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Désastre naturel : Reconstruire localement

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Published : April 11th, 2014
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Les pertes humaines et les dégâts causés par les séismes ou les raz-de-marée comme celui au Japon sont souvent d’une ampleur considérable. Paradoxalement, c’est souvent après les pires désastres que la résilience d’une économie est le plus nettement démontrée. En effet, l’histoire témoigne d’épisodes de reconstruction extraordinaires. Plus de 300 personnes périrent dans le grand feu de Chicago en 1871 où un quart de la ville fut détruit. La reconstruction ne prit que quelques années. De même, après le séisme de San Francisco en 1906 dans lequel dix fois plus de gens moururent et où les trois cinquième de la ville furent effacés de la carte, la reconstruction s’effectua en moins d’une décennie. De Londres en 1666 à Kobe en 1995, la liste des villes reconstruites est longue. Cependant, le succès n’est pas toujours garanti car la reconstruction physique n’est qu’une partie du problème. Plus de 1800 personnes ont perdu la vie à la Nouvelle Orléans à cause de l’ouragan Katrina en 2005. Plusieurs centaines de milliers de personnes furent déplacées et 30 % de la population n’est jamais retournée. Des quartiers entiers sont encore à reconstruire, alors que d’autres, très affectés par l’ouragan, sont entièrement réhabilités.


Deux problèmes se posent après un désastre naturel d’une grande ampleur. Premièrement, la tentation de partir pour ne pas revenir est évidente pour les survivants. Retourner, en revanche, est une décision complexe car elle dépend, entre autre, de ce que font les autres. Des études américaines ont montré que les clés de la repopulation se trouvent dans la capacité de certains membres de la société civile à créer des « points de convergence » qui permettent aux réfugiés de coordonner leurs décisions de retourner. La paroisse du Père Nguyen dans le quartier Est de la Nouvelle Orléans a joué ce rôle après Katrina. Par son action, le prêtre à aider au retour de plus de 3.000 personnes, y compris des entreprises.


Deuxièmement, avec le retour de la population se pose la question de savoir comment la reconstruction s’effectuera. C’est ici que l’activité entrepreneuriale locale fait souvent la différence. Ceux qui sont « du coin » connaissent le terrain et possèdent une information cruciale au redéveloppement. Même s’il a un rôle à jouer (par exemple : rétablir le cadastre et mettre en œuvre des sondages géotechniques), le gouvernement est souvent trop éloigné de la situation pour prendre les meilleures décisions. Comme l’expliquait la géographe Jane Jacobs, la pire chose qu’il puisse arriver à une ville après un cataclysme naturel est de recevoir des « subventions cataclysmiques ». Les programmes de réhabilitation ambitieux de milliards de dollars comme à la Nouvelle Orléans, où plusieurs plans urbains ont été élaborés depuis 2005, n’ont pas été très efficaces. En réalité, ces plans sont souvent inadaptés aux besoins locaux, et n’ont d’existence que pour faire du clientélisme électoral.


Lorsqu’une grande partie d’une agglomération a été détruite, le danger est grand de réduire à néant ce qui reste du « capital social » qui fait l’essence d’une ville. Ce n’est donc que par le respect d’une certaine historicité et par la connaissance locale des habitants qu’une ville peut renaitre. C’est un processus complexe mais qu’il faut à tout prix respecter en donnant du temps aux acteurs locaux. Kobe fut reconstruite très rapidement et représente un modèle de ville moderne. Cependant plusieurs quartiers, comme Nagata-ku, ont perdu leur âme. Des immeubles excentrés ont remplacé les maisons traditionnelles, ce qui a détruit le sens du voisinage. La mortalité des personnes âgées solitaires à Kobe a tellement augmenté que les japonais l’appellent « kodoku-shi » (la mort de solitude). Plus de quinze ans après, Kobe, bien que reconstruite, n’a pas vraiment retrouvé son identité passée.


Dans l’urgence qui suit un désastre, le risque de prendre des décisions rapides qui s’avéreront être mauvaises est omniprésent. Les collectivités locales et les assurances doivent, en amont, mettre en place une gestion du risque majeur. Cependant, l’important pour l’État est de ne pas céder à la tentation du plan urbain grandiose, mais de permettre aux entrepreneurs de jouer leur rôle. C’est ainsi que Chicago et San Francisco ont pu retrouver leur âme. Espérons que cela puisse inspirer les villes touchées par des désastres qui pourraient renaitre de la même façon.

 

 

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Est-ce qu'une ville peut retrouver son âme n'est pas sûr du tout et pourtant c'est essentiel.
En attendant, chez nous, entre l'action des politiques et les entraves des administrations, je préfèrerais aller ailleurs plutôt que de passer des années sous la tente.
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Est-ce qu'une ville peut retrouver son âme n'est pas sûr du tout et pourtant c'est essentiel. En attendant, chez nous, entre l'action des politiques et les entraves des administrations, je préfèrerais aller ailleurs plutôt que de passer des années sous l  Read more
merisier - 4/11/2014 at 12:23 PM GMT
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