les Noirs et la communauté LGBT), ses dogmes
sacrés (« diversité » et « inclusion »), ses accusations
de blasphème (rebaptisées « micro-agressions ») contre les
hérétiques (les « racistes » et les « homophobes ») qui s’opposent
à l’absolutisme de la police de la pensée. Jonathan Haidt, psychologue social
et professeur d’éthique à l’université de New York, nous l’a joliment décrit
dans un récent
podcast avec l'auteur Sam Harris (regardez la vidéo à partir d’une heure
30 minutes).
La nouvelle religion de
gauche est née sur les campus, où les carriéristes de la science sociale ont
établi une doctrine élaborée pour justifier de l’importance de leur département
pour les questions raciale, de l’identité sexuelle et du privilège social – département
dont l’objectif premier est de créer de nouvelles catégories de victimes
sacrées qui souffrent de tourmentes spirituelles (« traumatismes »)
susceptibles de ne jamais se résorber. Ces « études »
crypto-religieuses ont fait se multiplier les démons qui ont dû être
exorcisés par un nombre égal de défenseurs de la diversité et de conseils
chargés de condamner toute forme de blasphème – qu’il s’agisse d’un argument
contre l’action affirmative (« racisme ») ou le port d’un sombrero
à une soirée Tequila (« appropriation culturelle » et « racisme »),
comme nous avons récemment pu le voir au Bowdoin College.
L’hystérie déclenchée
par les groupes académiques de défense de la diversité s’est rapidement
propagée au sein de la sphère politique démocratique, où les votes des
minorités avaient besoin d’être recueillis pour couvrir le recul du nombre de
partisans traditionnels tels que les syndicats du travail, et pour couvrir la
soumission totale du parti à Wall Street et à l’industrie de la guerre.
Les guerriers de la
religion de la justice sociale ont gagné en popularité suite aux décès et à
la canonisation de leurs nouveaux méga-Saints, Trayvon Martin, Michael Brown,
Tamir Rice et autres jeunes Noirs tués dans des circonstances ambiguës et,
dans quelques cas, en raison de leur comportement et de leur propre manque de
jugement (je m’arrête un instant ici pour laisser à ceux qui le souhaitent le
temps de hurler au racisme). L’incident Michael Brown à Ferguson et les
émeutes qui ont éclaté ensuite ont donné naissance au mouvement Black Lives
Matter, à ses branches séculière (la « rue ») et universitaires, et
aux bassesses de candidats présidentiels à la recherche de voix (Hillary).
Un blasphème pire encore
– que je citerai maintenant – est peut-être l’idée que la nouvelle religion
de justice sociale existe dans l’objectif de déguiser la déception générale
face à l’échec du mouvement des droits civils à sortir de la pauvreté, de l’illettrisme
et du crime une portion substantielle de la population noire des Etats-Unis.
A dire vrai, les politiques officielles de l’ère des droits civils n’ont fait
qu’aggraver le problème, notamment avec les échecs bien connus du système d’aides
sociales qui étouffe toute forme d’effort économique. Les gens bien
intentionnés de la Gauche – une espèce en voie de disparition – se retrouvent
embarrassés, à chasser leurs démons, alors que les Noirs des Etats-Unis continuent
de préférer une culture d’opposition, antagoniste et assoiffée de vengeance.
Entre en scène M. Trump,
le pire personnage possible à jamais être venu s’outrager face à cette vaste
matrice de malhonnêteté, et sa cohorte de partisans Blancs peu instruits.
Pourquoi ? Parce que les plus instruits des deux partis sont tous trop
effrayés ou trop corrompus – ou trop occupés à se faire de l’argent sur le
dos du racket de la guerre, de la médecine, de Wall Street et des universités
– pour se confronter aux mensonges de notre époque. Donald Trump le fait, de
la manière la plus grossière qui soit.
Ce que les politiciens
et les médias ne comprennent pas, c’est ce qui se passera lorsque la crise
politique du moment se trouvera amplifiée par le déraillement du train économique
et financier qui se produira avant les élections de l’automne prochain. Les
Etats-Unis ont déjà perdu la tête avec les contradictions internes de leurs
propres croyances. La prochaine étape sera une guerre contre eux-mêmes.