In the same category

Désirs de rupture

IMG Auteur
 
Published : May 23rd, 2011
788 words - Reading time : 1 - 3 minutes
( 2 votes, 3/5 )
Print article
  Article Comments Comment this article Rating All Articles  
0
Send
0
comment
Our Newsletter...
Category : Editorials

 

 

 

 

Que l’on se souvienne des pays de l’Est, suite à l’effondrement de l’URSS et de son glacis, ou bien de ceux dont l’entrée dans l’Union européenne et la zone euro a été vécue comme l’occasion du rattrapage d’un niveau de vie particulièrement bas, il y a beaucoup à dire…


Peut-il en effet être reproché aux Tchèques, aux Polonais et aux Hongrois, aux Grecs, aux Irlandais et aux Portugais – ces paresseux notoires – et à tous les autres qui étaient dans le même cas, d’avoir voulu pénétrer dans la vitrine que représentait l’autre partie de l’Europe, nantie selon la vision éloignée et prometteuse qu’ils en avaient ? Est-il possible d’oublier si vite la misère et la grisaille qui régnaient dans ces sociétés et le profond désir d’être tout simplement comme les autres ? Ces deux moteurs de l’élargissement de l’Europe - alors acclamé – peuvent-ils être oubliés ?


Si la crise actuelle remet en question ce qui était hier salué comme une avancée victorieuse, une réflexion ne devrait-elle pas s’engager sur les moyens qui ont été déployés pour réussir cette mise à niveau, qui se révèle désormais hors de portée ? La débandade irlandaise est-elle à mettre au débit de ceux qui ont emprunté à leurs banques locales pour s’acheter une maison ou à celui des banques européennes qui ont prêté à tout-va à ces mêmes établissements et s’en sortent comme une fleur ?


Qu’elle est la valeur d’une croissance qui repose sur la construction, aussi vite que poussent les champignons, d’un parc de logements destinés à l’achat à crédit et sur l’amoncellement d’une montagne de dettes nécessaire à son financement, au principal bénéfice de ceux qui l’opèrent ?


Quel est le moteur de cette construction – pour le coup idéologique, une fois écarté le lucre – qui veut que la propriété soit le stade suprême de la félicité et le garant de la sécurité ? L’équivalent moderne de ce qu’a représenté West Berlin en son temps, fiché au cœur de la lugubre Deutsche Demokratische Republik comme la vitrine resplendissante d’un luxe inaccessible et tentant, d’un plan Marshall dont l’une des intentions affichées était de contenir les rouges.


Ou faut-il aussi voir derrière tout cela, non pas uniquement la réalisation d’une stratégie, mais également l’expression d’une logique, qui semble être arrivée au bout de son chemin ? Si bien illustrée par le développement des placements de rentier comme l’assurance-vie, qu’elle pourrait en finir par décevoir l’espérance d’une petite sécurité, à la faveur d’une crise de la dette publique laissée sans solution ?


En étendant son terrain de jeu tout en devenant par la même de plus en plus indispensable, le capitalisme financier assure au passage sa propre protection, puisque sa chute entraînerait celle de ses pauvres. Mais est-ce le stade ultime de son développement que – pour se redonner de l’oxygène, après avoir été sauvé par celui-ci – de soustraire des mains de l’Etat la garantie financière que ce dernier offre, en le prenant à la gorge pour être remboursé ?


Cette assurance était destinée aux petits rentiers (une appellation fausse, car ils vivent rarement de leurs rentes) mais aussi à lui-même : il y a là comme une contradiction ! Car il en sortirait démuni, à la recherche d’un point d’appui financier dans un monde dont il n’a eu de cesse d’accroître et de vanter une liquidité dont les plus conscients s’inquiètent pour avoir tenté d’en mesurer les insondables risques ? Les évacuer avec des instruments financiers sophistiqués ne lui ayant pas réussi.


Enfin, que va cette fois-ci apporter le vent de la liberté qui souffle du Maroc aux Emirats, une fois celle-ci conquise ou au moins élargie ? Quel type de développement économique va être engagé, quelle croissance recherchée, quelle nouvelle société bâtie ? Une même histoire déjà connue à l’Est serait-elle condamnée à reproduire, dans un contexte tout différent, les mêmes effets ? Donnant à nouveau du champ à un système en péril ?


C’est aussi bien du côté de la Puerta del Sol que de la place Wenceslas, à Prague, que l’on pouvait hier tendre l’oreille. C’était avant-hier vers l’avenue Habib Bourguiba de Tunis et la place Tarhir, au Caire. A croire que les lieux historiques ne démentent jamais leur réputation, celle d’être accueillants quand il faut faire écho aux clameurs trop contenues.



Billet rédigé par François Leclerc



Paul Jorion




(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.   

 

 

 

 

<< Previous article
Rate : Average note :3 (2 votes)
>> Next article
Paul Jorion, sociologue et anthropologue, a travaillé durant les dix dernières années dans le milieu bancaire américain en tant que spécialiste de la formation des prix. Il a publié récemment L’implosion. La finance contre l’économie (Fayard : 2008 )et Vers la crise du capitalisme américain ? (La Découverte : 2007).
Comments closed
Latest comment posted for this article
Be the first to comment
Add your comment
Top articles
World PM Newsflow
ALL
GOLD
SILVER
PGM & DIAMONDS
OIL & GAS
OTHER METALS
Take advantage of rising gold stocks
  • Subscribe to our weekly mining market briefing.
  • Receive our research reports on junior mining companies
    with the strongest potential
  • Free service, your email is safe
  • Limited offer, register now !
Go to website.