On le savait depuis deux ans déjà, un certain nombre d’acteurs majeurs sur
les marchés financiers internationaux ont été rattrapés par la justice pour
avoir sciemment manipulé les cours de l’or et de l’argent
pendant une quinzaine d’années. Parmi eux, la Deutsche Bank, encore elle, qui
a finalement préféré payer une amende de 38 millions de dollars
plutôt que de devoir répondre à ces accusations lors d’un procès. Pour
certains, il s’agit tout simplement de l’aveu définitif de sa participation.
30 milliards de dollars de pertes chaque année
Pour rappel, ce qui est en cause ici, c’est une entente malhonnête entre
quelques gros groupes financiers pour maintenir les cours des métaux précieux
artificiellement bas afin d’engranger de confortables bénéfices (jusqu’à 100%
de rendement pour certains). Plus spécifiquement, concernant l’argent métal,
la justice considère que, depuis 1999, ces banques ont empêché les
prix d’augmenter de 30 milliards de dollars… chaque année ! Et les
investisseurs lésés ont donc vu leurs griefs officiellement pris en compte
dans l’acte d’accusation porté à l’encontre d’un consortium de banques au
nombre desquelles on retrouve non seulement la Deutsche Bank, mais aussi HSBC
et Bank of Nova Scotia.
Pour ne parler que de la première d’entre elles, la Deutsche Bank,
déjà malmenée par un certain nombre de litiges, dont la récente amende record
de 14 milliards de dollars (ou seulement 5, on verra) n’est pas la moindre
des conséquences, elle a préféré taper en touche et accepter un
accord qui la dispensera de devoir répondre aux différentes
accusations de « trucage d’offres et enrichissement illégitime,
« manipulation des prix », « complot » et autres
« restrictions illégales sur les transactions ». Pour cela, il
restait juste à fixer le montant de l’amende et c’est désormais chose faite :
38 millions de dollars. Une somme « symbolique »
diront certains, tant il est vrai que les sommes détournées sont
considérablement plus élevées.
Un accord qui fera jurisprudence
En réalité, si Deutsche Bank échappe ainsi aux poursuites, le procès n’en
continuera pas moins pour les autres acteurs de cette vaste escroquerie, et
le cas de la banque allemande va surtout servir de jurisprudence
autant que de curseur pour les prochaines condamnations à venir. Surtout que
cette transaction assène un coup fatal à la défense des établissements mis
sur la sellette, puisqu’elle sonne comme un aveu qui emporte
avec lui la culpabilité désormais plus que fortement présumée d’HSBC et de
Scotiabank (pour ne citer que ceux-là), tout au moins pour la période allant
de janvier 2007 à décembre 2013 au cours de laquelle il a été prouvé que ces
banques (comme la Deutsche Bank) ont sciemment déprécié le
« fix » de l’argent.
Les prochains travaux publics préparatoires dans le cadre de cette
accusation se tiendront le 28 octobre 2016 et, maintenant
que la Deutsche Bank a plus ou moins reconnu sa participation, on s’attend
donc à de nouvelles transactions financières de la part des autres
responsables. Surtout qu’après la décision de la justice américaine
ayant frappé leur consœur allemande le mois dernier, les banques ont bien
compris qu’on ne leur ferait plus de cadeau, après